Sur la place de la Bastille pour dénoncer le viol d’une fille juive de 12 ans
À dix jours du premier tour des législatives anticipées, les militants présents sur place n’ont pas hésité à pointer les responsabilités du parti de Jean-Luc Mélenchon, la France Insoumise (LFI) dans l’exposition de la haine des juifs en France. Ces réserves n’ont cependant pas entamé leur souhait de voir le Nouveau Front Populaire (NFP) triompher le 7 juillet prochain
Ils étaient quelques centaines, sous une pluie fine jeudi soir, à venir sur la Place de la Bastille à Paris après avoir répondu à l’appel de SOS Racisme et d’autres mouvements se revendiquant de la gauche, pour dire non à l’antisémitisme après le viol d’une jeune fille âgée d’à peine douze ans par deux mineurs de 13 ans – violée parce que juive et parce qu’elle aurait eu de mauvais propos sur la Palestine.
Les deux adolescents de 13 ans ont été écroués mardi. Un troisième suspect, âgé de 12 ans, a été placé sous le statut de témoin assisté pour viol, mis en examen pour les autres infractions visées par l’enquête et fait l’objet d’une mesure éducative provisoire, selon le parquet de Nanterre.
Selon les premières déclarations de la victime, l’un des agresseurs a filmé la scène, qui s’est déroulée samedi dans un local désaffecté de Courbevoie, au pied du quartier d’affaires de La Défense, non loin du domicile de la victime.
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Un autre l’a menacée de mort si elle dénonçait les faits à la police.
La jeune adolescente a été frappée et a subi des pénétrations anales et vaginales ainsi que des fellations, selon des sources policières.
La jeune victime a déclaré aux enquêteurs que l’un des adolescents mis en cause lui avait « posé des questions concernant sa religion juive », lui demandant pourquoi elle n’en parlait pas et lui posant des questions sur Israël, a détaillé une source policière. Il l’a aussi traitée de « sale juive ».
« Lors de leur interrogatoire de première comparution, les trois mineurs ont fait de brèves déclaration spontanées, exprimant des regrets vis-à-vis de la victime sans aborder leur implication dans les faits », a précisé le ministère public dans un communiqué.
Exemple horrifiant de l’antisémitisme qui sévit de plus en plus en France. Au premier trimestre 2024, une augmentation de 300 % des actes contre la communauté juive a été enregistrée. Un déchaînement qui fait suite aux attentats barbares commis par les terroristes palestiniens du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre 2023 – des terroristes, aidés de civils palestiniens complices, qui ont aussi utilisé le viol en tant qu’arme de guerre.
Mercredi soir déjà, ils étaient un millier à répondre à l’appel de Nous Vivrons, collectif de lutte contre l’antisémitisme créé après les massacres du 7 octobre. Ce jeudi, c’est la gauche antiraciste qui se réunissait contre la haine des juifs. Nous Vivrons s’étonnait d’ailleurs de ne pas avoir reçu d’invitation. “Ils étaient complètement invités, la preuve, ils sont là”, tempère l’ancien sénateur socialiste David Assouline. Une présence qui n’a pas fait que des heureux. En témoigne cette altercation en début de rassemblement avec des militants de Golem, groupe de juifs et de juives de gauche, qui reprochaient au collectif de s’afficher de manière trop visible. L’objet de la discorde, la banderole déployée par Nous Vivrons. Une bâche bleue, blanche et rouge, où était inscrit : “Violée parce que juive”, le hashtag “Stop Antisémitisme” et l’ombre d’une fillette prostrée dans une étoile de David. Problème, le rassemblement se veut sans étiquette politique. La banderole a finalement été rangée et la manifestation s’est poursuivie dans une atmosphère plus apaisée.
À la tribune, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, en appelait au souvenir de l’affaire Dreyfus, où la gauche avait fait bloc derrière le capitaine accusé à tort d’espionnage par l’armée française, point de départ de la lutte antiraciste de cette famille politique.
Au micro, devant des militants tenant des pancartes roses en forme de main avec l’inscription “touche pas à mon pote”, Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, cherche les raisons de cette agression nauséabonde : “Peut-être le manque de condamnation unanime des viols commis sur les Israéliennes le 7 octobre et les paroles antisémites ont-ils contribué à ce que se rejoue à des milliers de kilomètres de là cet acte ignoble.”
Les organisations féministes en France et dans le monde entier été particulièrement silencieuses devant les crimes sexuels et les viols commis par le groupe terroriste palestinien le 7 octobre – un silence si assourdissant qu’un hashtag #metoounlessurajew [moi aussi à moins que tu sois juive] a été créé pour alerter sur ce silence injustifiable.
À dix jours du premier tour des législatives, les élections à venir étaient dans tous les esprits. Si les intervenants successifs ont fustigé les ambiguïtés coupables de la France Insoumise face à la question de l’antisémitisme, aucun n’a dénoncé le Nouveau Front Populaire, une alliance des gauches nécessaire selon eux pour faire barrage au Rassemblement national, à l’exception notable de Samuel Lejoyeux, président de l’Union des Étudiants Juifs de France (UEJF).
Face à un public en désaccord, le patron de l’UEJF a déclaré : “Il faut aussi le dire, cet antisémitisme a été justifié, parfois même propagé par des responsables politiques de la gauche, des responsables politiques de la France Insoumise. Ça, nous ne pouvons pas l’accepter. Alors oui, dans ce contexte-là, je dois également vous le dire, le fait qu’il y ait une alliance, avec des personnes qui justifient et propagent cet antisémitisme, c’est quelque chose que les juifs ne peuvent pas comprendre.”
Deux forces politiques « portent en elles un danger concret pour les Français juifs, le RN qui a ça dans son ADN et le Front populaire qui est une alliance honteuse (….) qui ont fait le choix de mettre de côté la question de l’antisémitisme », Samuel Lejoyeux, président de l’UEJF pic.twitter.com/vT3vjzvMyF
— LCI (@LCI) June 21, 2024
Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), mené par Philippe Poutou, fait partie de cette union pour le moins controversée. Alors que les combats directs entre l’armée israélienne et les terroristes du Hamas faisaient encore rage dans les localités israéliennes prises d’assaut par la branche palestinienne des Frères musulmans, dans le sud du pays, le NPA avait publié un communiqué pour rappeler – entre autres – son soutien « aux Palestinien/nes et aux moyens de luttes qu’ils et elles ont choisi pour résister ». Le texte se concluait par : « Aujourd’hui comme hier, nous sommes toutes et tous Palestien/nes. Intifada ! ».
Ce texte figure toujours sur leur compte X et sur leur site web – mais Poutou a été autorisé à se présenter en dépit d’une enquête pour apologie du terrorisme et a rallié l’alliance des gauches.
Deux intifada en Israël ont fait des centaines de morts en Israël dans des attentats terroristes palestiniens. La première de 1987 – année de naissance du Hamas – à 1993, qui correspond aux accords d’Oslo. La Seconde intifada a débuté en 2000 avec la visite d’Ariel Sharon sur le mont du Temple et s’est terminée en 2005 avec le désengagement de la bande de Gaza.
Au début du mois de juin, l’hebdomadaire Le Point révélait, dans un sondage commandé à l’Ifop par l’American Jewish Committee (AJC), que
92 % des Français juifs considèrent LFI comme le parti qui contribue le plus à l’antisémitisme.
Aux inquiets, Dominique Sopo répond pour le Times of Israël : “On a parlé à plusieurs reprises dans ce rassemblement de Jean-Luc Mélenchon, qui pense que l’antisémitisme est résiduel. J’ai cité ses prises de parole très ambiguës, qui laissent penser qu’il n’y a pas d’empathie ou de sympathie pour les juifs. Je pense que ce qu’on peut leur dire, c’est que la gauche ne se réduit pas à ceux qui ne savent pas faire preuve de clarté. Ici, il y avait pratiquement que des organisations appartenant à la gauche et qui ont appelé à ce rassemblement. Il ne faut pas avoir d’illusion d’optique qui viendrait laisser croire que la gauche est le camp de l’antisémitisme.”
Un appel à voter pour le Nouveau Front Populaire a été par ailleurs accueilli par un mélange d’applaudissements et de huées.
Député sortant de la 6ᵉ circonscription de l’Essonne, candidat à sa réélection sans l’étiquette du Nouveau Front Populaire mais investi par le Parti Socialiste, Jérôme Guedj se désole lui de cette situation : “La gauche ne doit pas être suspectée, mais c’est le cas et ça déjà, c’est un drame, une meurtrissure. Si on en est arrivé là, c’est qu’il y a eu des compromissions, des renoncements. On s’est habitué à des choses qu’on ne doit pas voir à gauche. Maintenant, je lève la tête et je dis, ce n’est plus possible.”
Pendant la campagne des européennes, le socialiste a été la cible d’attaques particulièrement virulentes de Jean-Luc Mélenchon. L’insoumis en chef lui reproche un positionnement trop favorable à Israël dans sa guerre contre le Hamas et l’accuse sur son blog de s’agiter “autour du piquet où le retient la laisse de ses adhésions […] un signe dans son milieu de fanatisme.”
La fraîchement élue députée européenne, présidente des jeunes socialistes, Emma Rafowicz a, elle aussi, fait le déplacement Place de la Bastille “parce que le camp républicain doit être exemplaire contre l’antisémitisme et c’est à nous d’en être les garants.”
Comme son camarade Guedj, elle a vécu une campagne européenne particulièrement éprouvante. La nièce d’Olivier Rafowicz, figure de Tsahal dans les médias français, est bombardée d’insultes antisémites sur les réseaux. “Punaise sioniste”, “Sale youpine”, “Traîtresse génocidaire” ne sont qu’un triste florilège des injures subies par la patronne des Jeunes socialistes avant de porter plainte au mois de mars.
Aujourd’hui, au sein du Nouveau Front Populaire, elle se porte garante d’un “programme ambitieux de lutte contre l’antisémitisme qui ne tolèrera pas de dérapage.” Elle l’assure, elle ne veut pas que “le logo du Parti Socialiste figure sur l’affiche de candidats qui sont auteurs de violences ou qui ont tenu des propos antisémites.”
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