Yvan Attal inquiet face à l’antisémitisme mais se « méfie de l’ADN » de l’extrême droite
“On a l'impression que tous ceux qui demandent un cessez-le-feu aujourd'hui, demandent par politesse le retour des otages," déplore le comédien
À l’occasion de la soirée contre l’antisémitisme en Europe, organisée par la revue de Bernard-Henri Lévy, “la Règle du jeu” au théâtre Antoine de Paris, Yvan Attal s’est confié à l’hebdomadaire Le Point dans une interview publiée ce 3 juin.
Un entretien où l’acteur s’est exprimé sur l’explosion de la haine contre les juifs depuis l’attentat barbare du Hamas le 7 octobre et la réponse israélienne dans la bande de Gaza : “En 2024, la situation a complètement explosé. À la moindre faiblesse d’Israël, l’antisémitisme se déchaîne.”
Le comédien né à Tel-Aviv en a profité pour dénoncer le manque de soutien du monde de la culture après le 7 octobre : “On a l’impression que tous ceux qui demandent un cessez-le-feu aujourd’hui, demandent par ‘ politesse’ le retour des otages. Mais on aurait bien aimé les entendre réclamer avec autant de force ce retour des otages dès le 7 octobre.”
Homme de gauche, Yvan Attal avoue être perplexe face à la défense de la communauté juive et d’Israël par l’extrême droite. S’il déclare être contre l’exclusion de responsables politiques des manifestations contre l’antisémitisme, il les engage à être à la hauteur de leur geste, mais reste vigilant : “C’est le monde à l’envers. Entendre l’extrême droite défendre la communauté juive et Israël, ça me paraît délirant. Les repères ont complètement explosé. Et je m’en méfie.”
Le réalisateur dénonce aussi l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien par une partie de la classe politique à des fins électorales. Il regrette que la discussion soit rendue impossible sur cette question : “Cela fait bien longtemps que sur ce terrain-là, il n’y a plus de débat. On a vu les étudiants de Sciences Po Paris le refuser. On a vu Rima Hassan le refuser. Ils ont bien raison : ils n’ont aucun argument qui tient la route. Comment justifier son antisémitisme ? Il y a un moment, ne pas vouloir débattre, c’est la preuve d’une faiblesse totale, d’une faiblesse intellectuelle, d’un manque de connaissance et d’une peur de son adversaire.”
Face à l’explosion de l’antisémitisme en France, plus de 300 % sur le premier semestre 2024, le philosophe BHL a décidé d’organiser un rassemblement de personnalités médiatiques pour dénoncer “la déferlante de haine” à l’approche des élections européennes.
En plus d’Yvan Attal, la présidente de l’Assemblée nationale Yäel Braun-Pivet, la maire de Paris Anne Hidalgo, le président du Sénat Gérard Larcher l’ex-Premier ministre français Manuel Valls, le chanteur Patrick Bruel, la comédienne Sandrine Kiberlain, le grand rabbin de France Haïm Korsia ou encore le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi, seront par exemple présents à cette soirée.