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Analyse

Dans son combat pour l’exemption des Haredim, Goldknopf de plus en plus isolé

Le ministre est persuadé que ses ultimatums protégeront ses électeurs du service militaire, même s'il contrarie ses collègues plus pragmatiques et les leaders nationalistes-religieux

Le ministre du Logement Yitzhak Goldknopf assistant à la session plénière du jour d'ouverture de la session parlementaire, d'hiver à la Knesset, à Jérusalem, le 28 octobre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le ministre du Logement Yitzhak Goldknopf assistant à la session plénière du jour d'ouverture de la session parlementaire, d'hiver à la Knesset, à Jérusalem, le 28 octobre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

S’exprimant à la Knesset lundi, le chef de l’opposition Yaïr Lapid a exhorté le Premier ministre Benjamin Netanyahu à dire au ministre du Logement et de la Construction Yitzhak Goldknopf : « Monsieur, je ne ferai plus de discrimination entre le sang et le sang. »

Goldknopf a jeté un regard noir à Lapid et semblait avoir envie de répondre, mais il s’est contenté de taper du poing sur la table avec irritation. Pour Goldknopf, c’était le pire moment d’une journée au cours de laquelle il a été attaqué de toutes parts.

Le chef du parti Yahadout HaTorah a insisté pour que le gouvernement adopte une loi visant à exempter les ultra-orthodoxes – ou haredim – étudiant en yeshiva – un cursus d’études religieuses – du service militaire, alors même que des soldats, dont de nombreux religieux, sont tués chaque jour à Gaza et au Liban.

Dans le cadre de sa campagne, Goldknopf a menacé de voter contre le budget 2025 lorsqu’il sera présenté aux ministres jeudi. Bien qu’il puisse effectivement le faire, il est peu probable qu’il démissionne du gouvernement pour une telle raison.

Alors que Lapid s’exprimait à la Knesset, tous les regards étaient tournés vers le ministre ultra-orthodoxe, membre du mouvement hassidique Gur, dont c’est le premier mandat à la Knesset. Goldknopf, qui n’a pas changé de position sur le projet, est bien sûr totalement déconnecté de la majorité de la société civile israélienne sur ce sujet. Mais même au sein de la communauté haredi, il est largement isolé.

La question de l’enrôlement des ultra-orthodoxes a atteint son paroxysme maintenant que la Haute Cour a jugé illégales les exemptions antérieures et que la procureure générale a déclaré que le pays ne pouvait plus subventionner ceux qui se soustraient illégalement à l’enrôlement. Le refus des Haredim d’envisager l’idée d’effectuer un service militaire obligatoire est devenu de plus en plus insoutenable face aux coûts croissants des guerres entre Israël et les groupes terroristes palestinien du Hamas et chiite libanais du Hezbollah et l’Iran, et un nombre croissant de politiciens de la coalition affirment que les exemptions générales doivent cesser.

Des hommes ultra-orthodoxes se heurtant à la police lors d’une manifestation contre l’appel militaire, devant le centre de recrutement de l’armée israélienne, à Tel HaShomer, le 5 août 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Les déclarations grandiloquentes de Goldknopf ont contrarié ses collègues du camp ultra-orthodoxe. Bien qu’aucun des dirigeants de la communauté ne veuille voir les Haredim dans l’armée, d’autres recherchent une approche plus subtile et plus discrète. Ils espèrent trouver des moyens plus judicieux sur le plan politique pour empêcher que les jeunes hommes de leur communauté ne soient enrôlés tout en maintenant les subventions gouvernementales pour les yeshivot et les crèches.

Les personnes qui se sont entretenues avec Goldknopf ces derniers jours l’ont décrit comme un homme satisfait, voire suffisant, sur cette question. Il est certain qu’un projet de loi d’exemption sera adopté, que le Premier ministre succombera à la pression et remplira ses obligations conformément à l’accord de coalition conclu par les partis avant la guerre.

Le ministre soutient qu’une loi exemptant la plupart des Haredim de l’appel sous les drapeaux tout en permettant à un nombre infime d’entre eux d’être appelés est en réalité la seule solution viable pour garantir qu’au moins un petit nombre d’ultra-orthodoxes fassent leur service. Selon cette logique, une loi problématique est préférable à la réalité actuelle où il n’y a pas de loi et où les ordres d’incorporation sont envoyés à des milliers d’ultra-orthodoxes mais où presque personne ne se présente dans les centres de recrutement. Goldknopf a cherché à convaincre Netanyahu que la loi est le bon moyen de garantir un certain niveau d’enrôlement.

Mais même parmi les ultra-orthodoxes, certains admettent que « si elle est adoptée, la loi nous donnera simplement l’autorisation légale de ne pas nous enrôler dans l’armée ».

Plus de 60 000 haredim âgés de 18 à 27 ans sont susceptibles d’être enrôlés aujourd’hui. À la demande des tribunaux, l’armée a ordonné à des milliers d’entre eux de se présenter à l’appel au cours des derniers mois, mais pratiquement aucun n’a obtempéré.

Si seulement la moitié d’entre eux s’étaient enrôlés et si 15 000 d’entre eux avaient suivi un entraînement au combat, Tsahal disposerait de 15 000 combattants supplémentaires. Il s’agit d’un nombre important pour une armée en pénurie d’effectifs, les réservistes servant actuellement comme soldats de combat réguliers.

Mais ce n’est pas près d’arriver. Les haredim restent chez eux et dans les yeshivot, ce qui exaspère une grande partie de l’opinion publique – en particulier les soldats de la communauté nationaliste-religieuse, qui ont montré qu’il était possible de conjuguer étude de la Torah et service militaire. En réalité, le conflit entre les ultra-orthodoxes et la communauté nationaliste-religieuse – celle qui a payé le plus lourd tribut en termes de pertes dans la guerre – semble entrer en territoire inconnu.

Les proches de Goldknopf affirment également que Tsahal ne peut ni ne veut recruter les haredim. Pour preuve, ils notent que l’armée n’a pas envoyé des dizaines de milliers d’ordres de recrutement à des recrues potentielles ; qu’un tel recrutement nécessiterait que l’armée fournisse aux nouveaux conscrits tous les équipements nécessaires à une stricte observance – synagogues, bains rituels, séances quotidiennes d’étude du Talmud, groupes de prière, et la possibilité de respecter pleinement le Shabbat et les autres jours de fêtes religieuses.

Des hommes ultra-orthodoxes protestant contre l’appel sous les drapeaux, sur la Route 4, à l’extérieur de Bnei Brak, le 16 juillet 2024. (Crédit : Jamal Awad/Flash90)

L’armée a déclaré qu’elle entamait le processus lentement, mais qu’elle prévoyait de l’accélérer au fil du temps, et qu’elle avait effectivement l’intention d’offrir aux recrues les conditions nécessaires pour qu’elles puissent conserver leur foi pendant leur service.

Et pourtant, sur ce point, il y a une part de vérité dans l’argument de Goldknopf : en pleine guerre, il est peu probable que l’armée ait le temps et l’énergie de se concentrer sur la satisfaction des besoins religieux des haredim. Tsahal ne peut pas non plus arrêter les milliers d’ultra-orthodoxes qui ne respectent pas les règles de l’appel sous les drapeaux.

En outre, les Haredim poursuivent leurs efforts pour contourner tous les obstacles, notamment en projetant de faire passer une loi permettant aux étudiants en yeshiva de continuer à recevoir des subventions pour les crèches sans effectuer leur service militaire.

Les alliés de Goldknopf attribuent à ses fanfaronnades et à ses ultimatums l’adoption vraisemblablement imminente de cette loi, qui contournerait les ordres de la procureure générale. Les détracteurs du ministre considèrent cet argument comme une tentative de récupération des efforts législatifs du député Yisrael Eichler, qui représente le mouvement hassidique Belz au sein du parti de Goldknopf.

La loi sur les crèches devrait être discutée par la commission des Lois dimanche et faire l’objet d’une première lecture en séance plénière de la Knesset mercredi. Le projet de loi sur les crèches devrait également susciter l’émoi de l’opinion publique, les Haredim continuant à se soustraire massivement à l’obligation d’enrôlement.

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