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Attentat de la rue Copernic: l’heure du verdict, 43 ans après

L'audience aura permis de "libérer la parole" des 320 fidèles présents dans la synagogue quand la bombe a explosé dans la rue à l'extérieur

Cette photo prise le 24 mai 2016 montre Hassan Diab, arrêté en novembre 2008 pour son rôle présumé dans l'attentat de la synagogue de la rue Copernic en 1980 au palais de justice de Paris, en France. (Crédit : AFP PHOTO / BERTRAND GUAY)
Cette photo prise le 24 mai 2016 montre Hassan Diab, arrêté en novembre 2008 pour son rôle présumé dans l'attentat de la synagogue de la rue Copernic en 1980 au palais de justice de Paris, en France. (Crédit : AFP PHOTO / BERTRAND GUAY)

La perpétuité ou l’acquittement ? Quarante-trois ans après l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, la cour d’assises spéciale rend son verdict vendredi à l’égard de l’unique accusé jugé en son absence, le Libano-Canadien Hassan Diab qui proteste de son innocence.

Peu après la reprise de l’audience vendredi matin, et faute de derniers mots de l’accusé de 69 ans, les cinq magistrats professionnels composant la cour partiront quasi immédiatement en délibéré, prévu pour durer toute la journée.

Ils devront trancher selon leur « intime conviction » en faveur de la culpabilité ou de l’innocence de Hassan Diab, le seul mis en cause pour l’attentat à la bombe ayant visé la synagogue de la rue Copernic et fait quatre morts et des dizaines de blessés le 3 octobre 1980.

Sans aucune surprise au terme de trois semaines de débats antagonistes et souvent vifs, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a requis jeudi la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre de Hassan Diab, et la défense son acquittement afin d' »éviter une erreur judiciaire ».

Le dossier s’appuie essentiellement sur des renseignements, qui ont attribué dès les années 1980 l’attentat – qui n’a pas été revendiqué – au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe dissident du FPLP.

Après une longue mise en sommeil de l’instruction, de nouveaux renseignements désignaient en 1999 les membres présumés du commando, dont Hassan Diab comme celui ayant confectionné la bombe et l’ayant abandonnée devant la synagogue.

De cet insaisissable accusé, dont la chaise est demeurée vide dans le prétoire, la cour n’aura vu que des photos en noir et blanc à divers âges de sa vie, les confrontant avec les portraits-robots de l’homme qui avait acheté la moto utilisée pour l’attentat, dessinés par des témoins en 1980.

Cette photo d’archives montre des pompiers debout près de l’épave d’une voiture et d’une motocyclette après un attentat à la bombe contre la synagogue de la rue Copernic, causant la mort de quatre personnes prise rue Copernic à Paris, le 3 octobre 1980. (Crédit : AFP/STF)

Passeport

Défense et accusation auront surtout bataillé autour d’une autre photographie, celle de piètre qualité du passeport d’Hassan Diab, au cœur de l’accusation.

Ce passeport, comportant à des dates entourant l’attentat des tampons d’entrée et de sortie d’Espagne, pays d’où serait parti le commando selon les renseignements, avait été saisi en 1981 à Rome sur un membre présumé du FPLP-OS. Son existence n’avait été révélée que dix-huit ans après les faits.

Pour le parquet national antiterroriste, cet « élément extrêmement incriminant » et les « alibis qui ne tiennent pas » d’Hassan Diab au sujet de son passeport ont « fini d’emporter la conviction de sa culpabilité ».

La défense rétorque qu' »aucun élément matériel, aucune preuve » ne permet « d’affirmer » que l’ancien étudiant de sociologie était en France au moment des faits.

Hassan Diab a toujours assuré qu’il passait alors ses examens à l’université de Beyrouth et ne pouvait avoir utilisé ce passeport, qu’il disait avoir perdu.

Après avoir auditionné d’anciens camarades de faculté et l’ex-compagne d’Hassan Diab, deux juges d’instruction avaient considéré comme « vraisemblable » sa présence au Liban lors de l’attentat et ordonné un non-lieu en janvier 2018. Remis en liberté, il était reparti au Canada.

Cette décision motivée par des « doutes » sur sa culpabilité et défendue à la barre de la cour d’assises spéciale par deux juges d’expérience, avait été infirmée trois ans plus tard par la cour d’appel, qui avait ordonné la tenue de ce procès.

L’audience aura permis de « libérer la parole » d’une poignée des 320 fidèles présents dans la synagogue quand la bombe a explosé dans la rue à l’extérieur, nouvellement constituées parties civiles après quatre décennies d’un « mutisme contraint », avait relevé un avocat de victimes, Me David Père.

Elles « ne sont pas mues par un esprit de vengeance et ne cherchent pas particulièrement un coupable, une tête que l’on voudrait promener au bout d’une pique, (…) elles veulent que justice passe », avait-il assuré.

Si la cour condamnait Hassan Diab, elle décernerait également à son encontre un mandat d’arrêt. L’issue d’une éventuelle nouvelle procédure d’extradition est incertaine, la première, qui avait abouti au bout de six ans, ayant tendu les relations diplomatiques entre la France et le Canada.

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