Avec une frappe par drone, Tsahal change les règles d’engagement en Cisjordanie
En réponse à la multiplication de fusillades terroristes sur les autoroutes et à la résistance violente aux raids israéliens à Jénine, l'armée a eu recours à la force aérienne
L’utilisation par Tsahal de ses forces aériennes en Cisjordanie à deux reprises cette semaine, après s’en être abstenu pendant vingt ans, indique qu’Israël a l’intention de changer les règles d’engagement dans la lutte contre le terrorisme palestinien. Ce changement intervient en réponse aux efforts des groupes armés palestiniens qui ont intensifié leurs attaques terroristes et renforcé leur résistance aux opérations israéliennes.
Le nord de la Cisjordanie, et en particulier la ville de Jénine et ses environs, sont depuis longtemps considérés par l’armée israélienne comme des foyers du terrorisme, comme en témoigne la série d’attentats perpétrés au début de l’année 2022, dont un grand nombre ont été commis par des résidents de la ville. Plusieurs des frappes aériennes ciblées menées par Israël en Cisjordanie pendant la deuxième Intifada palestinienne au début des années 2000 visaient déjà Jénine, où a eu lieu une bataille importante pendant l’opération Bouclier défensif en 2002.
Les raids aériens n’ont jamais été totalement exclus en ce qui concerne la ville de Jénine, et, ces derniers mois, Tsahal a constaté une plus grande résistance palestinienne armée dans la ville, avec des tirs beaucoup plus nourris que dans les autres villes de Cisjordanie. Ceci a été d’autant plus évident lors du raid de Tsahal lundi dernier, lorsqu’une grosse bombe a explosé en bord de route près d’un convoi de véhicules militaires.
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L’engin explosif a fortement endommagé un véhicule blindé de transport de troupes Panther et a fait sept blessés parmi les soldats, avec des blessures légères et modérées. À la suite de l’explosion, des hommes armés affiliés au Jihad islamique palestinien, le groupe terroriste dominant à Jénine, ont ouvert le feu sur le véhicule en panne alors que l’armée tentait d’évacuer les soldats de Tsahal blessés vers les hôpitaux. Sept Palestiniens ont été tués et près de 100 ont été blessés lors des affrontements qui ont suivi.
Si depuis quelques mois, il n’est pas inhabituel pour l’armée de se trouver face à de tels engins explosifs en Cisjordanie, l’ampleur des dégâts causés à l’APC et le nombre élevé de blessés israéliens, en revanche, l’étaient. Pour faciliter l’extraction des soldats blessés sous le feu de l’ennemi, un hélicoptère Apache a lancé des missiles sur des zones ouvertes proches du site où la bombe avait été placée en bord de route, afin d’effrayer les hommes armés du Jihad islamique.
L’Apache est rarement utilisé dans ce type d’opération. Ces frappes sont les premières menées en Cisjordanie depuis une vingtaine d’années.
Tsahal a en effet fait usage d’hélicoptères d’attaque en Cisjordanie au début des années 2000, lors de la seconde Intifada, mais uniquement dans des circonstances particulières et non pas de manière systématique.
Un drone israélien a frappé une voiture qui transportait trois hommes armés palestiniens qui venaient d’ouvrir le feu en direction d’un checkpoint du nord de la Cisjordanie, mercredi soir, ont fait savoir l’armée et le Shin Bet.
La voiture transportait trois tireurs palestiniens de Jénine – deux d’entre eux du Jihad islamique et le troisième membre des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, une coalition de groupes armés vaguement affiliés au Fatah, le parti au pouvoir au sein de l’Autorité palestinienne (AP). Selon Tsahal, ce serait la première frappe aérienne aussi meurtrière contre des Palestiniens en Cisjordanie depuis 2006.
Les responsables militaires affirment qu’il ne s’agissait pas d’un assassinat ciblé, comme c’est le cas dans la bande de Gaza. Les trois tireurs n’étaient pas des hauts responsables et n’ont pas été traqués pendant des mois en vue d’un assassinat.
En revanche, ils ont eu la malchance de tenter une attaque au moment même où Israël cherchait à rétablir sa force de dissuasion dans la région après une série de fusillades. À cette fin, le ministre de la Défense Yoav Gallant avait autorisé l’armée à effectuer des frappes de drones sur des cellules terroristes commettant des attentats, si les circonstances le permettaient.
Le trois hommes avaient quitté Jénine en voiture et sont allés jusqu’au poste de contrôle de Jalameh, situé à proximité, avant d’ouvrir le feu. Quelques instants plus tard, un drone Elbit Hermes 450, opéré par le corps d’artillerie, a frappé leur véhicule, tuant les trois occupants de la voiture.
Depuis l’année dernière, des tireurs palestiniens ciblent régulièrement les troupes effectuant des raids d’arrestation ainsi que des postes militaires et des points de contrôle, des implantations israéliennes et des civils sur les routes, en particulier dans le nord de la Cisjordanie. En règle générale, ces hommes armés sont soit tués par les forces terrestres au cours de l’attaque, soit arrêtés ou abattus lors de raids menés par l’armée.
Ces dernières semaines, les terroristes du nord de la Cisjordanie ont multiplié les attaques, tuant Meir Tamari, 32 ans, près de l’implantation de Hermesh, le 30 mai ; blessant un civil près de la ville palestinienne de Huwara, le 6 juin ; blessant un civil et quatre soldats près de la ville palestinienne de Yabed, le 13 juin ; et tuant Nachman Mordoff, 17 ans, Elisha Anteman, 17 ans, Harel Masood, 21 ans, et Ofer Fayerman, 64 ans, mardi, près de l’implantation d’Eli.
Les responsables militaires disent avoir constaté une augmentation des attaques menées par des terroristes palestiniens sur les autoroutes du nord de la Cisjordanie. Ces derniers prennent ensuite la fuite et se cachent dans des villes palestiniennes, évitant ainsi de se faire prendre. L’un des terroristes affiliés au Hamas qui a perpétré l’attentat près d’Eli a réussi à parcourir quelque 70 kilomètres à bord d’une voiture volée avant d’être abattu par les forces spéciales dans une ville palestinienne.
Les responsables militaires ont indiqué que c’était la raison pour laquelle avait été menée mercredi en fin de journée l’attaque par drone, afin d’empêcher les terroristes de s’enfuir et de perpétrer ensuite d’autres attaques. Selon Tsahal et l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, les trois hommes étaient à l’origine de nombreuses attaques similaires dans le nord de la Cisjordanie.
Tsahal a également renforcé ses effectifs en Cisjordanie afin de mieux sécuriser les autoroutes à la suite de la fusillade meurtrière de mardi près d’Eli.
Les terroristes palestiniens sont en train de changer les règles d’engagement, avec une multiplication des fusillades dans le nord de la Cisjordanie, une meilleure résistance face aux incursions israéliennes à Jénine, et même quelques tentatives infructueuses de fabriquer des roquettes pour les lancer sur Israël ou sur des implantations israéliennes.
Aujourd’hui, Israël se met lui aussi à employer des tactiques nouvelles, ou inutilisées depuis longtemps, pour lutter contre le terrorisme palestinien.
Si les frappes de drones sur des hommes armés deviennent monnaie courante, il est plus que probable que cela changera la façon dont les groupes terroristes opèrent dans la région. Il reste à voir si la menace de la puissance aérienne militaire encouragera les organisations à limiter leurs opérations, du moins à court terme, ou si elle déclenchera un cycle d’escalade encore plus sévère avec Israël.
À long terme, les groupes terroristes palestiniens devraient continuer à s’adapter aux méthodes israéliennes, modifier leur mode opératoire et continuer à défier l’armée.
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