Allemagne: fin des poursuites contre un ancien gardien nazi pour raison de santé
Mis en accusation en juillet dernier, Harry S. devra néanmoins s'acquitter des frais de procédures judiciaires dont le montant n'a pas été dévoilé

Un ex-gardien d’un camp de concentration aujourd’hui âgé de 96 ans, soupçonné de complicité de meurtres dans plusieurs centaines de cas, va échapper à un procès pour raison de santé, a annoncé mercredi le tribunal de Wuppertal.
Mis en accusation en juillet dernier, Harry S. devra néanmoins s’acquitter des frais de procédures judiciaires dont le montant n’a pas été dévoilé.
« La chambre a rejeté l’ouverture de la procédure principale pour des raisons juridiques car (…) l’accusé est définitivement inapte à être jugé en raison de son état de santé », explique le tribunal dans un communiqué.
« En raison de son état physique, il n’était plus en mesure de représenter raisonnablement ses intérêts dans et en dehors du procès », a-t-elle ajouté, précisant avoir suivi les recommandations d’un expert médical.
Cependant, même s’il ne s’agit pas d’une preuve formelle de sa culpabilité, Harry S. devra s’acquitter des frais de procédures comme le prévoit le droit allemand à partir du moment où un procès est annulé et qu’il y a « un soupçon important de culpabilité au moment où l’empêchement procédural s’est produit ».
Le tribunal précise d’ailleurs qu’il existe « sur la base du dossier, de très forts soupçons que l’accusé se soit rendu coupable de complicité de meurtre dans plusieurs centaines d’affaires concomitantes ».
Harry S. est soupçonné d’avoir occupé au moins entre fin juin 1944 et fin avril 1945 une fonction de gardien SS au camp de concentration de Stutthof, situé à 40 km de la ville de Gdansk, aujourd’hui en Pologne.
Il avait à ce titre assuré la « sécurisation des transports de prisonniers arrivant continuellement au camp ».
Il aurait aussi au moins à une reprise, escorté un « transport de prisonniers de Stutthof pour Auschwitz-Birkenau le 10 septembre 1944, transportant 598 personnes, dont 596 auraient été assassinées dans des chambres à gaz ».
A travers « sa propre participation au service de garde, il encourageait les actes cruels, et en partie insidieux, de meurtres perpétrés par d’autres. Ceux-ci n’ont pas pu lui être cachés pendant ses dix mois de service dans le camp », estime le tribunal.
Plusieurs autres procédures concernant ce camp sont toujours en cours contre d’anciens gardes SS mais aussi contre une ancienne secrétaire. Agée de 95 ans, elle a été inculpée début février pour complicité de meurtre dans « plus de 10 000 cas » entre 1943 et 1945, selon le parquet de Itzehoe (nord-ouest de l’Allemagne).
Ces dernières années, l’Allemagne a jugé et condamné plusieurs anciens SS et élargi aux gardiens de camps le chef d’accusation de complicité de meurtre, illustrant la sévérité accrue, quoique jugée – très – tardive par les victimes, de sa justice.