Ayelet Shaked appelle à un « gouvernement national élargi »
La ministre de l'Intérieur met en garde contre un "abîme de polarisation" dans la politique alors qu'elle s'efforce de stabiliser sa faction après une période tumultueuse
La cheffe du parti Yamina, Ayelet Shaked, a appelé mercredi à la formation d’un « gouvernement national élargi », dans sa première déclaration publique sur les prochaines élections depuis qu’elle a pris les rênes de la faction de droite la semaine dernière.
« Au vu de la situation politique d’Israël actuelle, nous risquons d’être entraînés dans un abîme de polarisation qui conduira à un réel danger », a déclaré Shaked, ministre de l’Intérieur, lors d’un festival dans la ville de Carmiel.
« Nous nous battons ensemble, nous nous engageons dans Tsahal ensemble, nous atteignons des réalisations nationales ensemble, nous célébrons les fêtes ensemble, nous pleurons ensemble et nous vivons la douleur ensemble. Ce n’est qu’en politique que nous voyons une division et une polarisation aussi douloureuses », a-t-elle déclaré. « Je crois qu’il existe des moyens de nous unir, de nous lier et d’être ensemble ».
« Nous avons besoin que tout le monde travaille ensemble. Les rivaux politiques ne sont pas des ennemis », a-t-elle déclaré. « Je dis à tout le monde – venez, travaillons ensemble. Je crois qu’ensemble, nous pouvons établir un gouvernement national élargi. »
Les Israéliens se rendront aux urnes le 1er novembre pour leur cinquième élection nationale en moins de quatre ans. Les sondages ne laissent pas, pour l’heure, présager d’une coalition majoritaire pour quelque parti que ce soit, sans que des changements, dans les alliances politiques existantes, ne soient opérés.
Les commentaires de Shaked interviennent alors qu’elle s’efforce de stabiliser son parti après en avoir pris la tête la semaine dernière. L’ancien chef du parti, Naftali Bennett, a démissionné de son poste de Premier ministre et a annoncé qu’il quittait la vie politique après l’effondrement de sa coalition, donnant le contrôle du parti à Shaked, la numéro deux de Yamina, et confiant le poste de Premier ministre à Yair Lapid, conformément à leur accord de coalition.
Yamina a essuyé de nombreux revers lors de son passage au pouvoir. La décision de Bennett de s’associer à des partis de gauche et à la faction islamiste Raam dans la coalition l’année dernière a permis à Israël de former un gouvernement opérationnel après une série d’élections peu concluantes, mais certains électeurs du parti de droite n’étaient pas satisfaits de cette décision et plusieurs membres de la Knesset ont quitté le navire.
Selon les derniers sondages, Yamina se rapproche dangereusement du seuil électoral nécessaire pour entrer à la Knesset lors des élections, et d’autres membres de la Knesset pourraient quitter la faction.
Le parti a remporté sept sièges lors des dernières élections, mais l’un de ses législateurs, Amichai Chikli, a refusé dès le départ de rejoindre la coalition en juin dernier, affirmant qu’elle s’éloignait trop des racines nationalistes du parti. Puis, en avril, une autre députée, Idit Silman, a quitté la coalition, invoquant des raisons similaires et privant Bennett de sa majorité à la Knesset. La goutte d’eau a fait déborder le vase le mois dernier lorsque le député Yamina Nir Orbach a déclaré qu’il ne voterait pas avec le gouvernement, ce qui a entraîné la dissolution de la Knesset.
Selon des sources du parti, Shaked n’a aucune intention de garder Silman et Orbach au sein de Yamina et ne les a notamment pas conviés à une réunion du parti dimanche.
Le vice-ministre des Affaires religieuses, Matan Kahana, un proche allié de Bennett, est toujours membre de Yamina mais semble susceptible de le quitter pour un autre parti.
Shaked est considérée comme ouverte à un partenariat avec le leader du Likud, Benjamin Netanyahu après les prochaines élections, fait que Kahana semble exclure.
Kahana est le plus éminent des trois députés restants du parti. Les deux autres sont Abir Kara et Shirly Pinto.
Shaked et le ministre de la Justice Gideon Saar, le leader du parti de droite Tikva Hadasha, se sont publiquement affrontés lundi dans ce qui deviendra probablement une lutte acharnée pour une partie de l’électorat de droite. Tikva Hadasha risque également de ne pas faire son entrée à la Knesset selon les derniers sondages.