A Ryad et au Caire, Blinken réclame des pressions sur le Hamas
Le secrétaire d'État américain a rencontré le prince héritier ben Salmane et le président al-Sissi, qui essayent tous deux de regagner de l'influence auprès de Washington
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a rencontré dimanche les dirigeants égyptien et saoudien, qui essayent de regagner de l’influence auprès de Washington, pour discuter de la bande de Gaza et plaider pour que la guerre ne s’étende pas.
Blinken a visité plusieurs pays du Moyen-Orient dont Israël, où il retournera lundi, depuis l’attaque meurtrière du groupe terroriste palestinien du Hamas, au pouvoir à Gaza, contre Israël le 7 octobre. Plus de 1 400 personnes ont été tuées en Israël et plus d’une centaine prises en otage.
Blinken a eu une réunion « très productive » avec le prince héritier saoudien de facto, Mohammed ben Salmane – qui a suspendu, en raison de la guerre, ses discussions sur une possible normalisation avec Israël.
Au Caire, le président Abdel Fattah al-Sissi, dont le pays négocie traditionnellement les trêves à Gaza, a dénoncé ce qu’il estime être « une réponse israélienne qui va au-delà du droit de se défendre et est désormais une punition collective ».
« Une paix juste et durable »
« Vous avez dit parler en tant que Juif. Moi je suis Égyptien et j’ai été élevé dans un quartier où nous avions des voisins juifs, ils vivaient en Égypte sans aucune oppression », a dit Sissi au responsable américain, alors que la grande majorité des Juifs d’Égypte ont été contraints de partir après la crise du canal de Suez en 1956.
Au Caire et dans les autres pays arabes visités, Blinken a dit avoir entendu « beaucoup de bonnes idées » notamment sur l’aide aux 2,4 millions de Gazaouis.
En devenant le premier pays arabe à reconnaître Israël en 1979, l’Égypte s’est arrogée l’une des plus importantes aides militaires américaines. Dont une partie est aujourd’hui gelée à cause de l’état « catastrophique » des droits humains selon différentes ONG.
Ryad, de son côté, réclame à Washington des garanties de sécurité et une aide au développement d’un programme nucléaire civil pour engager la normalisation avec Israël – au point mort avec la guerre actuelle.
Après avoir rencontré Ben Salmane, Blinken « a souligné l’importance que les États-Unis accordent à l’arrêt des attaques terroristes du Hamas, à la libération de tous les otages et à la prévention d’une extension du conflit ».
Le prince héritier a, lui, dénoncé les attaques contre les civils et le « siège complet » imposé par Israël à Gaza, plaidant pour « une paix juste et durable ».
Ben Salmane était lui-même dans le collimateur des États-Unis en raison de l’assassinat en 2018 par des agents saoudiens du journaliste Jamal Khashoggi, un critique du pouvoir.
Malgré sa promesse de traiter le royaume en « paria », le président américain Joe Biden s’y était rendu l’année dernière.
Le Caire, de son côté, entend reprendre la main diplomatiquement, se sentant concerné au premier chef par l’ordre de l’armée israélienne appelant les Palestiniens du nord de la bande de Gaza à se déplacer vers le sud qui borde l’Égypte.
L’Égypte a proposé dimanche « un sommet international sur l’avenir de la cause palestinienne », sans en préciser le calendrier ni les participants.
« En finir »
Son Conseil de la sécurité nationale a redit dimanche « refuser le déplacement de population qui vise à en finir avec la cause palestinienne aux dépens des pays voisins ».
D’une part, Le Caire redoute que sa frontière ne soit forcée par les Gazaouis comme cela avait été le cas en 2008 après la mise en place des restrictions israéliennes.
L’ancien vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, a affirmé à la chaîne qatarie Al-Jazeera qu’Israël et la communauté internationale pourraient financer « des villes de tentes » pour « temporairement recevoir […] les Gazaouis dans le Sinaï » égyptien, appelant l’Égypte à « remplir sa part ».
L’Égypte est devant un dilemme : doit-elle ouvrir sa frontière aux Palestiniens, en risquant qu’Israël ne les laisse jamais revenir, ou les laisser sous les bombes ?
Pour le moment, Israël et les États-Unis négocient uniquement avec l’Égypte la sortie des Américains de Gaza.
L’Égypte garde le point de passade de Rafah vers Gaza clos et précise qu’il ne peut pas servir « uniquement » au départ des étrangers.
Personne ne partira, expliquent des sources citées par les médias proches du renseignement, tant que l’aide humanitaire internationale pour Gaza, qui s’accumule dans le Sinaï, ne sera pas autorisée à entrer.
« Rafah sera ouvert », a toutefois assuré Blinken avant de repartir d’Égypte, et un nouvel émissaire américain se chargera de coordonner « un mécanisme » pour l’aide avec l’ONU, l’Égypte et Israël.
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