Allemagne : le chef de la communauté juive veut limiter l’afflux de migrants
"Le flux de réfugiés a deux facettes. Il faut considérer les deux", a déclaré Josef Schuster
Le président du Conseil central des juifs d’Allemagne, Josef Schuster, s’est prononcé lundi en faveur d’une limitation de l’afflux de réfugiés dans le pays, arguant que beaucoup d’entre eux viennent de pays où « la haine des juifs » est largement répandue.
« Je crois qu’il faudrait que l’accès à l’Allemagne soit contrôlé. Tôt ou tard, on ne pourra pas éviter des plafonds » pour limiter le nombre de réfugiés, a-t-il déclaré au quotidien allemand Die Welt.
L’Allemagne, qui s’attend à accueillir jusqu’à un million de migrants en 2015, débat actuellement de la nécessité de fixer ou non des plafonds pour l’accueil de demandeurs d’asile.
Angela Merkel, qui a fêté dimanche ses 10 ans de pouvoir, est opposée à cette hypothèse, prônant à la place des quotas européens annuels négociés avec la Turquie, à charge ensuite pour les pays de l’UE de se les répartir.
« Le flux de réfugiés a deux facettes. Il faut considérer les deux », a poursuivi M. Schuster.
« Beaucoup de réfugiés fuient la terreur de (l’organisation) Etat islamique et veulent vivre en paix et librement », a-t-il ajouté. Mais « en même temps, ils viennent de cultures où la haine des juifs et l’intolérance sont solidement installées », a-t-il mis en garde, appelant aussi à considérer les questions relatives à « l’égalité homme/femme et le rapport aux homosexuels ».
Interrogé par des journalistes à Vienne, le président de la communauté juive d’Autriche (IKG), Oskar Deutsch, a estimé que l’Autriche se trouvait aussi « plus ou moins aux limites de ses capacités » en matière d’accueil des réfugiés.
Il s’est également inquiété des risques de montée de l’antisémitisme lié à ces nouveaux arrivants. L’Autriche table sur 95.000 demandes d’asile en 2015, soit près de quatre fois plus que l’année passée.
« C’est déconcertant, si la CSU (le parti conservateur allié de la CDU de Mme Merkel, qui exige une limitation du flux de réfugiés, ndlr) et le Conseil central des juifs exigent que la convention européenne des droits de l’homme soit mise de facto hors service », a réagi auprès de l’AFP Günter Burkhardt, patron de l’ONG allemande d’aide aux demandeurs d’asile Pro Asyl.
« Lorsque des réfugiés arrivent en bateau sur les côtes européennes, personne ne peut dire : ‘maintenant, on tourne le bateau dans l’autre sens et on le renvoie d’où il vient' », a encore fait valoir M. Burkhardt.