Après 6 semaines de gel, Israël autorise l’entrée de ciment dans Gaza
Un officiel du Hamas qui détournait le matériel pour la construction de tunnels a été écarté pendant des négociations pour mettre fin à la pause des imports privés
Les autorités israéliennes ré-autoriseront lundi le transfert de ciment au secteur privé de la bande de Gaza après un gel des imports de plus d’un mois en raison d’une affirmation disant que le Hamas siphonnait le ciment pour construire des tunnels.
La décision de dimanche du Coordinateur des activités du gouvernement dans les territoires (COGAT) a été confirmée par des sources israéliennes et palestiniennes.
Le COGAT avait suspendu l’import de ciment et d’autres matériaux de construction au début du mois d’avril après qu’un montant non déclaré de ciment qui devait être alloué aux efforts de reconstruction de la bande de Gaza dévastée avait été « saisi par Imad al-Baz, directeur adjoint du ministère de l’Economie du Hamas », avait annoncé à l’époque l’institution gouvernementale sur sa page Facebook en arabe.
Des délibérations entre des fonctionnaires israéliens et de l’ONU, dont Nickolay Mladenov, coordinateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen Orient, ont atteint un accord pour autoriser à nouveau l’importation de ciment.
Les clauses incluent le retrait d’al-Baz et une hausse du nombre d’inspecteurs palestiniens du côté gazaoui du poste-frontière de Keren Shalom, selon les sources.
Le gel de l’importation en avril avait entraîné un arrêt des constructions dans la bande de Gaza et une hausse du chômage ainsi que du prix du ciment.
L’agence pour les réfugiés palestiniens de l’ONU a déclaré dimanche que le taux de chômage de la bande de Gaza était de 41,2 % pour le premier trimestre 2016.
L’Egypte autorisait plus de ciment à être importé depuis le Sinaï pour tenter d’adoucir la crise, mais le prix du ciment était monté à 600 shekels la tonne à Gaza, contre 350 en Israël.
Les imports de ciment pour les projets publics n’avaient pas été touchés par le gel.
L’une des préoccupations majeures d’Israël dans les efforts de reconstruction de la bande de Gaza a depuis longtemps été que les matériaux entrant dans l’enclave côtière soit employés pour créer des tunnels et d’autres infrastructures qui pourraient être utilisées contre l’armée israélienne pendant un futur conflit avec le Hamas.
Depuis le mois d’avril, Israël a trouvé et détruit deux tunnels du Hamas, renforcés avec du ciment, qui passaient le long de la frontière et entraient en Israël, déclenchant de violents embrasement transfrontaliers pendant plusieurs jours en début de mois.
Les actions d’al-Baz ont été mises en lumière par des acteurs internationaux prenant part à la reconstruction de Gaza, avait annoncé le COGAT en avril.
« Nous sommes déçus que le Hamas continue à nuire et à tirer partie de la population palestinienne, simplement pour faire avancer les intérêts de l’organisation », avait écrit le COGAT sur sa page Facebook arabophone.
Les Nations unies avaient condamné dans un communiqué le « détournement de matériaux » mais avaient refusé de nommer le Hamas comme étant le responsable de cette action.
« Ceux qui cherchent à tirer partie du détournement de matériaux volent leur propre peuple et ajoutent à la souffrance des Palestiniens de Gaza », avait déclaré Mladenov.
« Le peuple de Gaza dépend de l’entrée de matériel de construction pour réparer et reconstruire leurs maisons abimées et détruites suite au conflit de 2014 et pour permettre [la construction d’]infrastructures nécessaires et de projets de développements », avait déclaré Mladenov, faisait référence au dévastateur conflit de 50 jours entre Israël et le Hamas à l’été 2014.