À l’ONU, Israël répond à « l’hypocrisie » de la Russie
Gilad Erdan a rejeté les appels au cessez-le-feu lors d'une réunion du Conseil de sécurité, disant que le Hamas est décidé à mener un génocide contre le peuple juif
L’envoyé israélien aux Nations unies a fustigé la Russie lors d’une réunion du Conseil de sécurité, mardi, suite aux critiques de Moscou sur les actions israéliennes menées dans le cadre de sa guerre contre le groupe terroriste du Hamas. Il a souligné les infractions qui ont été commises par la Russie dans le cadre de son invasion de l’Ukraine.
L’ambassadeur Gild Erdan a fait le lien entre l’Iran, qui soutient la branche palestinienne des Frères musulmans, et la guerre qui ravage actuellement l’Ukraine, où la république islamique fournit des équipements militaires aux forces du Kremlin qui avaient pris d’assaut le pays en février 2022.
« Comme nous le savons tous, les drones iraniens sont utilisés par la Russie pour tuer des civils en Ukraine », a dit Erdan devant le Conseil de sécurité. « Le terrorisme iranien s’invitera chez chacun d’entre vous. Vous le savez tous et même la Russie le sait, la Russie qui collabore avec l’Iran ».
Erdan a ensuite écrit sur X, anciennement Twitter, qu’il avait « répondu à l’hypocrisie de la Russie qui a critiqué de manière insolente Israël alors que tout le monde sait qu’elle coopère avec l’Iran, l’État qui est le sponsor numéro un du terrorisme, et qu’elle utilise des drones iraniens pour tuer des citoyens ukrainiens ».
La guerre entre Israël et le Hamas avait éclaté quand le groupe terroriste avait mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël, le 7 octobre – une attaque qui avait fait 1 200 morts, des civils en majorité, côté israélien. Les milliers d’hommes armés qui avaient franchi la frontière avec la bande de Gaza avaient également enlevé 253 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.
Plus de 130 personnes se trouveraient encore, aujourd’hui, entre les mains du Hamas.
Israël a riposté en lançant une campagne militaire dont l’objectif est de détruire le Hamas, de l’écarter du pouvoir à Gaza et d’obtenir la remise en liberté des otages.
Today in the UN Security Council, I responded to the hypocrisy of Russia which brazenly criticizes Israel while everyone knows it cooperates with Iran, the number one state sponsor of terrorism, and uses Iranian drones to kill Ukrainian citizens.
Watch and retweet >> pic.twitter.com/QbInGINOUC
— Ambassador Gilad Erdan גלעד ארדן (@giladerdan1) January 23, 2024
Jusqu’à présent, l’État juif a largement évité de s’en prendre directement à la Russie, alors que le gouvernement tente apparemment d’empêcher les relations entre les deux pays de se détériorer afin de protéger sa liberté d’action dans l’espace aérien syrien.
Au cours de la rencontre, le chef de la diplomatie russe, Sergey Lavrov, a estimé que le Conseil n’avait pas apporté une réponse adéquate à la fin de la guerre dans la mesure où les États-Unis opposaient leur veto aux résolutions présentées devant l’instance concernant un cessez-le-feu tout en permettant à Israël de continuer à appliquer « sa sanction collective » à l’encontre des Palestiniens de Gaza.
Dans la journée, Lavrov avait accordé un entretien à la chaîne CBS, recommandant vivement la création d’un État palestinien pour mettre un terme à ces violences.
« Si en réponse à des attaques terroristes, les normes humanitaires internationales sont ignorées et que le moyen de la sanction collective est autorisé, je crains alors que cela ne soit une invitation à adopter des méthodes de combat encore plus barbares d’un côté et de l’autre », avait-il dit.
« A moins que cette injustice soit corrigée et qu’un État palestinien soit créé, c’est toujours plus de violence qui s’exprimera en Palestine et dans d’autres parties du monde arabe et musulman », avait-il poursuivi.
Lavrov avait aussi critiqué Israël pour ses attaques présumées au Liban et en Syrie qui avaient pris pour cible le Hamas, le Hezbollah et des sites militaires iraniens et notamment une frappe, ce week-end, qui avait entraîné la mort de cinq officiers du Corps des Gardiens de la révolution islamique iranien.
Unless this injustice is corrected, and a Palestinian state is created, more and more violence will pop up, Lavrov tells CBS News. pic.twitter.com/YhDGhbP0bQ
— Mats Nilsson (@mazzenilsson) January 23, 2024
S’adressant au Conseil de sécurité pendant la séance, le secrétaire-général des Nations unies Antonio Guterres a déclaré que le rejet, par Israël, d’une solution à deux États au conflit israélo-palestinien était « inacceptable ».
Riyad al-Maliki, ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, a affirmé qu’Israël se livrait « à la campagne de bombardements aériens la plus sauvage » depuis la Seconde Guerre mondiale, causant la famine sur le territoire de Gaza ainsi que le déplacement massif des civils.
« C’est une succession d’atrocités » qui ont coûté la vie à d’innombrables innocents, a-t-il ajouté devant le Conseil de sécurité.
Appelant au cessez-le-feu, al-Maliki a indiqué que « le mépris des vies palestiniennes » ne pouvait plus être toléré.
Erdan a rejeté l’idée d’un arrêt des combats, faisant remarquer que les leaders du Hamas « ont publiquement juré de commettre des massacres similaires au 7 octobre, encore et encore, jusqu’à ce qu’Israël soit détruit ».
L’ordre du jour du Hamas est « le génocide du peuple juif », a-t-il continué, rappelant que le 7 octobre, « les miens ont été délibérément massacrés » dans des actes qui reflétaient « le mal absolu ».
Il a exhorté le Conseil de sécurité « à éliminer la racine du conflit – l’Iran, a-t-il précisé – et il a averti les membres du Conseil que si ce dernier « doit continuer à se focaliser uniquement sur l’aide à apporter à Gaza, ce qui est véritablement important… mais tout en ignorant la racine de la menace terrible qui plane sur le Moyen-Orient et sur le monde, la menace iranienne, alors notre avenir collectif sera un avenir très sombre, un avenir radical et chiite ».
Il a brandi une photo montrant les armes iraniennes saisies par les Américains sur un navire qui apportait des équipements aux rebelles Houthis. Les houthis disent commettre leurs agressions en mer Rouge en soutien aux Palestiniens et qu’ils prennent pour cible les navires liés à Israël – même si de nombreux bateaux n’entretenant aucun lien avec l’État juif ont également été visés, et notamment des navires de guerre américains. Leurs frappes aux missiles et aux drones, ainsi que leurs prises d’assaut de cargos ont entraîné une réponse militaire placée sous l’égide des États-Unis, avec notamment des bombardements qui ont se sont concentrés sur des cibles houthies, au Yémen.
Le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amirabdollahian a averti Israël que le pays ne parviendra pas à détruire le Hamas, ce qui est son objectif dans la guerre en cours.
« Le meurtre de civils à Gaza et en Cisjordanie ne peut pas continuer au nom de la dite ‘destruction totale du Hamas’ parce que cette destruction n’arrivera jamais », a-t-il affirmé. « Stopper le génocide qui est actuellement en cours à Gaza est la principale garantie apportée à la sécurité dans la région. »
La sous-secrétaire d’État américaine Uzra Zeya, pour sa part, a répété qu’il ne pouvait pas y avoir de déplacement forcé des Palestiniens et que les civils qui ont dû quitter leurs habitations dans le cadre des combats doivent pouvoir « volontairement retourner chez eux, de manière sûre, dans le respect de leur dignité, et ce aussi vite que la situation le permettra ».
Elle a exhorté Israël à faire davantage pour épargner les victimes civiles qui, a-t-elle dit, sont déjà « beaucoup trop nombreuses ».
Mais Zeya a attribué au Hamas la responsabilité de la guerre, rappelant au Conseil que « c’est l’attaque terroriste brutale du Hamas sur le sol israélien qui a déclenché ce conflit ».
« Il est temps que ce Conseil condamne sans ambiguïté aucune les atrocités et le terrorisme du Hamas », a-t-elle ajouté, et qu’il « répète sa demande au Hamas de faire libérer immédiatement tous les otages », ajoutant que l’incapacité du forum à dénoncer le 7 octobre et à exiger la remise en liberté des otages était « déroutante ».
Le ministère de la Santé placé sous l’autorité du Hamas à Gaza a fait savoir que depuis le début de la guerre, au moins 25 490 personnes ont été tuées, des femmes et des enfants en majorité. Ces chiffres ne sont pas vérifiables de manière indépendante et ils comprendraient à la fois les civils et les hommes armés tués à Gaza, notamment par les tirs de roquette manqués des factions terroristes palestiniennes qui retombent dans la bande.
De son côté, l’armée israélienne déclare avoir tué plus de 9 000 membres de groupes terroristes à Gaza, en plus d’un millier d’hommes armés sur le territoire israélien, le 7 octobre. Tsahal déclare continuer à prendre des mesures visant à garantir que le nombre de victimes civiles sera réduit au maximum, même si le Hamas se fond et s’ancre profondément dans la population civile et dans ses infrastructures au sein de l’enclave.