Israël en guerre - Jour 400

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Analyse

Avec 50 frappes en 2h, Liberman commence-t-il à mettre en place son nouveau plan sécuritaire ?

Pendant la première démonstration de forces importante depuis qu’il a pris la Défense, Tsahal a mené le plus grand bombardement depuis la guerre de 2014 en réponse à un tir de roquette. Cela ne signifie cependant pas qu’une nouvelle guerre est imminente

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

En l’espace de deux heures, l’armée israélienne a frappé environ 50 fois les installations du Hamas dans le nord de la bande de Gaza dimanche soir, selon une source militaire.

Il s’agissait de la deuxième série de frappes combinées (aviation et tank) dimanche, suite à un assaut similaire mais moins important sur des installations du Hamas dans la région de Beit Hanoun, dans le nord de l’enclave côtière, et du plus grand bombardement israélien depuis la guerre à Gaza en 2014.

Une roquette tirée contre Israël entraîné généralement une frappe de représailles par l’armée de l’air israélienne. Les responsables militaires israéliens ont par conséquent décrit les frappes à grande échelle, qui ont eu lieu quelques heures après le tir d’un seul projectile sur la ville de Sdérot, dans le sud d’Israël, qui a atterri entre deux maisons et près d’une université, comme « exceptionnelles » ou « irrégulières ». Cela pourrait cependant annoncer ce qui arrive.

Les frappes israéliennes, bien qu’assez puissantes et nombreuses pour être entendues depuis Israël, ont ciblé des infrastructures du Hamas et n’ont entraîné que peu de dommages collatéraux. Les médias palestiniens ont annoncé qu’entre deux et cinq personnes avaient été légèrement blessées, le cas le plus sérieux semblant être une blessure au pied due à un éclat d’obus.

Des enfants palestiniens jouent dans un cratère à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, créé par une frappe aérienne israélienne la veille tirée en réponse à une roquette lancée sur Sdérot, le 22 août 2016. (Crédit : AFP/Mahmud Hams)
Des enfants palestiniens jouent dans un cratère à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, créé par une frappe aérienne israélienne la veille tirée en réponse à une roquette lancée sur Sdérot, le 22 août 2016. (Crédit : AFP/Mahmud Hams)

Dimanche soir, le Hamas a également paradé dans les rues de Rafah, et des représentants du groupe terroriste sunnite ont également menacé de reprendre les violences contre Israël si le blocus de Gaza continuait.

Dimanche soir, les responsables du Hamas ont affirmé qu’Israël essayait de « créer un nouveau statu quo dans la bande de Gaza », alors que les responsables militaires israéliens se sont précipités pour annoncer dimanche qu’il n’y avait « pas d’intention d’intensification ».

Alors pourquoi cette réponse « exceptionnelle » de l’armée israélienne ?

Dans les heures suivant les frappes israéliennes, beaucoup ont pointé le ministre de la Défense, Avigdor Liberman, partisan d’une ligne dure, comme le responsable de ces frappes à grande échelle, et de ce que certains analystes ont appelé une réponse « disproportionnée ».

Cependant, ce n’était pas le premier tir de roquette d’un groupe terroriste de la bande de Gaza depuis que Liberman a pris la tête du ministère de la Défense en mai, ni la plus destructrice.

Le jardin d'enfants de Sdérot touché par une frappe de roquette tirée depuis la bande de Gaza, le 1er juilet 2016. (Crédit : capture d'écran YouTube)
Le jardin d’enfants de Sdérot touché par une frappe de roquette tirée depuis la bande de Gaza, le 1er juilet 2016. (Crédit : capture d’écran YouTube)

Le 1er juillet, une roquette tirée depuis la bande de Gaza a frappé un jardin d’enfants israélien vide à Sdérot, s’écrasant dans le plafond et abimant l’intérieur.

Au contraire, la roquette de dimanche a atterri entre deux maisons, n’entraînant ni blessés, ni dommages matériels sérieux.

Cette réponse importante de l’armée de l’air israélienne semblait être la dernière partie de la nouvelle politique de « carotte et du bâton » de Liberman à l’égard des Palestiniens, qu’il a dévoilé la semaine dernière.

Cette initiative relativement directe implique de punir les « mauvaises » villes palestiniennes, celles d’où sont venus des terroristes, et où se déroulent des émeutes contre les forces de sécurité israéliennes, tout en fournissant des avantages économiques aux « bonnes » villes palestiniennes, celles qui restent calmes.

Un homme inspecte les dommages à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, après une frappe aérienne israélienne la veille tirée en réponse à une roquette lancée sur Sdérot, le 22 août 2016. (Crédit : AFP/Mahmud Hams)
Un homme inspecte les dommages à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, après une frappe aérienne israélienne la veille tirée en réponse à une roquette lancée sur Sdérot, le 22 août 2016. (Crédit : AFP/Mahmud Hams)

Même si ce n’était pas la première attaque à la roquette depuis la nomination de Liberman, c’était la première depuis l’annonce de cette nouvelle politique, un projet qui lui a attiré la colère de plusieurs députés de droite, dont Bezalel Smotrich, du parti HaBayit HaYehudi, et Yoav Kisch, du Likud, parce qu’elle serait trop légère envers les Palestiniens.

Et bien que cette politique s’adresse plus particulièrement à la Cisjordanie, le nouveau projet de Liberman semble avoir été appliqué à la bande de Gaza dimanche soir.

Des membres palestiniens des Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, exposent des roquettes Qassam "maison" pendant une parade militaire anti-Israël marquant le 2° anniversaire de la mort des commandants militaires du Hamas Mohammed Abu Shamala et Raed al-Attar, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza,le 21 août 2016. Crédit : AFP/Said Khatib)
Des membres palestiniens des Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, exposent des roquettes Qassam « maison » pendant une parade militaire anti-Israël marquant le 2° anniversaire de la mort des commandants militaires du Hamas Mohammed Abu Shamala et Raed al-Attar, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza,le 21 août 2016. Crédit : AFP/Said Khatib)

Il existe aussi la possibilité que les frappes aériennes israéliennes aient aussi une fonction opérationnelle, et pas seulement dissuasive, même si cela n’a pas été confirmé officiellement par des sources militaires.

Que les frappes aient été une tentative de Liberman de prouver aux Israéliens qu’il serait dur contre le terrorisme, un effort de dissuasion envers le Hamas, une action contre certains objectifs militaires ou, plus probablement, une combinaison des trois, aucun groupe ne semble vouloir que cet échange de tirs continue.

Dans les deux ans qui ont suivi la dernière guerre à Gaza, appelée opération Bordure protectrice en Israël, les deux parties ont répété de nombreuses fois qu’elles ne voulaient pas reprendre le conflit ; et cela reste vrai.

Le Hamas, qui a perdu un grand nombre d’armes et de roquettes en 2014, a affronté des difficultés à mettre la main sur du matériel en raison du blocus naval imposé par Israël, et des répressions égyptiennes accrues contre ses contrebandes souterraines. Par conséquent, le groupe terroriste est motivé pour retarder une nouvelle série de combats contre Israël jusqu’à ce qu’il soit mieux fourni et mieux armé.

Des enfants israéliens jouent près d'un refuge décoré dans le kibboutz Nahal Oz, le 6 juillet 2015. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Des enfants israéliens jouent près d’un refuge décoré dans le kibboutz Nahal Oz, le 6 juillet 2015. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Israël, d’autre part, semble voir le calme sur la frontière de Gaza comme sa propre récompense.

De plus, le Hamas n’a en général pas lancé de roquettes sur Israël ces deux dernières années. A la place, les 14 roquettes tirées contre Israël en 2016 ont majoritairement été lancée par des groupes salafistes marginaux, dont certains sont liés à l’Etat islamique, qui a une relation agressive et tendue avec le Hamas.

Malheureusement, pendant ces deux années depuis Bordure protectrice, il a souvent été dit qu’aucune des parties n’avaient besoin de désirer la guerre pour qu’elle se produise.

La nature de la relation de représailles entre Israël et les dirigeants terroristes de la bande de Gaza rend la situation mûre pour une intensification rapide.

Un groupe terroriste marginal de la bande de Gaza tire une roquette, entraînant une réponse israélienne. Ne voulant pas paraître faible, le Hamas réplique, entraînant d’autres représailles israélienne, et cela continue ad bellum.

Pour les Palestiniens vivant dans la bande de Gaza, et pour les Israéliens qui vivent à sa frontière, l’échange de dimanche a été un rappel de ce qu’une autre guerre pourrait être, et de pourquoi elle devrait être évitée.

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