Au Saint-Sépulcre, des fouilles intensives révèlent des trésors historiques
Un projet de restauration de 11 M de $ sur 2 ans lève le voile sur des détails fascinants issus de siècles de construction hétéroclite sur l'un des sites les plus sacrés de la chrétienté
Des experts venus de Rome ont achevé des semaines de travaux archéologiques minutieux dans l’une des parties les plus sensibles de l’église du Saint-Sépulcre, selon la Custodia Terrae Sanctae, qui supervise les lieux saints chrétiens en Israël. Des archéologues du Département des antiquités de l’Université de Rome Sapienza ont fouillé la zone autour du Saint Édicule, ou tabernacle principal, dans le cadre d’un projet de rénovation et de fouilles archéologiques de 41 millions de shekels sur deux ans.
La tradition chrétienne veut que Jésus ait été crucifié par les Romains juste à l’extérieur des murs de la ville, tels qu’ils existaient il y a 2 000 ans, et qu’il ait été enterré dans une grotte à proximité.
Les archéologues ont travaillé 24 heures sur 24 pendant sept jours et sept nuits, du 20 au 27 juin, pour fouiller la zone située devant l’édicule. Ce calendrier serré avait pour but de minimiser les perturbations pour les visiteurs, car les fouilles nécessitaient la fermeture au public de l’édicule – construit sur le site de la grotte où Jésus aurait été enterré.
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Les fouilles les plus récentes ont permis d’en savoir plus sur l’aménagement paléo-chrétien de l’édicule, dont certaines parties remontent au IVe siècle. Sous l’une des dalles au sol, les archéologues ont découvert un trésor de pièces de monnaie qui comprenait des pièces frappées jusqu’à l’époque de l’empereur romain Valens (364-378).
Parmi les autres découvertes intéressantes, citons un fragment de revêtement mural, c’est-à-dire l’extérieur du mur, provenant de l’édicule principal, couvert de graffitis datant du XVIIIe siècle et rédigés dans différentes langues, dont le grec, le latin et l’arménien.
Au début de l’été, les archéologues ont travaillé à la restauration d’autres parties du sol de la basilique, avec l’aide d’un groupe de conservation de Turin, en Italie, et de la Faculté franciscaine de sciences bibliques et d’archéologie de Jérusalem. Ils ont mis au jour un ancien système de drainage et exploré les différentes techniques de maçonnerie et les types de ciment utilisés.
Histoire d’une église
L’église du Saint-Sépulcre a été construite vers 330 de notre ère, après que l’empereur Constantin a embrassé le christianisme et que sa mère, Hélène, s’est rendue en Terre sainte pour identifier les sites liés à Jésus. Elle fit construire des églises monumentales, dont l’église du Saint-Sépulcre, considérée comme le lieu traditionnel de la crucifixion et de l’enterrement du Christ.
Avant cela, il s’agissait probablement d’un lieu de pèlerinage pour les premiers chrétiens. Les archéologues ont également découvert sur le site des inscriptions latines datant d’avant la construction de l’église, ce qui indique qu’il s’agissait peut-être déjà d’un site d’importance religieuse pour les chrétiens.
Mais avant la construction de l’église, à partir de 330 de notre ère, c’était un temple païen. Les Romains persécutèrent la première communauté chrétienne et l’empereur Hadrien décida que le site conviendrait parfaitement à un temple de Jupiter ou de Vénus.
Les envahisseurs perses ont incendié l’église en 614, et elle a été détruite à nouveau en 1009 par le calife pathologique al-Hakim, qui a persécuté les Juifs, les chrétiens et même ses compatriotes musulmans. Les croisés ont restauré l’église au XIIe siècle et ont donné à l’église du Saint-Sépulcre son aspect actuel.
Depuis 1852, le site est régi par un accord rigide de partage du pouvoir entre les différentes confessions chrétiennes, connu sous le nom de « statu quo ». Une famille musulmane s’est vu confier les clés de l’église depuis au moins 800 ans.
Dans le cadre de cet accord, les différentes confessions ont entrepris de petites rénovations des chapelles sous leur contrôle, mais l’action collective pour entretenir les zones partagées s’est souvent révélée difficile à mettre en œuvre. La prise de conscience a eu lieu en 2015, lorsque les autorités israéliennes ont brièvement fermé l’édicule, le jugeant dangereux.
La structure en calcaire et en marbre de l’édicule nécessitait une attention urgente après des années d’exposition à des facteurs environnementaux tels que l’eau, l’humidité et la fumée des cierges.
Une église qui se rénove ensemble reste unie
Les différents courants du christianisme se sont réunis en 2016 pour restaurer le Saint Édicule. Il s’agissait de la première rénovation de grande envergure depuis le nettoyage effectué après l’incendie de 1808. En octobre 2016, alors que les travaux de restauration battaient leur plein, des conservateurs ont affirmé avoir trouvé le lit de calcaire original sur lequel Jésus a été déposé. L’édicule nouvellement restauré a été ouvert au public un an plus tard.
Mais comme les rénovations ont tendance à le faire, celle de l’édicule a mis en évidence la nécessité de procéder à d’autres réparations, notamment des travaux urgents sur le sol de la basilique.
Comme la majeure partie de l’église, le sol est un amalgame de méthodes de construction de différentes époques et comprend des pierres datant de l’époque des croisades au XIIe siècle, des ajouts récents du XIXe siècle et des taches de béton et de mortier qui faisaient partie de rénovations antérieures plus grossières.
La rénovation offre l’occasion d’effectuer des recherches archéologiques et de réparer les canalisations d’eau et d’électricité qui passent sous l’église, nichée au cœur de la Vieille Ville de Jérusalem, densément peuplée.
L’église a réalisé une étude préliminaire entre 2020 et 2022, alors qu’elle était en grande partie vide en raison de la pandémie de coronavirus. Les travaux de rénovation et les fouilles archéologiques ont commencé en mars 2022.
Le sol de 1 200 mètres carrés sera réparé par phases afin de permettre la poursuite des services liturgiques et des visites. La rénovation sera financée par des dons et devrait s’achever en mai 2024, en fonction des découvertes des archéologues.
« La coopération entre les trois communautés est la chose la plus importante », avait déclaré le révérend Francesco Patton, chef de l’ordre catholique franciscain chargé de la préservation des sites chrétiens en Terre sainte, l’année dernière, lorsque les fouilles ont commencé. « Cela montre au monde entier qu’il est possible pour des chrétiens d’églises et de communautés différentes d’avoir une relation fraternelle. »
Les travaux de restauration eux-mêmes semblent avoir aidé les différentes églises à aplanir leurs divergences.
« Le dialogue est vraiment facilité lorsque l’on fait quelque chose ensemble avec les autres », avait déclaré Patton l’année dernière.
« Travailler ensemble aide les gens à se connaître et à entamer un processus de confiance. »
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