1 000 manifestants au Camp 80, où des soldates ont reçu l’ordre d’arrêter de chanter
Un groupe de nouvelles recrues, travaillant en cuisine, a reçu l'ordre d'arrêter la musique contenant des voix de femmes, en raison des objections des soldats pratiquants
Un millier de personnes ont manifesté pour les droits des femmes dimanche devant une grande base militaire où, la semaine dernière, un groupe de soldates s’est vu ordonner d’arrêter de chanter parce que cela dérangeait les militaires pratiquants.
Une foule, dont la plupart étaient des femmes, s’est rassemblée à l’extérieur du Camp Dotan – ou Camp 80 – la formation de base non combattante de l’armée, à Pardes Hanna-Karkur, dans la région centrale du pays.
Les manifestants ont chanté et dansé tout en arborant des banderoles roses sur lesquelles était écrit « Vous ne nous réduirez pas au silence ».
À un moment donné, les manifestants ont bloqué la route devant l’entrée principale, mais la police les a dispersés.
Cette manifestation fait suite à une récente série d’incidents au cours desquels des femmes auraient été victimes de discrimination dans les espaces publics pour satisfaire les exigences d’hommes religieux.
La chanteuse israélienne Miri Aloni, qui a fait partie d’un orchestre de l’armée pendant son service militaire, figurait parmi les personnes qui se sont jointes à la manifestation du Camp 80.
La semaine dernière, un groupe de femmes soldats de la base a reçu l’ordre d’arrêter de chanter en faisant la cuisine à cause de certains soldats pratiquants qui se trouvaient dans la salle à manger.
Les soldats masculins, qui étaient des étudiants en yeshiva, ont demandé à ce que la musique soit éteinte parce qu’elle contenait des voix de femmes, ont rapporté les médias israéliens. Une commandante s’est entretenue avec les soldates dans la cuisine et leur a ordonné d’éteindre la musique ou de n’écouter que des voix masculines. La musique est restée éteinte pendant 20 minutes, selon le média Walla.
מירי אלוני ומפגינות ״קול באשה זכותה״ מול מחנה 80. pic.twitter.com/1IQXcGQA0r
— Fania Oz-Salzberger ????????????⚖️ פניה עוז-זלצברגר (@faniaoz) August 27, 2023
Certains hommes juifs orthodoxes considèrent que les voix des femmes sont erva, c’est-à-dire impudique. Tsahal dispose de plusieurs programmes destinés aux hommes ultra-orthodoxes, dont certains combinent leur service militaire avec des études dans des établissements religieux appelés yeshiva.
L’armée israélienne a déclaré la semaine dernière qu’elle enquêtait sur ce cas, qui s’inscrit dans une série d’incidents qui ont fait la Une des journaux nationaux ces dernières semaines et au cours desquels des femmes et des jeunes filles ont été invitées à s’asseoir à l’arrière d’un bus, ont dû se couvrir ou se sont vu refuser l’embarquement en raison des sensibilités des passagers masculins religieux.
« Tsahal honore et respecte tous ceux qui servent, indépendamment de la religion, de la race, du genre ou de l’orientation sexuelle, tout en maintenant un espace respectueux pour tous les soldats et en sauvegardant leurs droits », a déclaré l’armée, ajoutant que si nécessaire, « les procédures seront affinées en conséquence ».
L’accent mis sur la discrimination religieuse à l’égard des femmes intervient à un moment où les tensions sociétales entre la droite et la gauche et entre les groupes religieux et laïcs sont exacerbées par les efforts déployés par le gouvernement pour limiter certains pouvoirs du pouvoir judiciaire.