Aymeric Caron interpellé par l’UEJF sur sa complaisance face à l’antisémitisme
"Il n’y a que pour l’antisémitisme que vous soutenez les auteurs d’un acte de haine sans entendre la victime", a lancé le militant Samuel Lejoyeux au candidat député sortant
La campagne pour le premier tour des élections législatives françaises anticipées s’est achevée vendredi soir. Lors de cette campagne, et comme ces derniers mois et années, plusieurs candidats issus du parti d’extrême gauche La France insoumise (LFI) ont de nouveau fait face à des accusations d’antisémitisme ou d’apologie du terrorisme.
L’un d’eux, Reda Belkadi, qui se présentait dans la première circonscription du Loir-et-Cher, a vu son investiture lui être retirée par la direction de LFI pour des propos antisémites tenus en 2018.
D’autres candidats ont été vivement interpellés sur le sujet pendant la campagne. Ainsi, vendredi 28 juin, le président de l’Union des étudiants juifs de France, Samuel Lejoyeux, a interpellé dans la rue Aymeric Caron, candidat insoumis, député sortant dans la 18e circonscription de Paris et ancien journaliste, sur sa complaisance face à l’antisémitisme.
« Il n’y a que pour l’antisémitisme que vous soutenez les auteurs d’un acte de haine sans entendre la victime », lui a lancé le militant juif. Aymeric Caron lui a alors assuré qu’il avait consacré sa vie à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
« Il n’y a que pour l’antisémitisme que vous soutenez les auteurs d’un acte de haine sans entendre la victime »
Dans le 18eme arrondissement de Paris, le président de l’UEJF @SLejoyeux interpelle le candidat insoumis @CaronAymericoff sur sa complaisance à l’antisémitisme. pic.twitter.com/iFdoAVxN36
— UEJF (@uejf) June 28, 2024
Depuis le 7 octobre, Aymeric Caron s’est illustré par sa défense des droits du peuple palestinien et par sa dénonciation de ce qu’il appelle un « génocide » en cours à Gaza, – une accusation lancée par les militants anti-Israël.
Récemment, il a été accusé de minimiser l’antisémitisme à la suite d’une publication sur X dans laquelle il parle de la mort d’Angela Rostas, assassinée parce que Rom, en écrivant : « Ce crime raciste, personne n’en parle. Aucun ‘débat’ sur les chaînes info. »
Il dénonçait ainsi un manque de médiatisation de cette affaire face à une prétendue surmédiatisation de l’affaire concernant une enfant juive de 12 ans violée par deux garçons de son âge sur fond d’antisémitisme mi-juin à Courbevoie. Le député sortant s’était alors contenté, ce même jour, de partager la publication de son collègue François Ruffin au sujet du viol.
La journaliste Caroline Fourest, rédactrice-en-chef du journal Franc tireur, lui avait alors répondu : « Sérieusement ? Une enfant de 12 ans a été violée par des gamins antisémites qui se sont crus dans une vidéo du Hamas… Après une campagne où LFI a chauffé à blanc la jeunesse… Et voilà la réponse d’un député LFI ? Le ‘2 poids, 2 mesures’ (base de l’antisémitisme) ? »
Cette réaction a été partagée par Edouard Philippe, ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron, qui a affirmé que « Caroline Fourest a raison ! La réaction d’Aymeric Caron est misérable… » La rabbin libérale et écrivaine influente Delphine Horvilleur a également commenté : « Une jeune fille violée et pendant ce temps, certains jugent bon d’allumer les feux de la compétition victimaire, sur le mode ‘y’en a que pour eux !’… Résiduel, qu’on vous dit ! »
De son côté, Aymeric Caron a tenté de réagir aux accusations : « Que les choses soient claires si vous osiez en douter : je suis révulsé par le crime antisémite ignoble dont a été victime cette jeune fille de 12 ans à Courbevoie. Crime qui s’inscrit dans le contexte d’une augmentation des actes antisémites à laquelle nous devons apporter une réponse absolument intransigeante. Notre priorité doit être d’empêcher l’extrême-droite d’arriver au pouvoir, cette extrême-droite qui tue par racisme. »
Sa réponse faisait écho à l’annonce, par différentes personnalités juives comme Serge Klarsfeld et Alain Finkielkraut, qu’en cas de second tour entre un candidat du Rassemblement national et un membre du Nouveau Front populaire, ils choisiraient le parti de Marine Le Pen. Cette position est loin de faire consensus au sein de la communauté juive de France. L’UEJF et le Crif appellent ainsi pour leur part au « ni-ni », « ni RN, ni LFI » jugeant que les deux partis représentent une menace pour les Juifs de France.
Début juin, contre toute réalité et par clientélisme, le chef de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, avait qualifié l’antisémitisme de « résiduel » en France.