Colère, rires, larmes : à Paris, une soirée pour la paix au Proche-Orient
Organisé par l'association française "Guerrières de la paix", l'événement, au Théâtre de la Colline, à Paris, a fait salle comble

Une énergie féroce, la politesse du désespoir, et surtout pas de naïveté : des activistes israéliens et palestiniens ont voulu montrer lundi 23 septembre à Paris l’autre visage du Proche-Orient, celui où « la paix est possible ».
A quelques jours du premier anniversaire du pogrom dévastateur du 7 octobre, alors que la guerre qui en découle se poursuit à Gaza et que le conflit s’étend au Liban en raison des attaques du Hezbollah contre Israël, la paix apparaît plus que jamais comme un doux rêve lointain, voire inaccessible.
Appel pour la #paix des activistes israéliens et palestiniens à Paris au théâtre de la colline .
Des mots justes pour dépasser la douleur, refuser le cynisme mortifère du Hamas et de Netanyahou et trouver,enfin, un chemin humaniste pour vivre ensemble.
Merci @lesguerrieres pic.twitter.com/Do1GuDTLrW— Benoît Pelletier (@BenotPELLETIER4) September 23, 2024
Mais « nous sommes l’antidote de l’extrémisme. Rien n’effraye plus ceux qui veulent déchaîner la haine que la vision de nous tous ici réunis », a lancé le Palestinien Aziz Abou Sarah, résumant le ton de la soirée.
Organisé par l’association française « Guerrières de la paix », l’événement, au Théâtre de la Colline, dans le nord de Paris, dirigé par le libano-québécois Wajdi Mouawad, a fait salle comble.
Militants arabes, juifs, israéliens et palestiniens, se sont succédé sur la scène devant un public conquis pour cet « appel de Paris pour la paix au Proche-Orient ».
« Octobre approche », a rappelé Maoz Inon, un Israélien qui a perdu ses deux parents Yakov et Bilha dans l’attaque sanglante du Hamas palestinien il y a un an dans le sud d’Israël.
« Tant de vies ont été perdues au cours de la dernière année », a ajouté M. Inon, qui, avec Aziz Abou Sarah, écume les scènes médiatiques pour promouvoir la paix.
« Nous sommes à Paris pour vous dire que nous n’avons pas besoin de vos pensées, de vos prières, de vos condoléances. Nous avons besoin de vous pour agir. La paix est possible ! », a appelé M. Inon avant d’étreindre son ami palestinien.
« Tant de douleur », a répondu ce dernier, dont le frère est décédé après sa détention dans une prison israélienne.
« Cette année a été très dure pour nous tous, je ne peux même pas compter le nombre d’amis à moi qui ont perdu des membres de leur famille », a-t-il dit, avant de rejeter « amertume, haine et vengeance ». Et prôner la « colère ». « La colère est une bonne chose, elle peut alimenter l’activisme et déclencher un changement. Je suis en colère tous les jours », a-t-il lancé.
Nous étions présent•es ce 23/09/24 au forum de Paris pour la paix au Proche-Orient à l’initiative des Guerrières de la Paix.
Une salle comble, des messages clairs et courageux.
Nous saluons et soutenons vivement les initiatives des intervenant•es d’hier soir. pic.twitter.com/NW984GMRUj
— Collectif Golem (@Collectif_Golem) September 24, 2024
« Leader narcissique »
Le militant israélien Jonathan Hefetz, a lui fustigé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, un « leader narcissique » et exhorté « les Français, militants dans l’âme, à faire ce qu’ils savent faire » pour faire pression sur leurs dirigeants et obtenir la libération des otages israéliens à Gaza et la fin de la guerre.
« Palestiniens, Juifs, Arabes, Israéliens, nous méritons mieux que ça ! », a lancé Amira Mohammed, Arabe israélienne créatrice d’un podcast.
« Ce n’est pas un appel pour la paix, c’est un cri, un hurlement », a déclaré pour sa part la rabbine Nava Hefetz. « La paix est possible, indispensable, et nous sommes prêts à être considérés comme des traîtres par les nôtres », a-t-elle ajouté, aux côtés de Tahhani Abu Daqqa, ancienne ministre des Sports de l’Autorité palestinienne.
« Cela fait plus de 40 ans que je milite pour la paix et au lieu d’être nominée pour le prix Nobel je suis désignée comme terroriste [en raison de ses liens avec l’Autorité palestinienne] », a déclaré cette dernière, initiatrice de nombreux projets à Gaza. Avant de jeter un froid : « Vous êtes tous responsables, votre silence vous rend complice des crimes commis à Gaza. »
Le 7 octobre 2023, quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut des communautés du sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 41 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 17 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël affirme s’efforcer de minimiser les pertes civiles et souligne que le Hamas utilise les Gazaouis comme boucliers humains, en menant ses combats depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.
On estime que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 33 otages dont le décès a été confirmé par l’armée. 105 civils ont été libérés au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre, et quatre otages ont été remis en liberté avant la trêve. Huit otages, dont une soldate, ont été secourus vivants par les forces israéliennes, et les corps de 37 otages ont également été récupérés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée lors d’un incident tragique en décembre.
Le Hamas détient par ailleurs les corps des soldats de Tsahal Oron Shaul et Hadar Goldin depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui sont tous deux censés être en vie après être entrés dans la bande de Gaza de leur propre chef en 2014 et 2015 respectivement.