Après son accord avec le Likud, Saar renonce à son droit de s’opposer aux textes des Haredim
Cet accord n'accorde au parti Tikva Hadasha que le droit de voter autrement que la coalition sur les lois relatives à la marijuana médicale et à la refonte du système judiciaire
Gideon Saar a scellé l’accord de coalition de son parti Tikva Hadasha avec le Likud mercredi, renonçant effectivement à sa capacité à s’opposer aux efforts du gouvernement pour exempter les Juifs ultra-orthodoxes – ou Haredim – du service militaire, après avoir promis à maintes reprises de s’opposer à de tels efforts législatifs.
Selon l’accord, Saar deviendra le nouveau ministre des Affaires étrangères d’Israël à la place d’Israel Katz, qui remplace lui-même le ministre de la Défense évincé Yoav Gallant, tandis que la députée Sharren Haskel (Tikva Hadasha), deviendra vice-ministre des Affaires étrangères, chargée de la diplomatie publique, et que Zeev Elkin sera nommé ministre au ministère des Finances.
La nomination de Saar au poste de diplomate en chef d’Israël a été rendue possible par le remplacement de Gallant, qui s’est opposé aux efforts de la coalition visant à exempter les membres de la communauté haredi du service militaire.
Gallant a été limogé mardi à la suite de l’annonce par Tsahal de son intention d’envoyer 7 000 ordres de conscription supplémentaires aux Haredim, ainsi que de la décision de la coalition d’annuler un vote sur un projet de loi controversé visant à contourner un arrêt de la Haute Cour empêchant que les enfants d’hommes ultra-orthodoxes n’ayant pas servi dans l’armée bénéficient de subventions de l’État pour les crèches.
Alors que Saar a insisté à de multiples reprises sur le fait que son parti s’opposerait aux projets de loi qui permettent d’échapper à l’appel sous les drapeaux et qui ne répondent pas aux besoins de l’armée, son nouvel accord de coalition avec le Likud ne lui donne la possibilité de voter différemment de la coalition que sur les projets de loi concernant des changements dans le système judiciaire et le cannabis médical.
S’adressant au Times of Israel, une source anonyme ayant connaissance du dossier a déclaré que si Tikva Hadasha s’oppose toujours officiellement à ces projets de loi, voter activement contre eux pourrait être délicat en raison de son accord de coalition avec le Likud.
Cependant, le parti « pourrait s’abstenir » et « pour l’instant, il n’y a pas de vote », a déclaré la source.
La coalition envisage deux projets de loi : l’un, de grande envergure, complexe et actuellement bloqué, viserait à « réglementer » la conscription haredi, un terme qui, selon les critiques, est un euphémisme pour accorder de larges exemptions ; l’autre mesure provisoire, connue sous le nom de projet de loi sur les garderies, permettrait aux Haredim qui ne se sont pas enrôlés de continuer à recevoir des subventions financières pour les crèches, malgré la décision de la Haute Cour qui l’empêche actuellement.
Saar a déjà exprimé ses doutes quant aux efforts de la coalition pour légiférer une solution à la question de l’enrôlement des Haredim, déclarant au Times of Israel en juin que « si nous ne pouvons pas produire une bonne loi, il vaut mieux ne pas légiférer du tout ».
Lorsqu’il était dans l’opposition, Saar avait sévèrement critiqué la conduite de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza par le gouvernement, déclarant qu’il serait prêt à faire des « concessions » à d’autres partis d’opposition afin de créer un bloc de droite s’opposant à Netanyahu.
Fin septembre, après d’intenses spéculations sur l’imminence du renvoi de Gallant par Netanyahu et son remplacement par Saar, ce dernier avait annoncé que Netanyahu lui avait effectivement proposé le poste de ministre de la Défense afin de ramener son parti au sein de la coalition, mais qu’il ne pouvait pas accepter ce poste en raison de la forte escalade des combats entre Israël et le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah au Liban.
Cependant, à peine une semaine et demie plus tard, Saar était de retour dans la coalition en tant que ministre sans portefeuille et membre du cabinet de sécurité, le forum restreint convoqué pour les décisions majeures concernant la gestion de la guerre.
Son intégration a porté la majorité de la coalition à 68 des 120 sièges de la Knesset, offrant au Premier ministre une certaine marge de manœuvre politique.
Rejoindre le gouvernement était « la chose patriotique et juste à faire maintenant », avait-il déclaré à l’époque, s’opposant aux critiques de ses anciens alliés de l’opposition.
« Il ne sert à rien de continuer à siéger dans l’opposition, où les positions de la plupart des membres sur la question de la guerre sont différentes, voire éloignées des miennes. À l’heure actuelle, il est de mon devoir d’essayer de contribuer à la table où les décisions sont prises », a déclaré Saar, faisant l’éloge d’une série de coups dévastateurs portés par Israël au Hezbollah.