Weinstein devrait enquêter sur les irrégularités financières de Hazan
Un rapport du contrôleur d'Etat révèle que l'élu du Likud a menti sur les dépenses pour les primaires de son parti
Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël
Le procureur général Yehuda Weinstein devrait charger la police israélienne d’ouvrir une enquête criminelle contre le député Oren Hazan, suite à la publication d’un rapport mercredi du contrôleur d’Etat, Yossef Shapira, dans lequel il accuse l’élu du Likud, nouvellement élu, d’avoir omis de déclarer ses dépenses sur les primaires et d’avoir menti sur un affidavit [Déclaration relative à des valeurs mobilières étrangères].
La présumée infraction pénale de Hazan pourrait lui valoir jusqu’à trois ans de prison.
Dans le rapport sur les dépenses des primaires des partis politiques publié mercredi, Shapira a déclaré qu’il a imposé une amende au ministre de l’Éducation, Naftali Bennett, (HaBayit HaYehudi) de 30 000 shekels, une amende de 12 000 shekels à l’autre membre de son parti, Avi Wortzman, 10 000 shekels d’amende à l’ancien député du Likud, Moshe Feiglin et une amende de 7 500 shekels au député travailliste Erel Margalit pour avoir dépassé le montant autorisé du financement de la campagne.
Hazan, qui a fait la Une des médias pour une série de scandales depuis son entrée à la Knesset plus tôt cette année, a présenté un affidavit au contrôleur d’Etat déclarant qu’il n’avait pas dépensé de l’argent pour sa campagne, autre que les 7 000 shekels pour les frais d’admission de sa candidature, qu’il dit avoir payé de sa propre poche. Le rapport, a cependant évalué qu’il avait en fait dépensé plus de 25 000 shekels pour sa campagne.
« Il a été constaté que le candidat a eu des dépenses liées à la gestion de sa campagne qui n’ont pas été signalées au contrôleur d’Etat », a déclaré le rapport.
« En l’absence des [fonds] signalés, il était impossible d’évaluer les comptes bancaires et l’ensemble des revenus et des dépenses des candidats et leur origine, et la légalité des dons qu’il a reçus qui a financé ses dépenses de campagne ».
![Ke contrôleur d'Etat Yossef Shapira (à droite) remet le rapport du contrôleur d'Etat au président de la Knesset Yuli Edelstein, le 28 octobre 2015 (Crédit : Isaac Harari / Flash90 Ke contrôleur d'Etat Yossef Shapira (à droite) remet le rapport du contrôleur d'Etat au président de la Knesset Yuli Edelstein, le 28 octobre 2015 (Crédit : Isaac Harari / Flash90](https://static.timesofisrael.com/fr/uploads/2015/12/F151028FFIH101-305x172.jpg)
Selon Shapira, Hazan a alors affirmé qu’il n’était pas au courant de l’obligation de rendre compte des dépenses qui ont été couvertes par les donateurs. « Cette affirmation n’a pas été acceptée », a-t-il dit.
Le contrôleur d’Etat a souligné qu’un mensonge sur un affidavit pourrait lui valoir une peine de prison de trois ans et une amende de 5 000 shekels.
« Produire un faux affidavit, comme le candidat l’a fait, relève d’une infraction pénale », a-t-il écrit.
Les limites des dépenses pour les primaires de chaque parti politique sont fixées par le gouvernement sur la base du nombre d’électeurs des partis admissibles.
Le rapport a été soumis au bureau du procureur général afin de déterminer si une action en justice devrait être entreprise. Peu de temps avant que le rapport du contrôleur d’Etat ne soit publié, la commission d’éthique de la Knesset a annoncé qu’il avait suspendu Hazan de son panel pendant un mois en raison d’une surabondance des plaintes à son sujet.
La commission a dit qu’il a pris la décision de suspendre Hazan à la suite de plusieurs plaintes qui ont été émises contre lui à différents sujets.
La plainte déposée suite à une prétendue insulte relative à l’invalidité de la députée Yesh Atid, Karin Elharar, était seulement l’une des raisons pour lesquelles cette décision a été prise, a affirmé le site en hébreu NRG. Elharar utilise un fauteuil roulant.
En ce qui concerne Bennett, le contrôleur d’Etat a déclaré que le dirigeant du parti HaBayit HaYehudi avait dépassé le montant maximum des dons et des dépenses autorisées. Bennett a reçu 1 244 512 de shekels en dons, surtout en provenance de l’étranger, et a dépensé 1 206 949 dollars.
Le contrôleur d’Etat a rejeté la défense de Bennett qui s’est justifié en affirmant qu’il avait besoin de fonds conséquents pour se présenter à la direction du parti, notant qu’il n’y avait pas de véritable concurrent qui s’était présenté contre lui.
Il a ajouté que dans sa publicité pour les primaires, Bennett avait présenté le parti HaBayit HaYehudi dans son ensemble dans sa promotion, un problème, a-t-il dit, qui compromet les règles des primaires.
Shapira a également déclaré que Bennett ne gère pas ses comptes bancaires en conformité avec les instructions du bureau du contrôleur et lui a imposé une amende de 30 000 shekels.
![. Le ministre de l'Éducation, Naftali Bennett, à la Conférence diplomatique du Jerusalem Post, à l'hôtel Waldorf Astoria à Jérusalem, le 18 novembre 2015 (Crédit : Miriam Alster / Flash90)](https://static.timesofisrael.com/fr/uploads/2015/12/F151118MA731-305x172.jpg)
Avi Wortzman – qui devrait reprendre le siège de Yinon Magal, qui a démissionné cette semaine pour des allégations de harcèlement sexuel – a été condamné à payer 12 000 pour avoir dépassé les dépenses maximales de 200 000 shekels et avoir omis de fournir certains documents.
Wortzman a déclaré mercredi qu’il ne reviendrait pas à la Knesset, a signalé le site Israel National News.
« Au cours de ces derniers jours, j’ai profondément réfléchi à la question de reprendre le rôle de député. J’ai décidé de rester avec les résidents d’Aleh Néguev Nahalat Eran, les membres les plus faibles de la société », a déclaré Wortzman. Il est actuellement le secrétaire général d’un village pour la réadaptation des enfants handicapés dans le sud.
« Je vais continuer ma mission de service public partout où je suis. Je remercie mon ami et le chef du parti Naftali Bennett, qui s’est tourné vers moi, a compris ma décision et m’a soutenu à chaque étape du cheminé, a-t-il ajouté.
L’ex-député du Likud, Moshe Feiglin, qui a quitté le parti après avoir terminé 36e sur la liste du Likud dans les dernières primaires, a reçu une amende de 10 000 shekels pour avoir accepté trop de dons et qui n’a pas réussi à gérer ses comptes correctement.
La ministre de l’Egalité des sexes, Gila Gamliel (Likud), Jacky Levy du Likud, et Nissan Smolianski de HaBayit HaYehudi – qui a autrefois dirigé la commission des Finances de la Knesset – ont également été mis à l’amende pour des irrégularités dans leurs dépenses.
La ministre de la Culture, Miri Regev, (Likud) s’en est sortie avec un avertissement et Shapira a accepté les explications de Yuli Edelstein, le président de la Knesset, concernant les incohérences dans son rapport des dépenses.
Les députés travaillistes Erel Margalit et Ayelet Nahmias-Verbin ont été condamnés à une amende de 7 500 et 2 000 shekels, respectivement, pour avoir dépassé la limite des dépenses et dans le cas de Margalit, qui n’a pas également signalé toutes ses dépenses.
Le rapport a noté que lors des primaires du Likud, certains des bureaux de vote régionaux étaient situés près des bureaux de Israel Aircraft Industries (IAI), avec des voitures appartenant à l’IAI utilisées pour transporter les travailleurs pour voter et les employés de l’IAI ont reçu du temps libre pour aller voter aux primaires, en violation de la loi.
Le rapport a indiqué que cela faisait partie d’une campagne visant à renforcer le ministre de la Sécurité sociale, Haim Katz, qui à cette époque était à la tête du syndicat des travailleurs d’Israel Aircraft Industries.
L’utilisation des voitures de la société publique à des fins politiques est illégale lors d’élections législatives – mais pas pour les primaires et Shapira a exhorté les législateurs à étendre la loi aux primaires. L’IAI, quant à lui, a déclaré que les voitures sont souvent prêtées aux travailleurs pour un usage personnel et cela ne doit pas être considéré comme une décision de l’entreprise de soutenir un certain candidat du Likud.
Le rapport de contrôleur de l’Etat a uniquement évalué les partis politiques qui ont des primaires à savoir le Likud, le parti travailliste, HaBayit HaYehudi, et Meretz.
En réponse au rapport, la députée Karin Elharar (Yesh Atid), qui dirige la commission de Contrôle d’État de la Knesset, a exhorté le procureur général à ouvrir une enquête criminelle.
« Ces résultats démontrent la corruption politique qui pourrait être criminelle, » a-t-elle dénoncé. « Ce rapport symbolise plus que tout la désintégration des valeurs de l’honnêteté, de la transparence et de la bonne gouvernance dans les partis qui tiennent des primaires ».
Elharar et Hazan ont fait les Unes la semaine dernière car le le député du Likud avait raillé le handicap de la députée Yesh Atid, ce qui lui avait valu une sévère réprimande du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Hazan, qui est entré en politique avant les élections de mars, a été au centre d’un certain nombre de scandales plus tôt cette année après les révélations d’un reportage télévisé qui l’accusaient d’agression sexuelle, d’avoir eu recours à des prostituées et d’avoir pris de la méthamphétamine en cristaux quand il travaillait dans un casino européen.
Le mois dernier, il a intenté un procès en diffamation contre un journaliste de la Deuxième chaîne pour ce qu’il a appelé être un « tsunami de fausses accusations » contre lui.
Le père du député, Yehiel Hazan, a perdu son siège de député après avoir été surpris en train d’emettre un double vote en pleine session de la Knesset. Il avait ensuite tenté de prendre un ordinateur de vote à partir d’une salle de stockage de la Knesset pour cacher des preuves de l’acte.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.