300 médecins de l’armée annoncent la suspension de leur service de réserve
Des réservistes du Corps Médical militaire rejoignent le mouvement des membres de Frères d'armes, qui se sont rassemblés devant la Kirya à Tel Aviv pour protester contre la refonte
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Quelque 300 réservistes du Corps Médical de Tsahal ont annoncé mercredi qu’ils suspendaient leur service de réserve volontaire pour protester contre la réforme du système judiciaire du gouvernement.
Lors d’une conférence de presse organisée devant la base militaire de Tel HaShomer à Ramat Gan, des représentants des médecins, du personnel paramédical et d’autres membres du personnel médical ont présenté des lettres qu’ils remettront plus tard au chef du Corps Médical de Tsahal, le général de brigade Elon Glassberg, dans lesquelles ils déclarent qu’ils ne se présenteront plus au service de la réserve volontaire.
אנשי רפואה מוסרים מכתבי אי התייצבות לקצין רפואה ראשית בבסיס תל השומר. מסרבים לשרת דיקטטורה! pic.twitter.com/X0GsEdZO2i
— Idan Dorfman עידן דורפמן (@IdanDorfman) July 19, 2023
« Cette année, je conclue 30 ans de service en tant que combattant et médecin de combat, mais je ne servirai jamais un régime anti-démocratique. Ce n’est pas ainsi que je voulais terminer mon service militaire, mais le gouvernement m’a imposé cette terrible décision », a déclaré le Dr. Or Goren, directeur de la salle d’opération de l’hôpital Ichilov, cité par le quotidien Haaretz, lors de la conférence de presse.
Au cours des dernières semaines, des centaines de réservistes du Corps Médical de Tsahal ont envoyé des lettres dans lesquelles ils menaçaient de ne pas se présenter au service de réserve volontaire pour protester contre la refonte judiciaire.
Les lettres des réservistes du Corps Médical suspendant officiellement leur service interviennent après que plus de 160 réservistes de l’armée de l’air israélienne ont fait de même la nuit précédente.
La générale de brigade (res.) Shelly Gutman, ancienne commandante de la base aérienne de Hatzerim, et le général de brigade (res.) Amnon Ein Dar, ancien chef de la division aérienne de l’armée de l’air israélienne, ont rejoint les 161 autres réservistes.
« Je ne continuerai pas à me porter volontaire sous un régime qui modifie unilatéralement l’accord de base entre les citoyens et l’État », a déclaré Gutman dans une lettre adressée au chef de l’armée de l’air israélienne, le général Tomer Bar.
Gutman et Ein Dar sont les troisième et quatrième généraux de brigade à annoncer qu’ils suspendent leur service de réserve volontaire, deux généraux de brigade étant inclus dans la lettre des 161 réservistes les plus anciens de l’armée de l’air.
Plus tard dans la journée de mercredi, des centaines de réservistes ont également signé des lettres similaires devant le quartier général de Tsahal à Tel Aviv, annonçant qu’ils ne se présenteront plus au service de réserve volontaire pour protester contre l’avancée des plans du gouvernement visant à réformer le système judiciaire.
Plus tôt dans la journée, le groupe de protestation Frères d’armes, qui représente des milliers de réservistes, a déclaré qu’il réagissait à la proposition de loi du gouvernement visant à empêcher les tribunaux d’examiner les décisions du gouvernement et des ministres sur la base de leur « caractère raisonnable ».
« Nous ne servirons pas dans une dictature (…) Le projet de loi visant à annuler l’examen du ‘caractère raisonnable’ qui devrait être voté dans les prochains jours bafoue les valeurs de la Déclaration d’Indépendance et va à l’encontre de l’esprit de Tsahal, qui nous a élevés et sur lequel l’État a été fondé », a déclaré Frères d’armes.
Par ailleurs, deux réservistes de haut rang de l’armée de l’air israélienne ont annoncé qu’ils mettaient fin à leur service de réserve volontaire pour protester contre l’avancement des plans du gouvernement visant à réformer le système judiciaire.
Le chef d’état-major, le lieutenant-général Herzi Halevi, a lancé un nouvel appel aux réservistes qui prévoient ou ont déjà annoncé qu’ils mettaient fin à leur service de réserve volontaire en signe de protestation contre la réforme judiciaire du gouvernement.
« Ces jours-ci, Tsahal s’efforce de préserver la compétence et la cohésion, même lorsqu’il y a des tensions entre les deux », a déclaré le chef d’état-major lors d’une visite à la base aérienne de Tel Nof.
« L’armée israélienne est basée sur le système de réserve depuis sa création. Ce sont les meilleurs éléments (…) et nous les chérissons. Sans eux, le modèle de l’armée populaire n’aurait pas duré 75 ans », a déclaré Halevi.
« Les appels à ne pas se présenter [pour le service] nuisent à Tsahal », a-t-il ajouté.
L’annonce des réservistes du Corps Médical de l’armée israélienne est la dernière en date à avoir provoqué une onde de choc au sein de Tsahal, qui s’efforce d’endiguer un flot croissant de réservistes qui abandonnent leur service volontaire pour protester contre la réforme du système judiciaire.
Dans un communiqué, le groupe de protestation Frères d’armes, qui représente des milliers de réservistes, a déclaré qu’il réagissait à la proposition de loi du gouvernement visant à empêcher les tribunaux d’examiner les décisions du gouvernement et des ministres sur la base de leur « caractère raisonnable ».
« Nous ne servirons pas dans une dictature (…) Le projet de loi visant à annuler l’examen du ‘caractère raisonnable’ qui devrait être voté dans les prochains jours bafoue les valeurs de la Déclaration d’Indépendance et va à l’encontre de l’esprit de Tsahal, qui nous a élevés et sur lequel l’État a été fondé », a déclaré le groupe de protestation.
Frères d’armes a déclaré avoir « un message clair » pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi.
« Vous êtes en train de rompre le contrat qui nous lie à vous. Nous avons mal au cœur et notre âme souffre, mais vous ne nous avez pas laissé le choix. Comme durant toutes nos années de réserve, nous nous présenterons maintenant pour défendre le pays avec nos âmes et nos corps. »
Les réservistes avaient prévu de se rassembler à 17h dans la zone commerciale du marché Sarona à Tel Aviv, et de marcher jusqu’à la porte Shaul du quartier général de Tsahal, près du Musée d’art de Tel Aviv, où ils devaient signer le document à 18h.
Le gouvernement souhaite adopter un projet de loi limitant l’utilisation de l’examen de la notion juridique du « caractère raisonnable » d’ici à la fin du mois, alors qu’il poursuit son projet largement controversé de refonte du système judiciaire.
Au cours des dernières semaines, les protestations contre la réforme judiciaire ont ébranlé Tsahal, les réservistes de dizaines d’unités menaçant de ne plus servir sur la base du volontariat. Selon une liste publiée dimanche, près de 4 000 réservistes ont signé des lettres menaçant de ne pas se présenter au service volontaire afin de protester contre les changements prévus dans le système judiciaire.
Mardi soir, plus de 160 réservistes occupant des postes clés au sein de l’armée de l’air israélienne ont déclaré qu’ils suspendaient leur service de réserve volontaire, avec effet immédiat.
Les responsables de la Défense et les politiciens des deux bords ont averti que ces refus massifs pourraient rendre Israël plus vulnérable aux menaces extérieures.
Mardi, le chef d’état-major, le lieutenant-général Herzi Halevi, a déclaré que les appels des réservistes à refuser de servir afin de protester contre les projets du gouvernement visant à réformer le système judiciaire nuisaient à l’armée israélienne.
Mercredi, Halevi s’est rendu à la base aérienne de Tel Nof de l’armée de l’air pour s’entretenir avec les commandants, après la lettre envoyée mardi par les réservistes.
הרמטכ״ל מבקר כעת בבסיס חיל האוויר תל נוף, מקיים שיח עם המפקדים, טס במסוק ״יסעור״ וצופה בתרגיל של יחידה 669 pic.twitter.com/p7LZs0IN7C
— צבא ההגנה לישראל (@idfonline) July 19, 2023
Contrairement à la plupart des réservistes appelés à servir sur ordre officiel de Tsahal, les pilotes et autres membres des forces spéciales se présentent beaucoup plus fréquemment et de manière volontaire, souvent en dehors des situations d’urgence, en raison de la nature de leur poste.
L’armée a déclaré qu’elle prendrait des mesures disciplinaires à l’encontre des soldats qui refuseraient de se présenter au travail lorsqu’on le leur ordonnerait, mais elle a souligné qu’aucune mesure ne serait prise à l’encontre des réservistes qui, à ce stade, ne font que menacer de ne pas se présenter.
On ignore quelles mesures seraient prises à l’encontre des réservistes qui ne se présentent pas au service volontaire.
Les réservistes – qui occupent un rôle déterminant dans les activités de routine des unités les plus importantes de Tsahal – ont averti, ces derniers mois, qu’ils ne seraient pas en capacité de faire leur devoir militaire dans un Israël qui ne serait plus démocratique – ce qui sera le cas, accusent-ils, si le gouvernement menait à bien son projet de refonte radicale du système judiciaire.
Les appels à se soustraire au devoir de réserve avaient secoué l’armée au début de l’année, alors que la refonte venait d’être annoncée et avançait. Depuis, ils se sont multipliés malgré leur condamnation par de hauts responsables politiques de l’opposition et de la coalition. La menace s’est encore renforcée, ces dernières semaines, alors que la coalition a relancé son plan de réforme qui viendrait bouleverser le système judiciaire du pays, faisant avancer certains éléments du plan – un programme qui avait été longtemps mis en pause au mois de mars suite aux pressions exercées par les réservistes sur le ministre de la Défense Gallant.
Fin mars, Gallant avait publiquement averti que le désaccord sur la refonte provoquait des divisions dans l’armée qui constituaient une menace tangible pour la sécurité israélienne. En réponse à cet avertissement, Netanyahu avait ordonné le limogeage de Gallant, une décision qui avait déclenché une intensification des protestations nationales, conduisant à son tour Netanyahu à suspendre temporairement le processus législatif de la réforme pendant trois mois et à renoncer à limoger Gallant.