Yarden Bibas enterre sa famille : « Pardonnez-moi de ne pas avoir pu vous protéger… Shiri, veille sur moi pour que je ne sombre pas »
L'ex-otage a prononcé des mots bouleversants lors des funérailles de son épouse Shiri et de ses jeunes fils Ariel et Kfir, tous assassinés par les terroristes du Hamas en captivité, et qu'il espère « heureux au paradis »
Dans un discours déchirant, Yarden Bibas a rendu hommage à son épouse Shiri, ainsi qu’à ses deux jeunes fils Ariel et Kfir, lors de leurs funérailles, en prenant la parole aux côtés de sa sœur Ofri.
Shiri, Ariel, 4 ans, et le bébé Kfir ont été pris en otage par des terroristes du Hamas dans le kibboutz Nir Oz, le 7 octobre 2023, et ont été assassinés pendant leur captivité à Gaza.
« Mi Amor », a introduit Yarden en s’adressant à Shiri.
« Je me souviens de la première fois que je t’ai dit ‘Mi amor’. C’était au tout début de notre relation. Tu m’as dit de ne t’appeler comme ça que si j’étais certain de t’aimer, de ne pas utiliser ses mots à la légère. Je ne l’ai pas dit à ce moment-là parce que je ne voulais pas que tu penses que je me précipitais de te dire ‘Je t’aime’. Shiri, je te le confesse à présent, je t’aimais déjà au moment de te dire ‘Mi amor’ ».
« Shiri, je t’aime et t’aimerai toujours ! Shiri, tu es tout pour moi ! Tu es la meilleure épouse et mère qui existe. Shiri, tu es ma meilleure amie. »
« Mishmish [son surnom], qui m’aidera à prendre des décisions à présent ? Comment suis-je censé faire des choix sans toi ? »
« Te souviens-tu de la dernière décision que nous avons prise ensemble ? Nous étions dans l’abri, je t’ai demandé si nous devions ‘nous battre ou nous rendre’. Tu m’as dit de me battre, donc je me suis battu. Shiri, pardonne-moi de ne pas avoir pu vous protéger. Si seulement j’avais su ce qui allait se passer.
« Je pense à tout ce que nous avons traversé ensemble — il y a tant de beaux souvenirs. Je me souviens des naissances d’Ariel et de Kfir. Je me souviens des jours où nous nous asseyions à la maison ou dans un café, juste tous les deux, pour discuter pendant des heures sous le soleil. C’était merveilleux. Ces moments me manquent cruellement. Ta présence me manque atrocement. »
« Je veux te raconter tout ce qu’il se passe dans le monde et ici, en Israël. Shiri, tout le monde nous connaît et nous aime — tu n’imagines pas à quel point cette folie est surréaliste. Shiri, les gens me disent qu’ils seront toujours à mes côtés, mais ils ne sont pas toi. Je t’en prie, reste près de moi, ne t’éloigne pas trop loin »
« Shiri, je n’ai jamais été aussi proche de toi depuis le 7 octobre, et je ne peux ni t’embrasser ni te serrer dans mes bras, et ça me brise ! »
« Shiri, s’il-te-plaît veille sur moi… Protège-moi des mauvaises décisions. Protège-moi des choses nuisibles et protège-moi de moi-même. Veille sur moi pour que je ne sombre pas dans les ténèbres. Mishmish, je t’aime ! »
Yarden s’est ensuite adressé à son fils aîné Ariel :
« Chuki, Ariel, tu as fait de moi un père. Tu as fait de nous une famille. Tu m’as appris ce qui compte vraiment dans la vie et tu m’as donné des responsabilités. Le jour de ta naissance, j’ai pris immédiatement en maturité grâce à toi. Tu m’as tant appris sur moi-même, et je t’en remercie. Merci, mon amour. »
« Ariel, j’espère que tu n’es pas en colère contre moi d’avoir échoué à te protéger et ne pas être là pour toi. J’espère que tu sais que j’ai pensé à toi chaque jour, chaque minute. »
« J’espère que tu te plais au paradis. Je suis sûr que tu fais rire tous les anges avec tes plaisanteries et tes imitations. J’espère que tu as beaucoup de papillons à observer, comme tu aimais le faire pendant nos pique-niques. »
« Chuki, fais attention quand tu descends de ton nuage à ne pas marcher sur Toni… Apprends à Kfir à faire tes imitations et fais rire tout le monde là-haut. Ariel, je t’aime ‘le plus au monde, toujours au monde’, comme tu avais l’habitude de nous dire. »
Enfin, Yarden a adressé ses derniers mots à son bébé Kfir :
« Kfoofik, Kfir, je ne croyais pas que notre famille pouvait être plus parfaite, et puis tu es arrivé et tu l’as rendue encore plus parfaite… »
« Je me souviens de ta naissance. Je me souviens que pendant l’accouchement, la sage-femme a soudainement tout arrêté — nous étions effrayés et pensions que quelque chose n’allait pas — mais c’était juste pour nous dire que nous avions une nouvelle tête rousse. Maman et moi avons ri et nous nous sommes réjouis. »
« Tu as apporté plus de lumière et de joie à notre petite maison. Tu es arrivé avec ton beau sourire et ton rire captivant, et je suis immédiatement tombé sous le charme ! C’était impossible de ne pas vouloir te croquer à chaque instant. »
« Kfir, pardonne-moi de ne pas avoir pu mieux te protéger, mais je veux que tu saches que je t’aime fort et que tu me manques terriblement ! Te grignoter et entendre tes rires me manquent. Nos jeux du matin me manquent, quand maman me demandait de te surveiller avant de partir au travail. Je chérissais tellement ces petits moments, et ils me manquent maintenant plus que jamais ! »
« Kfir, je t’aime plus que tout au monde, toujours au monde ! J’ai tant d’autres choses à vous dire à tous les trois, mais je les garde pour quand nous serons seuls. »