Yom HaShoah marqué par de douloureux parallèles avec les otages toujours à Gaza
Alors qu'Israël commémore les 80 ans de la libération d'Auschwitz, des survivants et des familles d'otages soulignent les troublantes similitudes avec le 7 octobre et le sort des captifs

Alors qu’Israël commémore ce jeudi Yom HaShoah – le Jour du souvenir de la Shoah -, des survivants et des familles d’otages ont établi des parallèles effrayants entre deux des périodes les plus sombres de l’Histoire des Juifs.
Les otages enlevés le 7 octobre 2023 sont détenus dans des conditions inhumaines, souffrant de malnutrition, de blessures non soignées et de mauvais traitements. Bien que les historiens hésitent souvent à établir des parallèles entre la Shoah et d’autres atrocités, nombreux sont ceux qui ont souligné ces similitudes afin d’attirer l’attention sur le sort des otages et l’ampleur des atrocités commises dans le sud d’Israël, notamment après la libération, en février, d’otages décharnés.
Forts de ce lien, plusieurs anciens otages devraient participer à des cérémonies commémoratives à Auschwitz ou dans d’autres anciens sites nazis à l’occasion de Yom HaShoah, qui a commencé mercredi soir.
S’adressant mercredi matin au micro de la chaîne publique Kan, Kobi Ohel, dont le fils Alon Ohel fait partie des 59 otages toujours détenus à Gaza, a comparé la situation de son fils à celle qu’avait vécue son grand-père pendant la Shoah.
« Quand j’étais enfant, j’entendais mon grand-père, un survivant de la Shoah, se réveiller en hurlant la nuit à cause de ses souvenirs. Mon Dieu, nous avons appris qu’Alon fait des cauchemars la nuit », a déclaré Kobi.
« C’est une connexion incroyable », a-t-il ajouté.

« L’arrière-petit-fils de mon grand-père est aujourd’hui retenu en otage à Gaza, sans aucun contrôle sur sa vie. »
Kobi a appelé le gouvernement à accepter un accord prévoyant la libération de tous les otages restants, dont vingt-quatre seraient encore en vie.
Depuis la rupture de l’accord de cessez-le-feu de deux mois entre Israël et le Hamas en mars, les pourparlers visant à obtenir la libération des otages sont dans l’impasse. Israël exige que le groupe terroriste palestinien libère onze otages vivants en échange d’une prolongation du cessez-le-feu, tandis que le Hamas propose de n’en libérer que cinq.
Fin mars, Kobi et son épouse, Idit, ont demandé une rencontre de toute urgence avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, lui expliquant que leur fils souffrait de blessures mettant sa vie en danger et qu’il était sur le point de perdre la vue.

Selon les témoignages des ex-otages Eli Sharabi et Or Levy, qui ont été détenus aux côtés d’Alon pendant toute la durée de leur captivité, le jeune homme de 24 ans souffre de blessures dues à des éclats d’obus à l’œil, à l’épaule et au bras, ce qui a gravement détérioré son état de santé.
En plus de ses blessures, Alon est également décrit comme étant enchaîné et privé de nourriture depuis le début de sa captivité.
Sharabi et Levy ont été relâchés par le groupe terroriste palestinien du Hamas en février, en même temps qu’Ohad Ben Ami, dans le cadre de l’accord ayant permis la libération de 33 otages.
Ces trois hommes sont rentrés chez eux dans un état de grande faiblesse après avoir passé 491 jours en captivité dans les geôles du Hamas, au point que des responsables du gouvernement ont comparé leur état à celui des rescapés des camps nazis.

D’après les premières évaluations médicales effectuées quelques heures après leur libération, le ministère de la Santé a indiqué que ces hommes souffraient de « malnutrition sévère » et avaient perdu beaucoup de poids.
Le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 a été l’attaque la plus meurtrière contre les Juifs depuis la Shoah. Des universitaires et des responsables politiques ont souvent comparé ce groupe terroriste soutenu par l’Iran aux nazis et qualifié ces attaques de « génocide ».
En Pologne, la Marche des Vivants de cette année, qui aura lieu ce jeudi et marquera le 80ᵉ anniversaire de la libération d’Auschwitz, comptera parmi la délégation israélienne plusieurs anciens otages et proches des victimes du 7 octobre, dont certains ont également établi des parallèles entre la Shoah et les massacres perpétrés par le Hamas.
Parmi les participants sera présent Michael Kupershtein, survivant de la Shoah et grand-père de l’otage Bar Kupershtein, toujours détenu par le Hamas.

« J’entends ce que disent ceux qui sont revenus à propos des otages, et c’est comme une deuxième Shoah », a souligné Kupershtein.
« Bar n’a que 23 ans, il est au début de sa vie, avec tant de projets devant lui. J’ai 84 ans, et je me bats aujourd’hui pour que tous mes petits-enfants et arrière-petits-enfants aient une vie meilleure. Je veux que tous les otages rentrent chez eux afin que nous puissions retrouver notre vie », a-t-il ajouté.
Vered et Reuven Yablonka, les parents de Hanan Yablonka, 41 ans, assassiné le 7 octobre alors qu’il tentait de fuir le Festival Nova, se joindront également à la délégation israélienne.
« Yom HaShoah a toujours été un jour douloureux pour nous », a expliqué Vered au Jerusalem Post.
« Je suis une survivante de deuxième génération. »
Après avoir été tué par des terroristes du Hamas, le corps de Hanan a été emporté à Gaza et retenu pendant huit mois avant d’être récupéré par l’armée israélienne en mai 2024.
« Yom HaShoah est encore plus difficile aujourd’hui. Notre famille a été persécutée parce que juive, et notre fils bien-aimé a été assassiné pour la même raison. »
« J’ai gagné deux fois : une fois contre les nazis et une fois contre le Hamas », a déclaré Tzili Wenkert, membre de la délégation et grand-mère de l’ex-otage Omer Wenkert.

« Je vais participer à la Marche des Vivants pour témoigner que le peuple juif survit malgré toutes les tentatives visant à nous détruire. »
Irene Shashar, une autre survivante de la Shoah participant à l’événement, s’est exprimée mardi au micro de la radio de l’armée : « Je sais exactement ce que vivent les otages, j’étais moi-même dans les tunnels et mourrais de faim. »
« Mon rêve est que, lorsque je participerai à la Marche des Vivants, les otages auront retrouvé leurs familles », a-t-elle déclaré.
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