Après l’accord avec Liberman, Sissi soutiendrait les demandes palestiniennes pour la paix
La rencontre de vendredi entre Abbas et le président égyptien serait une réponse à l’alliance de Netanyahu avec Yisrael Beytenu à la place de l’Union sioniste
Le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas s’est rendu jeudi au Caire avant de rencontrer vendredi le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi, une action que les officiels israéliens verraient comme une réponse à l’ajout par le Premier ministre Benjamin Netanyahu du parti belliqueux Yisrael Beytenu dans sa coalition gouvernementale, à la place de la pacifique Union sioniste.
Sissi aurait travaillé en coulisses ces dernières semaines pour mettre en place une initiative diplomatique pour relancer le processus de paix israélo-palestinien.
Le 17 mai, le dirigeant égyptien a donné un discours télévisé qui incluait un rare appel direct aux Palestiniens et aux Israéliens, exhortant les deux parties à trouver l’espoir dans la « paix réelle et stable » entre Israël et l’Egypte, et promettant aux Israéliens que la paix avec les Palestiniens amélioreraient leurs relations avec l’Egypte et les autres pays arabes.
Selon des informations parues dans les médias israéliens ces deux dernières semaines, la poussée de l’Egypte était liée aux négociations pour créer un gouvernement d’unité entre le Likud et l’Union sioniste. Les pourparlers d’union ont échoué la semaine dernière, avec des récriminations mutuelles, et Netanyahu a choisi de faire entrer dans le gouvernement Yisrael Beytenu.
Un reportage diffusé jeudi sur la Deuxième chaîne a cité des sources à Jérusalem qui ont déclaré que la rencontre vendredi entre Abbas et Sissi visait à faire basculer l’initiative de paix égyptienne en faveur des Palestiniens. Sissi a demandé à Abbas d’apporter la liste des demandes palestiniennes et, selon le reportage, a déclaré que l’Egypte soutiendrait ces demandes.
Cette affirmation n’a pas encore pu être vérifiée.
Les officiels égyptiens ont démenti l’existence d’une nouvelle poussée pour la paix de Sissi, mais des sources diplomatiques israéliennes et palestiniennes l’ont confirmée.
Un officiel palestinien avait déclaré cette semaine au quotidien Yedioth Ahronoth que Le Caire espérait organiser un sommet trilatéral « dans un futur proche », dans lequel Sissi jouerait l’intermédiaire entre les dirigeants israélien et palestinien. « Personne ne ferme la porte » à l’initiative égyptienne, avait ajouté cet officiel.
Cette semaine, l’ambassadeur de l’AP au Caire, Jamal al-Shoubaki, a déclaré que la tentative égyptienne n’entrait pas en conflit avec les récents efforts français pour organiser un sommet international à Paris, le 3 juin, pour aider au redémarrage des négociations.
Netanyahu avait salué les remarques initiales de Sissi sur la paix, disant qu’Israël exprimait de la « volonté pour investir chaque effort pour faire avancer un futur de paix et de sécurité entre nous et les Palestiniens ». Israël était prêt à rejoindre l’Egypte et d’autres états arabes pour « promouvoir le processus de pax et la stabilité dans la région », avait-il ajouté.
Lundi, une délégation de hauts diplomates israéliens est arrivée au Caire pour discuter avec des officiels égyptiens. Mardi, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair a déclaré à Londres que les pays sunnites étaient prêts à normaliser leurs relations avec Israël si Israël négociait un accord de paix avec l’AP sur la base de l’initiative de paix arabe.
L’initiative de paix arabe, proposée pour la première fois en 2002 et réaffirmée depuis, appelle à une normalisation complète entre Israël et le monde arabe en échange d’un retrait israélien de la Cisjordanie et du plateau du Golan.
Le projet de la France, sujet de discussion lundi pendant une rencontre à Jérusalem entre le Premier ministre français Manuel Valls et Netanyahu, a été rejeté par Israël. Netanyahu a critiqué l’initiative, qui fournirait selon lui une excuse aux dirigeants palestiniens pour éviter des négociations directes avec Israël.