Après 33 ans d’existence, le salon annuel Kosherfest tire sa révérence
La décision a été prise alors que le secteur casher s'est démocratisé ; environ 40 % des aliments et boissons manufacturés vendus aux États-Unis sont certifiés casher depuis 2018
JTA – Après plus de trente ans, le salon annuel d’aliments certifiés « casher » – qui a vu l’évolution de la cuisine en Amérique passer du guefilte fish et du pastrami « façon », aux biscuits sans gluten et au chewing-gum à base de CBD – ferme ses portes.
« Les exposants estiment que Kosherfest a fait son temps », a annoncé le 31 mars la société Diversified Business Communications, chargée d’organiser ce festival de deux jours.
La société attribue cette décision à l’évolution du secteur des supermarchés et à la manière dont les magasins présentent et achètent les produits casher. Les acheteurs des supermarchés sont de plus en plus susceptibles d’acheter des produits casher lors de foires commerciales générales, plutôt que lors d’événements spécifiques à l’alimentation casher.
« Comme l’acheteur est responsable de l’approvisionnement et de l’achat d’une vaste gamme de produits, il est plus susceptible d’assister à des événements alimentaires présentant des articles qui ne sont pas exclusivement casher », a déclaré la société. « Une foire alimentaire certifiée uniquement casher, telle que Kosherfest, est trop spécialisée pour leur permettre d’y assister. »
La décision d’annuler Kosherfest – qui a compté plus de 325 exposants présentant leurs produits et a attiré jusqu’à 6 000 participants chaque automne – intervient alors que l’alimentation casher s’est démocratisée. En 2018, selon le Boston Globe, environ 40 % des aliments et boissons manufacturés vendus aux États-Unis étaient certifiés casher. L’année dernière, le rabbin Eli Lando, directeur exécutif d’OK Kosher, une agence de certification, a déclaré que les Juifs ne représentaient que 20 % des consommateurs de produits casher, selon la publication Food Dive.
Dans le même temps, les supermarchés et autres piliers du marché casher ont été rejoints par les influenceurs des réseaux sociaux pour promouvoir de nouveaux produits auprès des Juifs qui observent la casheroute. Cette évolution s’est accélérée pendant la pandémie, lorsque le festival Kosherfest a été suspendu pendant un an avant de revenir en 2021 devant un public réduit. Il a récemment dû faire face à certaines difficultés. L’année dernière, la foire recrutait encore des vendeurs quelques jours seulement avant son ouverture. La société a indiqué que les vendeurs qui avaient réservé des stands pour cette année seront remboursés.

Certains participants de longue date au Kosherfest ont estimé que le salon s’était trop tourné vers les influenceurs, tandis que certains d’entre eux ont déclaré que le festival ne leur avait jamais semblé totalement accessible.
« L’industrie alimentaire a évolué et les influenceurs des réseaux sociaux ont indéniablement une voix et une présence et ils mettent les produits face aux consommateurs », a déclaré Chanie Apfelbaum, auteure d’un livre de cuisine casher et fondatrice du célèbre blog « Busy in Brooklyn » ( » occupée à Brooklyn »). « C’est donc quelque chose de nécessaire qu’ils n’étaient pas vraiment prêts à proposer. »
Apfelbaum, qui a déclaré avoir découvert la cuisine coréenne après avoir rencontré un chef au Kosherfest, organisera un concours de cuisine à la Kosher-Palooza, un nouvel événement qui aura lieu à la fin du mois dans le centre de congrès du New Jersey qui a déjà accueilli Kosherfest.
Selon son site web, la Kosher-Palooza s’adresse aux consommateurs individuels et propose des dégustations de vins, des dégustations à l’aveugle et des démonstrations culinaires, ainsi que des expositions de nouveaux produits.

« Vous (et votre appétit) êtes invités à une immense célébration de tout ce qui est casher en présence de centaines de marques alimentaires, d’auteurs de livres de cuisine, d’influenceurs et d’experts, le tout sous un même toit », a annoncé un communiqué de presse pour l’événement distribué le mois dernier.
Parmi les entreprises présentées sur le site web de la Kosher-Palooza figure KosherCatch, une entreprise de poisson frais basée en Nouvelle-Angleterre. Son fondateur, Jeffrey Ingber, a déclaré qu’il était un participant de longue date au Kosherfest, mais qu’il pensait que l’événement avait perdu en popularité ces derniers temps.
« Au cours des dix dernières années, il n’y avait rien de nouveau à voir, ce qui est surprenant car des produits émergents, nouveaux et créatifs sont lancés chaque année par les fabricants », a-t-il déclaré.
Apfelbaum a déclaré qu’elle avait constaté la même chose. « Ces deux dernières années, Kosherfest a été très décevant pour tous ceux qui travaillent dans ce secteur », a-t-elle déclaré. « J’ai trouvé qu’il n’y avait plus beaucoup de vendeurs. L’activité s’est vraiment ralentie. »

La fin du festival a coïncidé avec une explosion rapide des produits casher accessibles – faisant en quelque sorte du salon une victime du succès de son propre domaine.
« Cette année, nous célébrons le centenaire de la certification casher américaine, et les efforts déployés par les certificateurs au cours de ce siècle ont laissé l’industrie casher dans une excellente position », a déclaré David Zvi Kalman, chercheur au Shalom Hartman Institute of North America, qui étudie les tendances de la vie juive.
« Le fait qu’il existe des produits casher tout au long de la chaîne d’approvisionnement signifie que les fabricants peuvent facilement s’approvisionner en ingrédients casher et que les fabricants d’ingrédients sont incités à obtenir la certification pour rester compétitifs », a expliqué Kalman. « Si un marketing efficace a joué un rôle important dans la croissance du secteur – il a sauvé l’Orthodox Union d’une période de stagnation dans les années 1950 – il existe aujourd’hui de puissants effets de réseau qui encouragent les entreprises à se faire certifier, même sans l’aide d’événements tels que Kosherfest. »

Dans une déclaration commentant la fin de Kosherfest, son fondateur, Menachem Lubinsky, a déclaré qu’il était fier des 33 années d’existence du salon. Lubinsky avait vendu le salon à Diversified Business Communications en 2004, mais était resté impliqué dans sa gestion.
« Avec le recul, je peux dire avec fierté que le festival a connu un succès incroyable et qu’il a été à l’origine d’un chapitre glorieux de la croissance du secteur casher et de la communauté juive », a écrit Lubinsky.
« Les trois dernières décennies du salon ont été une période où des dizaines de milliers de produits sont devenus casher, des dizaines d’hypermarchés modernes casher indépendants ont été lancés, il y a eu une explosion de restaurants casher aux thèmes divers et variés, des dizaines de nouveaux livres de cuisine casher ont été publiés, et nous avons assisté à l’avènement d’une nouvelle ère sur les réseaux sociaux et Internet, pour ne citer que quelques-unes de ces gigantesques réalisations », a-t-il ajouté. « La casheroute est devenue populaire dans tous les secteurs du quotidien. »

Les produits casher étant facilement disponibles dans de nombreux endroits, les observateurs ont déclaré que les consommateurs qui observent la casheroute sont de plus en plus à la recherche d’expériences alimentaires uniques ou qui repoussent les limites – un créneau promu par le magazine Fleishigs, l’un des principaux sponsors de la Kosher-Palooza. « Plus qu’une simple autorité en matière de cuisine casher, Fleishigs propose des plats casher comme jamais auparavant », promet le magazine, dont le nom provient d’un terme yiddish désignant les plats à base de viande.
« Les consommateurs observant la casheroute exigent des produits frais et nouveaux que nous voulons voir sur le marché et c’est ce que nous voulons », a déclaré Apfelbaum. « C’est ce que nous recherchons. »
Elan Kornblum, éditeur et président du magazine Great Kosher Restaurants et créateur du groupe Facebook Great Kosher Restaurant Foodies, qui compte près de 83 000 abonnés, est l’un des animateurs de la discussion sur les nouvelles frontières de la restauration casher. Kornblum organisera une rencontre à l’occasion de la Kosher-Palooza, mais cette semaine, il a pris le temps de déplorer la fin du Kosherfest sur son groupe Facebook.
« Des vingt années durant lesquelles je m’y suis rendu j’ai gardé d’excellents souvenirs, j’ai rencontré des gens formidables venus du monde entier et j’ai fait beaucoup d’affaires ici », a-t-il écrit à propos de Kosherfest. « C’est triste de le voir fermer ses portes. »
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