Arkansas: paie retenue pour un médecin juif qui refuse de signer contre le boycott Israël
Conformément à la loi, Steve Feldman, un militant des droits des Palestiniens et dermatologue n’a pas reçu les 500 $ qui lui étaient dus après une conférence à l'université par Zoom
JTA – L’État de l’Arkansas refuse de payer un médecin juif pour une conférence qu’il a donnée dans une université publique parce qu’il a refusé de s’engager à ne pas boycotter Israël.
Le Dr Steve Feldman, dermatologue, a donné une conférence par Zoom aux étudiants en médecine de l’Université de l’Arkansas à Little Rock en février. L’État aurait dû lui verser des honoraires de 500 dollars pour cette conférence. Mais Feldman affirme que l’État retient le paiement parce qu’il a refusé de signer un engagement, exigé pour tout prestataire du service public en vertu de la loi de l’Arkansas depuis 2017, stipulant qu’il s’engage à ne pas boycotter Israël.
« Ils ont mis en place une loi qui subordonne les contrats avec l’Arkansas à l’acceptation de ne pas boycotter Israël, ce qui est, selon moi, inadmissible », a déclaré Feldman, qui est professeur à l’École de médecine de l’Université Wake Forest à Winston-Salem, en Caroline du Nord, à la Jewish Telegraphic Agency. « Pour moi, qui ai grandi dans la religion juive, la leçon principale que j’ai tirée de la Shoah est qu’il est inacceptable de faire du mal à autrui ».
L’Arkansas fait partie des dizaines d’États qui ont adopté des lois visant à lutter contre le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions ciblant Israël. Ces lois interdisent à l’État d’investir dans des entreprises qui boycottent Israël ou, comme dans le cas de l’Arkansas, obligent les contractants publics à s’engager à ne pas boycotter le pays. La plupart de ces lois ont été annulées par les tribunaux, mais la conférence de Feldman a eu lieu le même mois où la Cour suprême des États-Unis a rejeté un appel contre la loi de l’Arkansas. Le cas de Feldman est le dernier exemple en date de la manière dont ces lois affectent des transactions commerciales, autrement ordinaires, de l’État.
Feldman a de la famille proche qui vit en Israël. Il a néanmoins affirmé que l’engagement entrait en conflit avec ses convictions religieuses et morales. Outre son travail de secouriste, c’est un militant pro-palestinien qui a créé le Musée juif de l’expérience palestinienne, accessible uniquement en ligne. Le site soutient que l’engagement des Juifs à lutter contre l’injustice devrait les inciter à défendre les droits des Palestiniens. Feldman a déclaré être favorable au boycott d’Israël.
« Je pense que le seul moyen pour qu’Israël autorise les familles palestiniennes à retourner chez elles, pour que tout le monde puisse vivre ensemble en paix, est le boycott », a-t-il déclaré.
Bien que la loi de l’Arkansas, adoptée en 2017, ne s’applique qu’aux entrepreneurs gagnant plus de 1 000 dollars de l’État, Feldman a affirmé qu’on lui avait refusé son paiement de 500 dollars. La justification, selon lui, était que le fait d’être ajouté à la base de données des prestataires de l’État le rendrait éligible à de futures missions qui pourraient s’élever à plus de 1 000 dollars.
Feldman a déclaré à la JTA qu’il étudiait ses droits et qu’il n’excluait pas un procès contre l’État comme moyen pour défendre les droits des Palestiniens et pour contester la décision rendue l’année dernière par la Cour fédérale du huitième circuit, qui a estimé que la loi était protégée par la Constitution.
« Je serais bien aise d’intenter un procès et de voir le tribunal de circuit se rétracter ou aller jusqu’à la Cour suprême pour exposer aux gens des choses qu’ils ignoraient », a-t-il déclaré.
Le procureur général de l’Arkansas, Tim Griffin, un républicain, a déclaré que la loi visait à lutter contre la discrimination fondée sur la nationalité. Suite à la décision de la Cour suprême de ne pas entendre l’affaire, il a déclaré au quotidien Arkansas Democrat-Gazette que son action visait à « garantir que les contribuables n’aient pas à payer pour la discrimination anti-Israël et anti-israélienne ».
Les propos de Feldman ont initialement été publiés par l’Arkansas Times, une publication qui s’est elle-même retrouvée impliquée dans la loi anti-boycott de l’État. L’éditeur du journal, Alan Leveritt, a attaqué la loi en justice après avoir été invité à signer l’engagement anti-boycott pour que le journal puisse diffuser de la publicité provenant d’une université de l’État. Le procès, qui est arrivé jusqu’à la Cour suprême, défendait l’idée que la loi constituait une violation des droits du premier amendement applicables au magazine. Il a été soutenu par des groupes juifs progressistes et contesté par plusieurs groupes pro-israéliens. Leveritt a déclaré ne pas avoir d’opinion bien arrêtée sur la question du boycott d’Israël, mais que son hebdomadaire refusait de prendre des positions politiques en échange d’annonces publicitaires.
Depuis l’adoption de lois interdisant le boycott d’Israël par les États, certains législateurs s’en sont inspirés pour interdire d’autres types de campagnes de cessions, telles que celles portant sur les combustibles fossiles ou l’industrie des armes à feu.
Feldman dit qu’il aurait pu signer l’engagement, prendre l’argent et ensuite boycotter Israël afin de voir comment l’État réagirait, mais que de tels actes allaient « à l’encontre de [son] caractère moral juif » et qu’il était incapable de mentir sur un formulaire.