À la Grande synagogue de Paris, solidarité autour des familles des otages
L'affluence est telle, à la Grande synagogue, que l'étage a été ouvert ; une femme a témoigné être venue seule : ses amis, qui devaient l'accompagner, "ont eu peur"

Une soirée de « mobilisation » et de « solidarité » : plus de 500 personnes étaient réunies mardi soir dans la Grande synagogue de la Victoire, lieu emblématique de la communauté juive à Paris, pour entendre les témoignages de familles d’otages du Hamas.
« C’est une tragédie qui nous réunit ce soir », a déclaré au début de la cérémonie l’ambassadeur d’Israël à Paris, Raphaël Morav, exhortant à « la libération de tous les otages du Hamas, sans conditions ». « L’urgence vitale est l’accès de la Croix-rouge » à ces 240 otages, a-t-il ajouté, une demande récurrente au cours de la soirée.
L’affluence est telle, à la Grande synagogue, que l’étage a été ouvert. Des avis de recherche sont placardés sur les piliers du bâtiment, en écho aux témoignages qui se succèdent au micro, livrés par plusieurs proches d’otages, reçus dans la journée à l’Assemblée nationale.
« Mon frère n’a que 27 ans, et tout ce qu’il a fait est d’aller à une soirée », la rave-party dans le désert où il a été enlevé le 7 octobre, raconte Daniel Toledano.

« Ne rien savoir pendant tellement de temps, c’est peut-être pire que de le savoir mort. Nous sommes venus changer ce que nous entendons de l’opinion publique française. Alors restez à nos côtés et aidez-nous à libérer tous les otages », a-t-il lancé au public, qui l’a applaudi debout.
« Nous n’avons plus de larmes, nos yeux sont secs, nous sommes vidés, trois semaines après. Je ne demande qu’une chose, qu’ils reviennent », implore Ayelet Sella, dont sept cousins ont été enlevés dans le kibboutz de Beeri.
« Nous n’aurons pas de réel repos tant que nous n’aurons pas la libération de tous nos frères. L’antisémitisme ne nous fera pas reculer, l’indifférence ne nous fera pas reculer », a ajouté Samuel Lejoyeux, le président de l’Union des étudiants juifs de France, qui organise des opérations de collage des photos d’otages dans Paris.
Devant un public grave et recueilli, les orateurs égrènent la litanie des actes du Hamas dans les kibboutz lors de l’attaque sanglante du 7 octobre, dénonçant « le mal absolu » et « les atrocités terroristes » des attaquants.

L’attaque sanglante du 7 octobre et le conflit a fait plus de 1 400 victimes israéliennes, essentiellement des civils, selon les autorités.
Joël Mergui, le président du Consistoire de Paris, avait ouvert la cérémonie par ces mots : « Aujourd’hui, on est dans un véritable tournant de l’Histoire ». Et « la vague d’antisémitisme atteint des sommets dans le monde », s’est-il inquiété, quelques heures après la découverte de tags représentant l’étoile de David sur plusieurs bâtiments de la capitale.
Ces tags, « ça m’a brûlée », a témoigné auprès de l’AFP Arlette, 75 ans, dont le père a été déporté pendant la guerre : « C’est l’histoire de mes parents », a-t-elle ajouté avant la cérémonie, les larmes aux yeux.
Elle ne se sent pas en sécurité : « Une fois qu’on est attaqués, tout peut arriver », a affirmé cette petite femme assise au fond de la synagogue, venue seule car les amis qui devaient l’accompagner ont renoncé à la dernière minute : « Ils ont eu peur. »

« Je n’ai jamais compris pourquoi les Juifs ont été persécutés depuis si longtemps et si peu soutenus », dit Carolina Furquim, 38 ans. Cette Brésilienne installée à Paris, « élevée dans le catholicisme », a tenu à être là « par solidarité ». « Les gens ne se souviennent plus, je crains que l’Histoire se répète. »
David Jourdan, 56 ans, qui n’est pas Juif lui non plus, explique : « Ca me concerne en tant qu’être humain. Prendre des gens en otage, même les bêtes ne le font pas. »
Il s’inquiète d’un antisémitisme « décomplexé » : « Beaucoup de gens se disent c’est des Juifs, des Israéliens, bof… mais après, c’est qui ? les francs-maçons, les gitans, les homosexuels ? »