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Annulation d’un vote à la Knesset sur l’enquête liée au scandale des sous-marins

Les députés d'opposition feront appel de la décision à la Cour suprême

Des députés de l'opposition expriment leur colère après l'annulation par le président de la Knesset Yariv Levin du vote demandant une enquête sur l'affaire des sous-marins, le 21 octobre 2020. (Shmulik Grossman/Knesset)
Des députés de l'opposition expriment leur colère après l'annulation par le président de la Knesset Yariv Levin du vote demandant une enquête sur l'affaire des sous-marins, le 21 octobre 2020. (Shmulik Grossman/Knesset)

Le plénum de la Knesset a voté mercredi en faveur d’une enquête parlementaire sur un scandale de corruption majeur qui a déjà pris au piège plusieurs proches collaborateurs du Premier ministre Benjamin Netanyahu, mais la rare victoire de l’opposition a été rapidement annulée, ce qui a eu pour effet de faire échouer la proposition.

Le président de la Knesset, Yariv Levin, membre du parti du Likud de Netanyahu, a été rapidement conspué après avoir annulé le vote initial sur un point technique, provoquant la colère des membres de l’opposition qui l’ont accusé de politiser sa fonction.

Il n’était pas dit que la motion aux enjeux élevés allait être approuvée après une déclaration du parti de Benny Gantz, Kakhol lavan, selon laquelle ses membres ne la soutiendraient pas – mais elle a finalement été adoptée à la surprise générale par 25 voix contre 23.

Levin a immédiatement cependant annulé ce résultat, déclarant que le chef de la coalition, Miki Zohar, avait demandé un vote à main levée plutôt qu’un vote électronique.

Le Président de la Knesset, Yariv Levin, annule le vote demandant une enquête sur l’affaire des sous-marins, le 21 octobre 2020. (Shmulik Grossman/Knesset)

Il a ajouté que certains députés, dont lui-même, n’avaient pas entendu l’annonce par le vice-président de la Knesset, Mansour Abbas (Liste arabe unie), indiquant que le vote avait démarré.

Levin et Abbas ont ensuite publié une déclaration commune pour défendre cette initiative. « Abbas n’a pas entendu la première demande [de Zohar] pour un vote par appel nominal. C’était la bonne décision d’annuler les résultats du vote et de le refaire », peut-on lire dans la déclaration.

M. Netanyahu a interrompu une réunion du cabinet coronavirus qui discutait d’un éventuel assouplissement des restrictions, et a permis aux ministres du Likud de se rendre en séance plénière pour s’assurer de l’échec de la motion lors du vote.

Les membres de l’opposition étaient furieux, beaucoup d’entre eux sont sortis et ont boycotté le nouveau vote en signe de protestation.

Lors du second vote, 44 députés ont voté contre la motion, mais aucun n’a voté en sa faveur.

Les députés de l’opposition ont juré de contester la décision de Levin devant la Cour suprême de justice.

La députée Tamar Zandberg après l’annulation par le président de la Knesset du vote demandant une enquête sur l’affaire des sous-marins, le 21 octobre 2020. (Shmulik Grossman/Knesset)

La proposition de la députée du Meretz Tamar Zandberg, avec le soutien du parti Yesh Atid-Telem, était destinée à embarrasser Kakhol lavan, dont les dirigeants ont exprimé la semaine dernière leur soutien à la création de la commission suite à ses querelles avec le Likud concernant l’adoption d’un budget de l’Etat, question centrale dans la crise actuelle de la coalition.

La commission devait se pencher sur la soi-disant affaire 3000, une enquête surnommée « l’affaire des sous-marins », qui tourne autour d’allégations de corruption massive dans l’achat par l’État de navires militaires du constructeur naval allemand ThyssenKrupp pour plusieurs milliards de shekels. Le scandale a impliqué plusieurs proches associés de Netanyahu, ainsi que de hauts responsables militaires, mais pas le Premier ministre lui-même.

« Une honte incroyable », a déclaré la députée de Meretz Tamar Zandberg. « La coalition a annulé un vote après l’adoption de ma proposition de commission d’enquête parlementaire ! Il n’est pas question de permettre qu’un vote soit volé. »

« Une honte totale », a déclaré le leader du Meretz, Nitzan Horowitz. « Rien de tel ne s’est jamais produit à la Knesset. »

Horowitz a poursuivi en disant qu’ils feraient appel de la décision.

« Nous allons saisir la Cour suprême », a déclaré Horowitz dans un tweet. « Ils ne voleront pas les votes à la Knesset. »

« Quand les résultats des élections ne conviendront pas à Netanyahu, appellera-t-il aussi à un vote nominal ? », a tweeté le leader d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, en référence aux motifs du gouvernement pour rejeter le premier vote.

L’organisation à but non lucratif de gauche, le Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël (MQG), a déclaré qu’il avait l’intention de déposer une requête auprès de la Cour suprême contre l’annulation du vote.

« Une fois de plus, le président de la Knesset, qui est censé être un fonctionnaire responsable, équilibré et honnête, agit en tant qu’homme de main du gouvernement et neutralise et annule la législature israélienne », a déclaré Tomer Naor du MQG, en référence à un incident survenu plus tôt cette année, au cours duquel Yuli Edelstein, alors président de la Knesset, avait refusé de procéder à un vote sur le choix d’un nouveau président de la Knesset, même lorsque la Cour suprême avait décidé qu’il devait convoquer un tel vote.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une cérémonie d’inauguration d’un nouveau sous-marin, le Rahav, à la base navale israélienne de Haïfa, le 12 janvier 2016. (Kobi Gideon/GPO)

Les opposants politiques de Netanyahu ont accusé le Premier ministre d’un possible conflit d’intérêt dans l’affaire ThyssenKrupp et ont prétendu qu’il aurait pu en tirer un bénéfice financier. Le Likud, le parti au pouvoir de Netanyahu, a déclaré que ces accusations étaient politiquement motivées.

Le scandale concerne également la vente de deux sous-marins de la classe Dolphin et de deux navires de guerre anti-sous-marins par l’Allemagne à l’Égypte, prétendument approuvée par Netanyahu, sans consultation ni notification au ministère de la Défense.

Le ministère public a déclaré dimanche à la Cour suprême de justice qu’il estime que rien ne justifie l’ouverture d’une enquête criminelle sur Netanyahu concernant ses transactions boursières ou l’affaire des sous-marins.

La soi-disant affaire des actions concerne des allégations selon lesquelles Netanyahu aurait illicitement profité de plusieurs millions de dollars en vendant des actions d’une société à son cousin Nathan Milikowsky. Cette société est devenue par la suite un fournisseur de ThyssenKrupp.

La semaine dernière, le procureur général Avichai Mandelblit a déclaré qu’il ne réévaluerait pas le rôle de Netanyahu dans l’affaire, même après la fuite d’une déclaration sous serment d’un ancien directeur du ministère de la Défense, liant apparemment Netanyahu à l’affaire.

Le Premier ministre est actuellement jugé pour fraude et abus de confiance dans trois autres affaires, et pour corruption dans l’une d’entre elles.

Il nie tout méfait et se dit victime d’une tentative de coup d’État politique impliquant la police, les procureurs de l’État sous l’autorité de Mandelblit, l’opposition de gauche et les médias.

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