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Bar : Netanyahu m’a incité à dire aux juges qu’il n’était pas sûr pour lui de témoigner

Dans une lettre adressée à la Cour avant l'audience consacrée à son renvoi, Ronen Bar a dit craindre pour l'avenir du Shin Bet, laissant aussi entendre qu'il lui a été demandé de réprimer des manifestants israéliens

Le chef du Shin Bet, Ronen Bar (à gauche), et le Premier ministre Benjamin Netanyahu. (Crédit : Kobi Gideon / GPO)
Le chef du Shin Bet, Ronen Bar (à gauche), et le Premier ministre Benjamin Netanyahu. (Crédit : Kobi Gideon / GPO)

Le chef du Shin Bet, Ronen Bar, a fait savoir vendredi que le Premier ministre Benjamin Netanyahu lui avait demandé à plusieurs reprises d’informer les magistrats en charge de son procès pour corruption qu’il ne devait pas être autorisé à témoigner régulièrement devant le tribunal pour des raisons de sécurité.

Dans un courrier adressé à la Haute Cour de justice avant l’audience qui sera consacrée, la semaine prochaine, aux requêtes déposées contre la décision prise par le gouvernement de le licencier, Bar a indiqué que c’était son refus d’accéder à la demande de Netanyahu qui avait été à l’origine de la rupture de confiance entre les deux hommes.

Le Premier ministre a affirmé que c’était ce manque de confiance qui justifiait son licenciement par le cabinet. Un renvoi qui a depuis été gelé par la Haute Cour de justice, qui examine actuellement les requêtes qui s’opposent au départ du chef du Shin Bet.

Dans sa lettre, Bar déclare qu’il n’a eu de cesse de respecter les exigences de son poste – privilégiant son « indépendance professionnelle » à toute idée de « loyauté personnelle » à l’égard du Premier ministre.

« Le chef du Shin Bet n’est pas l’homme de confiance du Premier ministre ou de qui que ce soit », a écrit Bar dans sa missive.

Les demandes soumises par le chef du gouvernement à Bar, en ce qui concerne son procès pour corruption, avaient apparemment eu lieu l’année dernière, au moment où Israël était au beau milieu de ses combats contre le groupe terroriste du Hezbollah. L’organisation terroriste chiite, soutenue par l’Iran, avait commencé à s’en prendre à l’État juif dès le lendemain du massacre commis par son allié, le Hamas, dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. Un drone du Hezbollah avait explosé au domicile de Netanyahu à Césarée au mois d’octobre dernier, brisant une fenêtre.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu arrive dans la salle d’audience du tribunal de district de Tel Aviv, le 10 mars 2025. (Crédit : KOKO/POOL)

Le Premier ministre avait alors demandé que son procès pour corruption soit reporté à une date indéterminée en raison de craintes portant sur d’éventuelles frappes au drone du Hezbollah sur le tribunal de district de Jérusalem – où il devait témoigner plusieurs fois par semaine pendant des heures. Les magistrats avaient toutefois décidé de délocaliser le procès qui se déroule dorénavant au tribunal de district de Tel Aviv, qui dispose d’un sous-sol blindé.

Bar : Inquiet pour l’avenir du Shin Bet Bar

Dans la lettre qui a été transmise vendredi à la Haute Cour, le chef du Shin Bet a également laissé entendre qu’il lui avait été demandé d’utiliser les outils du service de sécurité intérieure contre des citoyens israéliens, mais qu’il avait refusé.

Les médias israéliens ont noté que ces propos pouvaient faire allusion au fait qu’il lui avait été demandé d’utiliser les capacités de l’agence contre les manifestants anti-gouvernement, qui appellent également à la remise en liberté des otages à Gaza.

« J’ai aussi dû maintenir mon indépendance professionnelle dans le cadre d’événements liés au traitement, par mon agence, de problématiques qui concernent directement les citoyens israéliens et qui concernent la potentielle utilisation des pouvoirs du Shin Bet à l’encontre des citoyens du pays », a fait savoir Bar.

Il a ajouté que si la Cour avait besoin de plus d’informations, il était prêt à les fournir à huis-clos. Ces dernières années, Israël a été le théâtre de nombreuses manifestations liées au plan controversé de refonte radicale du système judiciaire avancé par le gouvernement. Des mouvements de protestation ont lieu actuellement dans le pays, appelant à la finalisation d’un accord qui ouvrirait la porte à la libération des otages conservés en captivité à Gaza, entre autres.

Des manifestants anti-gouvernement rassemblés sur la place Habima, à Tel Aviv, le 29 mars 2025. (Crédit : Rony Shapiro/Mouvement de protestation pour la démocratie)

Bar a également souligné qu’il était « inquiet pour l’avenir du Shin Bet ». Il a dit aux juges que la décision qu’ils seront amenés à prendre au sujet de son renvoi sera « fatidique », ajoutant qu’il doute du fait que ses successeurs potentiels parviendront « à faire leur travail avec professionnalisme et avec le sens de l’État, tout en veillant soigneusement à ce que l’autorité et les outils du service resteront bien utilisés uniquement aux fins initialement prévues ».

Bar a appelé la Cour à annuler la décision du gouvernement concernant son renvoi, affirmant que son départ dans le cadre de l’enquête dite du « Qatargate » enverrait un « message clair ».

« Une procédure de licenciement menée à mon encontre, à la hâte et pendant une période sensible, est quelque chose d’important au moment où des enquêtes sont menées sur les associés du Premier ministre et alors que je suis mis en cause sans accusations détaillées et qu’une opportunité équitable de répondre à ces allégations me soit donnée », a dit Bar.

« Cette décision enverrait un message clair à toute la chaîne de commandement du Shin Bet, y compris aux prochains responsables de l’agence – à savoir que si quelqu’un n’a pas les faveurs de l’échelon politique, il sera immédiatement licencié », a écrit Bar, faisant référence à l’enquête en cours conjointement menée par le Shin Bet et par la police sur les liens illicites présumés qui auraient été tissés entre des membres du cercle rapproché de Netanyahu et le Qatar.

En ce qui concerne l’enquête, Bar a dénoncé une « campagne de diffamation et de délégitimation en cours qui vise à dissuader les autorités chargées des investigations de faire leur travail ».

Un visuel, dans le cadre d’une manifestation contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu devant le tribunal où il est jugé pour corruption, montre Netanyahu et plusieurs de ses proches collaborateurs sont entourés d’argent liquide, avec une flèche pointant vers le mot « Hamas », dans une référence apparente aux paiements qataris versés à l’enclave au fil des ans, le 10 mars 2025. (Avshalom Sassoni/Flash90)

Bureau du Premier ministre : La déclaration de Bar est « un tissu de mensonges »

Le bureau de Netanyahu a répliqué en déclarant que la déclaration de Bar était « entachée d’un grave conflit d’intérêts ».

« Cette déclaration est un tissu de mensonges », s’est insurgé le bureau du Premier ministre, « comme c’est le cas de l’affirmation laissant entendre que le Premier ministre aurait demandé au Shin Bet d’utiliser les pouvoirs de l’organisation de manière inappropriée contre des citoyens israéliens – ce qui ne s’est jamais produit ».

« Le Premier ministre a discuté avec le Shin Bet des moyens susceptibles de permettre son témoignage devant le tribunal au vu des menaces d’attaques de missile contre Israël et contre le Premier ministre en particulier », a déclaré le communiqué.

Netanyahu et Bar ont, en effet, discuté de ce témoignage, a dit le cabinet du Premier ministre, mais ils ont seulement parlé de l’endroit où il devait avoir lieu : « Les professionnels du Shin Bet ont déterminé que les audiences devaient se dérouler dans la zone protégée du tribunal de district de Tel Aviv et non ailleurs. Les audiences ont donc bien lieu ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu arrive au tribunal de district de Tel-Aviv pour témoigner dans son procès pénal, le 2 avril 2025 (Crédit : Yair Sagi/Pool)

Le bureau du Premier ministre a également fait savoir que le manque de confiance de Netanyahu et de son cabinet à l’égard de Bar « n’est pas une question de loyauté personnelle – c’est plutôt un manque de confiance dans ses performances après le rôle décisif qu’il a tenu dans l’échec du 7 octobre, lorsqu’il a choisi de ne pas donner d’informations déterminantes à la hiérarchie politique, avec ensuite toute une série d’autres événements qui ont sapé la confiance à l’égard de ses capacités professionnelles », faisant apparemment référence à la théorie du complot qui avait laissé croire que Bar connaissait à l’avance le projet de l’attaque dévastatrice du Hamas.

Se référant à l’affirmation faite par Bar – qui a dit qu’il était licencié parce qu’il s’était conformé à l’exigence de son poste de ne pas agir par loyauté personnelle envers le Premier ministre – le bureau de Netanyahu a affirmé que « la seule personne agissant pour des motifs personnels est le chef du Shin Bet, qui s’accroche et qui insiste pour se maintenir à son poste après avoir perdu la confiance de l’ensemble du gouvernement ».

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