4 condamnations dans l’affaire du viol en réunion d’une ado à Eilat
Sept individus ont par ailleurs aidé à commettre l'agression ; les juges ont noté que personne n'avait tenté d'aider la victime et que tous les prévenus étaient responsables de leurs actes

La Cour de Beer Sheva a condamné mercredi quatre individus pour viol dans l’affaire d’une adolescente qui avait été agressée sexuellement par un groupe d’hommes, certains encore mineurs, alors qu’elle était en vacances à Eilat, en 2020.
Les quatre prévenus – Issy Raphaelov, 31 ans, Eliezer Meirav, 30 ans ainsi que deux mineurs âgés de 17 ans – ont notamment été condamnés pour viol, agression sexuelle et viol en réunion. La victime avait 16 ans au moment des faits.
Sept autres individus, dont de nombreux mineurs, ont été reconnus coupables de complicité et de non-assistance à personne en danger, entre autres.
Cette affaire avait entraîné une onde de choc dans le pays, entraînant des appels à la réforme alors que des témoignages ont établi qu’un grand groupe d’hommes s’étaient rassemblés à l’entrée de la chambre d’hôtel de l’adolescente, qui était en état d’ébriété.
« C’est triste de penser, en regardant l’image dans son ensemble, que si un seul des accusés avait été l’homme juste de Sodome, ces actes auraient pu être évités ou écourtés tout du moins », a indiqué le panel de trois juges dans son verdict.
Le tribunal a souligné que le fait que le groupe ait commis le crime ne diminuait pas par ailleurs la responsabilité individuelle des coupables.
« Nous voulons transmettre un message clair – en ce qui concerne un acte commis par un individu dans le cadre d’un groupe, un individu reste pleinement responsable de ses agissements et il lui sera impossible de se cacher derrière le groupe ou de tenter de se cacher derrière ses amis », a noté le verdict.

Les magistrats ont rendu hommage à la victime pour son témoignage dans le dossier. Elle a assisté au verdict depuis une autre pièce.
« Votre voix, qui avait été réduite au silence dans la chambre 216, a été bien entendue et elle a trouvé un écho dans les couloirs du tribunal », ont-ils déclaré.
La procureure Rotem Yohanani Har Zion a fait remarquer, comme les juges, qu’aucun des individus impliqués n’avait tenté de venir en aide à la victime.
« Il n’y a pas eu un seul accusé qui lui soit venu en aide, ou qui ait pensé à lui demander si elle était consentante à ce qu’elle était en train de subir, » a-t-elle indiqué.
L’avocate Rotem Tubul, qui représentait l’un des mineurs dans l’affaire – il était accusé d’avoir regardé le viol sans y participer – a dit que le verdict marquait « un précédent ».
« Il y a beaucoup de leçons à en tirer et c’est très probablement ce que nous ferons », a-t-elle commenté, qualifiant de « dures » les conclusions tirées par la Cour.
« Ce sont des questions de morale », a-t-elle continué, ajoutant qu’elle doutait du fait qu’un délit ait été commis par son client.
Orit Sulitzeanu, directrice de l’Association of Rape Crisis Centers en Israël, a indiqué que « la marque de Caïn devra hanter les violeurs pendant de longues années encore tout comme leurs actions haineuses hantent la victime ».
Elle a dit que « le fait qu’il n’y ait pas eu un seul homme juste à Sodome pour stopper l’horreur est une souillure sur la société israélienne ».
Hagit Peer, à la tête du groupe de défense des droits des femmes Israel Women’s Network, a salué le verdict, expliquant que « les juges transmettent un message clair, celui que ceux qui se contentent ‘seulement’ de ne rien faire ou qui se contentent ‘seulement’ d’assister sans empêcher un acte horrible d’être commis en sont légalement responsables. Nous sommes des êtres humains, pas des animaux et c’est le devoir de tout un chacun de se comporter en conséquence ».
Selon les documents du tribunal, le jour du viol collectif, le principal suspect, Raphaelov, avait commencé à parler avec la jeune fille à la piscine de l’hôtel de la mer Rouge. Elle avait rejeté ses avances.
L’adolescente, qui avait consommé de l’alcool, avait eu un malaise en fin de journée. Même si elle ne résidait pas à l’hôtel, elle était montée dans une chambre avec ses amies. Raphaelov avait offert de l’aider, lui disant qu’il était médecin et avec un autre individu, il l’avait emmenée dans une chambre différente, la chambre 216. Il avait ensuite agressé la jeune fille et les autres prévenus l’avaient rejoint. Certains avaient violé la victime alors que les autres attendaient leur tour, conspuant l’adolescente.
Le fait que le viol ait été commis en présence d’autres personnes pourrait induire des peines de prison plus longues allant jusqu’à 20 ans, a signalé la chaîne Kan. Aider à commettre un viol peut entraîner une peine de dix ans d’incarcération.
Un autre suspect dans ce dossier avait été condamné au mois de janvier 2022 après une négociation de peine. Agé de 17 ans au moment de sa condamnation, il avait été reconnu coupable d’attentat à la pudeur alors qu’il se trouvait dans la chambre au moment des viols, regardant les agressions successives. Un autre mineur avait aussi été condamné en 2021 dans le cadre d’une négociation de peine.