Israël en guerre - Jour 433

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71,7 % des olim d’ex-URSS de 2020 sont considérés comme non-juifs – étude

Les opposants à la "clause des petits-enfants" de la Loi du retour s'appuient sur cette enquête pour justifier leur position ; les critiques invoquent le sectarisme

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Des immigrants russes assistant à un événement marquant le 25e anniversaire de la grande vague d’alyah de l'ex-Union soviétique vers Israël, au Centre de Convention de Jérusalem, le 24 décembre 2015. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)
Des immigrants russes assistant à un événement marquant le 25e anniversaire de la grande vague d’alyah de l'ex-Union soviétique vers Israël, au Centre de Convention de Jérusalem, le 24 décembre 2015. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Une enquête publiée mercredi par le bureau de recherche de la Knesset a révélé que près de trois nouveaux immigrants sur quatre en provenance de l’ex-Union soviétique en 2020 n’étaient pas Juifs selon la plupart des interprétations de la loi juive, ajoutant de l’huile sur le feu dans le débat déjà houleux sur la politique d’immigration de la Loi du retour.

L’enquête, commandée par le membre de la Knesset, Yoav Ben Tzur, du parti ultra-orthodoxe Shas, a été présentée comme une justification pour ceux qui s’opposent à la « clause des petits-enfants » de la Loi du retour, qui accorde actuellement la citoyenneté israélienne à toute personne ayant au moins un grand-parent juif, à condition qu’elle ne pratique aucune autre religion.

Dans le cadre des négociations de coalition en cours, les partis ultra-orthodoxes – Yahadout HaTorah, Shas et HaTzionout HaDatit – ont exigé la suppression de cette clause afin de garantir qu’un pourcentage beaucoup plus élevé de nouveaux immigrants soient considérés comme juifs – qu’ils soient nés d’une mère juive ou qu’ils se soient convertis.

L’étude a révélé que le pourcentage d’immigrants en provenance de l’ex-Union soviétique non-juifs n’a cessé d’augmenter au fil des ans, passant de 6,8 % en 1990 à 71,7 % en 2020. Depuis 1998, la majorité des immigrants de l’ex-Union soviétique ne sont pas reconnus comme étant juifs, mais ne suivent pas non plus officiellement une autre religion. Ces immigrants sont considérés par l’État comme étant « sans religion », ce qui les empêche de se marier en Israël – le pays ne reconnaissant que les mariages religieux – et d’être enterrés dans des cimetières juifs.

L’enquête ne fournit pas de chiffre exact du nombre de ces immigrants non-juifs issus de pères juifs et de mères non-juives, ni du nombre de ceux qui n’ont qu’un seul grand-parent juif.

Malgré les difficultés rencontrées par ceux qui sont répertoriés comme étant « sans religion », ils sont relativement peu nombreux à se convertir au judaïsme – seulement quelques centaines chaque année.

Dans le même temps, une étude récente a révélé que 94 % des Israéliens russophones – un synonyme d’immigrants de l’ex-Union soviétique – s’identifient comme Juifs.

Aujourd’hui, environ un demi-million d’Israéliens sont considérés « sans religion ».

Les partisans de la suppression de la « clause des petits-enfants » ont présenté cette enquête comme preuve de la nécessité de restreindre l’immigration afin d’augmenter le nombre de Juifs en Israël.

« Ces dernières années, au cours desquelles Israël est devenu une puissance économique, la « clause des petits-enfants » a ouvert la porte à des migrants de « confort », sous le couvert du judaïsme. Ce n’était pas l’intention du législateur. Ce n’était pas l’intention des fondateurs de l’État juif », a déclaré Shlomo Karhi, membre du Likud à la Knesset, partisan de longue date de la modification de la Loi du retour.

Le Centre politique israélien de l’immigration, un organisme de droite, a également salué la publication du rapport d’enquête, affirmant qu’il « prouve sans l’ombre d’un doute que la révocation de la « clause des petits-enfants » – qui constitue la base juridique pour des milliers de personnes non-juives éligibles à l’immigration, au titre de la Loi du retour – sera la première mission d’importance nationale du nouveau gouvernement ».

Les opposants à la proposition ont décrié la demande de la coalition et l’enquête comme étant racistes et ciblées, notant qu’elles ne portaient que sur les immigrants de l’ex-Union soviétique.

Le ministre sortant du Tourisme, Yoel Razbozov, du parti Yesh Atid, qui est né dans l’ex-Union soviétique, a qualifié l’enquête de « trompeuse » et a déclaré qu’elle « dénigre une population d’un million de personnes, qui comprend des soldats, des policiers, des enseignants, des ingénieurs, et des médecins entre autres ».

Le ministre du Tourisme, Yoel Razbozov, arrivant à la résidence présidentielle, à Jérusalem, le 14 juin 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Un autre membre de Yesh Atid né dans en ex-Union soviétique, Vladimir Beliak, s’est emporté contre Karhi, le qualifiant de « raciste ».

« Le judaïsme ne vous appartient pas. Il appartient à chacun d’entre nous. Vous ne révoquerez pas la ‘Loi du retour’, vous n’arrêterez pas l’immigration et vous ne transformerez pas des centaines de milliers d’Israéliens en citoyens de seconde zone. Le vrai judaïsme est accueillant et chaleureux. Nous ne vous laisserons pas le détruire », a déclaré Beliak.

La perspective d’annuler la « clause des petits-enfants » de la Loi du retour a suscité de vives critiques non seulement en Israël, mais aussi parmi les groupes juifs internationaux.

Le chef de la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines, William Daroff, s’est prononcé contre la proposition cette semaine, qualifiant la Loi du retour de « fondement du sionisme ». Daroff a souligné qu’il était généralement peu enclin à critiquer le gouvernement israélien ou à être perçu comme s’ingérant dans la politique intérieure.

L’Agence juive a également mis en garde contre les mesures du nouveau gouvernement qui pourraient aliéner le judaïsme mondial.

Bien qu’il soit hautement improbable que la « clause des petits-enfants » soit révoquée, la demande de la coalition a relancé le débat sur la question toujours controversée de « qui est Juif » et dans quelle mesure judéité et citoyenneté israélienne se recoupent.

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