Ben Gvir ne prorogera pas les fonctions du chef de la police
Le ministre d'extrême droite est critiqué pour l'avoir annoncé alors que Shabtai se trouve à l'étranger pour motifs familiaux : pour Lapid, c'est le signe d'un manque d'humanité
Le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a décidé de ne pas proroger d’une année de plus le mandat du chef de la police, Kobi Shabtai, ont indiqué jeudi les médias israéliens.
La décision, qui a été communiquée aux médias au lieu de faire l’objet d’une annonce officielle ou d’un communiqué à Shabtai, a déclenché un véritable tollé, au moment même où le chef de la police se trouve lors d’Israël en raison de problèmes familiaux graves.
Cette semaine, Ben Gvir aurait organisé plusieurs réunions avec les plus hautes autorités policières afin d’évoquer la question de la succession de Shabtai.
Shabtai s’est opposé à plusieurs reprises au ministre d’extrême droite, désireux d’exercer un contrôle accru sur les forces de police.
Le chef du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, a reproché à Ben Gvir d’avoir annoncé sa décision au moment où Shabtai se trouve à l’étranger.
« La pseudo fuite de l’information selon laquelle Ben Gvir aurait l’intention de mettre fin au mandat du chef de la police – un homme qui se dédie depuis des dizaines d’années à la sécurité de l’État – au moment où il se trouve à l’étranger pour raison familiale grave, embarrasse l’État d’Israël », a déclaré Gantz.
« Ben Gvir n’est pas capable d’assurer la sécurité intérieure d’Israël : au contraire, il nuit au travail de la police, qui fait face à de grands problèmes », a-t-il ajouté, demandant au Premier ministre Benjamin Netanyahu de limoger le ministre d’extrême droite « bien avant la fin du mandat du chef de la police ».
Le chef du parti Yesh Atid, Yair Lapid, s’est lui aussi exprimé sur le sujet, déclarant à la Douzième chaine que Ben Gvir n’était « pas humain ».
Le mandat triennal de Shabtai prend normalement fin en janvier prochain, mais Ben Gvir a la possibilité de le proroger d’un an supplémentaire.
La Douzième chaine estime que, compte tenu de la situation, il est probable que Shabtai quitte son poste dans les tout prochains mois.
Cette affaire survient au moment où la police et Ben Gvir se trouvent sous les feux des projecteurs en raison de leur incapacité à mettre un terme à une vague de criminalité, particulièrement meurtrière au sein de la communauté arabe, où une centaine de personnes a été tuée depuis le début de l’année.
Les relations de Ben Gvir et Shabtai n’ont jamais été bonnes, et elles n’ont fait que se détériorer.
Le mois dernier, Shabtai a déclaré qu’il n’avait « plus confiance » en Ben Gvir, avec lequel il s’est disputé à plusieurs reprises ces cinq derniers mois, depuis que la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu a pris ses fonctions et a confié le ministère de la police au politicien d’extrême droite.
Dans une interview accordée à la Douzième chaine, Shabtai a ouvertement parlé des moments difficiles de ces derniers mois et confié avoir envisagé de démissionner en raison de l’interventionnisme de Ben Gvir dans les affaires policières.
Depuis son entrée en fonction, Ben Gvir tente d’exercer un contrôle direct sur les opérations et les forces de police, comme l’illustre sa tentative ratée de destituer le commandant de police du district de Tel Aviv, Amichai Eshed, en mars dernier.
Lors de cette même interview, Shabtai a confié que sa relation de travail avec Ben Gvir n’était « pas simple » depuis le mois dernier, date à laquelle le ministre d’extrême droite a divulgué une conversation privée de façon à embarrasser le chef de la police.
Ben Gvir et Shabtai se sont également accrochés à plusieurs reprises sur la question de l’attitude de la police face aux manifestants opposés au projet de réforme judiciaire. Le ministre a incité les policiers à prendre des mesures agressives contre les manifestants, qu’il qualifie d’«anarchistes ».