Israël en guerre - Jour 494

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"Le plus grand atout d'Israël est le talent"

2025 sera-t-elle l’année du « baby-boom » des startups ?

Les gestionnaires de fonds et dirigeants de la Tech craignent la pénurie de talents locaux et de créations, mais anticipent un essor des entreprises israéliennes cotées en bourse aux États-Unis

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Entrepreneurs, investisseurs et avocats israéliens lors de la conférence technologique annuelle Up & Coming de PwC Israël et du cabinet d'avocats Goldfarb Gross Seligman à Tel Aviv, le 4 septembre 2024. (Sharon Wrobel/Le Times of Israel)
Entrepreneurs, investisseurs et avocats israéliens lors de la conférence technologique annuelle Up & Coming de PwC Israël et du cabinet d'avocats Goldfarb Gross Seligman à Tel Aviv, le 4 septembre 2024. (Sharon Wrobel/Le Times of Israel)

En 2024, les principaux indices boursiers Israéliens, baromètres des performances économiques d’un pays, ont progressé de près de 30 %.

Le secteur des affaires, emmené par le secteur technologique, a pris de l’ampleur tout en s’adaptant, au moment même où une grande partie de ses employés effectuaient un service de réserve au sein de l’armée israélienne, parfois pour de longues périodes.

Les levées de fonds des startups israéliennes ont atteint près de 10 milliards de dollars et les opérations de fusion/acquisition devraient atteindre de nouveaux records, en dépit de la suspension de la desserte de certaines compagnies aériennes étrangères, qui a perturbé les opérations commerciales et les relations avec les investisseurs étrangers.

Pris isolément, ces chiffres témoignent de cette fameuse résilience dont on parle beaucoup à propos de l’écosystème technologique israélien, alors même que le pays mène une guerre sur plusieurs fronts.

Alors, où est le problème ?

Un examen plus approfondi des chiffres montre qu’une grande partie des fonds a été levée par des entreprises technologiques bien établies au niveau mondial et relativement peu identifiées comme israéliennes : elles sont de facto moins exposées que les startups plus jeunes et plus petites, qui elles, ont un besoin urgent – et parfois vital – de fonds. En outre, la cybersécurité, qui fait figure d’exception, a attiré la plupart des investissements malgré la guerre.

Avi Hasson, PDG de Startup Nation Central, explique au Times of Israel que les impressionnants montants correspondant aux fonds levés ou aux mouvements de fusion/acquisition ne font pas oublier les tendances de fond et problèmes inquiétants qui n’ont fait que s’intensifier pendant la guerre.

Il s’agit notamment de la baisse constante du nombre de nouvelles startups, de la pénurie d’ingénieurs, rappelés au titre de la réserve militaire et de la stagnation de l’emploi dans le secteur technologique, sans parler du départ à l’étranger de créateurs d’entreprises.

« L’activité du secteur des fusions/acquisitions reflète la mutation d’Israël, qui passe d’une nation de startups à un pays en pleine expansion, car nous avons des entreprises désormais plus mûres », explique Hasson. « Le revers de la médaille, c’est qu’il y a moins de contrats et moins de créations d’entreprises, ce qui pose problème car cela a un impact sur les années à venir. »

La création de nouvelles startups en Israël continue de diminuer, ce qui remet en question l’image du pays – celui d’un phare de l’innovation technologique et d’un lieu propice au développement de grandes entreprises.

Ces dix dernières années, le nombre de nouvelles startups a baissé d’environ 45 %, passant de 1 432 par an à 788 en 2023, avec une trajectoire plus basse encore attendue pour 2024, selon une étude récente de l’institut RISE Israel, anciennement connu sous le nom de Startup Nation Policy Institute.

Les startups, cœur de l’écosystème technologique israélien, sont l’élément essentiel des futures fusions/acquisitions, des rentrées fiscales et de la création d’emplois. Les employés de la technologie représentent plus d’un tiers des recettes fiscales, ce qui en dit long sur l’importance de ce secteur pour la reprise d’une économie éprouvée par 15 mois de guerre contre le groupe terroriste du Hamas.

Les nouvelles technologies contribuent à hauteur de 20 % – soit 340 milliards de shekels – au PIB israélien : le chiffre était de 6,2 % en 1995. Il représente également plus de 50 % des exportations.

Avi Hasson, le PDG de Startup Nation Central (Miri-Davidovitz/SNC)

La guerre a éclaté lorsque des terroristes dirigés par le Hamas ont assassiné 1 200 personnes dans le sud d’Israël et pris 251 personnes en otages lors du pogrom du 7 octobre 2023.

Compte tenu des négociations menées pour parvenir à un accord de cessez le feu et de libération des otages avec le groupe terroriste, les gestionnaires de fonds et acteurs du marché interrogés par le Times of Israel disent que 2025 sera une année pleine d’optimisme mais aussi de prudence.

Hasson est convaincu qu’en 2025, avec l’apaisement des combats, le secteur des nouvelles technologies connaîtra un véritable « boom des startups ».

« Nous allons assister à un essor des startups comparable aux baby-booms d’après-guerre », explique Hasson. « Il y a une intention forte dans la création de nouvelles entreprises, une constante après des conflits majeurs. »

« Certaines de ces startups seront directement liées à des technologies ou à des besoins qui ont émergé pendant la guerre, que ce soit la prise en charge des traumatismes, la santé mentale, la rééducation ou encore la défense », poursuit-il.

Selon les chiffres de Startup Nation Central, le paysage technologique israélien est désormais composé de 300 start-ups, alimentées par la demande croissante locale et mondiale en technologies liées à la défense.

« Pour nombre de multinationales, la guerre est presque terminée et on parle beaucoup des victoires militaires israéliennes, ce qui profite aux technologies de défense, à la cybersécurité et à la sécurité dans son ensemble, » explique Ben Topor, fondateur et associé directeur du fonds de capital-risque Titan Capital Partners.

« On a le sentiment que la guerre est en train de se terminer, ce qui va ramener – c’est du moins ce que l’on peut souhaiter – les compagnies aériennes étrangères et, par voie de conséquence, une considérable reprise des investissements en Israël. »

Topor a levé une centaine de millions de dollars pour le fonds phare de Titan, fondé en 2021, et a investi dans des entreprises telles que WSC Sports, eToro, Guesty ou encore Verbit.

La présidente d’lron Ventures, Lisya Bahar Manoah. (Omer HaCohen/Autorisation)

Pour Lisya Bahar Manoah, présidente d’Elron Ventures, l’année 2024 a été riche en fusions-acquisitions et en résilience, mais elle s’est fait l’écho des préoccupations de Hasson concernant la pénurie de main-d’œuvre et d’ingénieurs qualifiés.

« Il y a une pénurie de main-d’œuvre, d’ingénieurs et de nouvelles startups, qui n’a pas commencé à cause de la guerre – mais l’absence d’employés en raison du devoir de réserve n’a pas aidé », explique Manoah. « Les développements rapides de l’IA obligent Israël à travailler plus dur pour adapter la main-d’œuvre aux nouvelles startups de haute technologie. »

« Nous pouvons faire plus d’externalisation, mais si nous voulons soutenir notre écosystème, nous devons nous assurer que nous avons les talents de l’intérieur », a-t-elle ajouté.

Manoah a souligné la nécessité d’adapter les non-ingénieurs au secteur technologique pour des postes dans les domaines de la vente, du marketing ou de la gestion de produits en créant des programmes de perfectionnement dans les établissements de formation.

La mobilisation permanente des réservistes, dont beaucoup sont employés dans des entreprises technologiques locales, et l’incertitude persistante quant à la durée et à l’ampleur de la guerre contre le groupe terroriste Hamas à Gaza ont posé problème, en particulier aux jeunes entreprises, tant pour obtenir les fonds nécessaires à leur survie qu’à leur fonctionnement quotidien.

« Toutes les entreprises n’ont pas été en mesure de livrer à temps », a déclaré Manoah.

« Des retards se sont produits, y compris des cycles de collecte de fonds retardés, en particulier pour les startups en phase de démarrage, qui ont été plus touchées que les entreprises en phase de croissance parce qu’elles avaient besoin de prouver le produit, elles avaient besoin de prouver l’adéquation au marché, et elles avaient également besoin de personnes pour le faire. »

Ben Topor, fondateur et associé gérant de Titan Capital Partners. (Autorisation)

« À l’avenir, nous devons nous assurer que d’autres secteurs [que la cybersécurité] reçoivent des investissements et que l’innovation se poursuive dans d’autres secteurs tels que les sciences de la vie, les technologies médicales, les technologies agricoles et alimentaires », a déclaré Manoah.

Fondée en 1962, la société Elron gère 255 millions de dollars d’actifs et détient un portefeuille de 25 entreprises, dont la startup de drones autonomes Wonder Robotics et Tamnoon, une startup spécialisée dans la sécurité du cloud.

Manoah, Topor et Hasson sont tous d’accord pour dire que le flux de fusions-acquisitions devrait continuer à augmenter cette année, car les entrepreneurs israéliens pourraient décider de vendre plutôt que de continuer à opérer dans un environnement difficile, et parce que la demande pour les technologies de cyberdéfense se maintient.

« La cybersécurité est un secteur dans lequel Israël est un gorille et c’est un secteur qui survit au cycle technologique », a déclaré Hasson. « Par exemple, la révolution de l’IA ne supprime pas le besoin de cybersécurité, elle ne fait qu’augmenter la menace de cybersécurité et le besoin de solutions. »

Reprise des introductions en bourse de la technologie israélienne

Manoah considère que le marché des introductions en bourse des entreprises technologiques israéliennes, dont la plupart sont cotées aux États-Unis, devrait connaître une reprise cette année et qu’il s’agit là d’une autre raison d’être optimiste pour l’année 2025. Le marché mondial des introductions en bourse n’a pas vraiment permis de lever des capitaux en raison des taux d’intérêt élevés, du ralentissement économique mondial et de la forte baisse de la valeur des actions dans le secteur technologique.

« Historiquement, tous les trois ans, il y a une ouverture dans le marché des introductions en bourse, et la fin de l’année 2024 marque la fin de la troisième mauvaise année », a déclaré Manoah. « Lorsqu’il y a un signal d’ouverture du marché des introductions en bourse, cela stimule également l’optimisme pour les investissements privés dans les startups en phase de démarrage. »

Au moins cinq entreprises israéliennes devraient entrer en bourse et coter leurs actions sur les places boursières mondiales cette année, selon une enquête récente menée auprès de dizaines d’investisseurs en capital-risque et de banquiers d’affaires par Poalim Tech et la société de recherche Meidata.

Cependant, Hasson s’inquiète de « l’incertitude qui règne toujours en Israël en ce qui concerne les politiques économiques et les tentatives de relance de la réforme judiciaire controversée », qui a entraîné en 2023 une fuite des fonds et des fondateurs de startups.

« Le plus grand atout d’Israël est le talent », a déclaré Hasson. » Nous devons veiller à ce que cela n’ait pas d’impact sur la compétitivité du secteur parce que les gens choisissent de créer leur entreprise ailleurs ou de se délocaliser ».

Hasson a souligné la nécessité pour le gouvernement de jouer un rôle plus proactif pour s’assurer qu’Israël suit le rythme des avancées mondiales dans les technologies de l’IA en investissant dans des infrastructures et des laboratoires dans des domaines tels que l’informatique quantique et d’autres secteurs, et en fournissant des incitations, des subventions de R&D aux investisseurs, aux entreprises multinationales et aux entrepreneurs.

« Israël est sous-investi dans les secteurs représentant les défis mondiaux de l’avenir, tels que la santé, l’alimentation, par rapport à nos secteurs traditionnels, les logiciels d’entreprise, les technologies financières et la cybersécurité », a déclaré Hasson. « Il y a une raison pour laquelle ces secteurs sont sous-investis : ils sont à forte intensité de capital, à haut risque et sont influencés par la réglementation gouvernementale. »

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