Découvrez des affiches témoignant de la renaissance juive à l’après-guerre
L'institut YIVO a numérisé plus de 1 000 affiches manuscrites et imprimées reflétant la résilience politique, culturelle et religieuse de survivants de l'Holocauste

Durant les années suivant la Seconde Guerre mondiale, plus de 250 000 réfugiés juifs ont commencé à reconstruire leur vie. Dans le cadre du processus de résilience après les horreurs de l’Holocauste, ils ont renouvelé leurs anciens intérêts religieux, sociaux, politiques et culturels, en attendant dans les camps de réfugiés d’Europe centrale l’autorisation d’immigrer dans d’autres parties du monde.
Pendant des décennies, les historiens ont eu tendance à sauter directement de la fin de l’Holocauste à la création de l’Etat d’Israël en 1948. Cependant, au cours des dernières années, plus d’attention a été accordée à l’expérience des Juifs qui résidaient dans les camps de réfugiés en Allemagne, en Autriche et en Italie jusqu’en 1952.
Actuellement, un projet de numérisation par l’institut de recherche YIVO publie une collection en ligne de 1 178 affiches et quelque 6 500 photographies attestant de la renaissance de la vie communautaire juive dans les camps de réfugiés immédiatement après la guerre.
À ce jour, les images des deux tiers des affiches ont été téléchargées.
Elles illustrent un large éventail d’événements qui ont eu lieu dans les camps de réfugiés, y compris des rencontres sportives, des rassemblements politiques, des spectacles culturels, des fêtes et des services religieux. Quelques affiches communiquent sur des sujets tels que les hauts taux de natalité dans les camps de réfugiés, la répartition des populations des camps par pays d’origine et la variété des programmes de formation professionnelle offerts.

De manière plus importante, certaines affiches reflètent la conscience aiguë des résidents du camp concernant des événements mondiaux, en particulier la lutte pour créer un foyer juif en Palestine.
Une affiche faite à la main de 1947 indique aux résidents du camp de réfugiés de Feldafing en Allemagne qu’ils peuvent envoyer des colis alimentaires à leurs parents à bord du « SS Exodus« , le plus célèbre navire transportant des immigrants juifs illégaux en Palestine, qui a été renvoyé vers l’Europe par les Britanniques.
Une autre affiche, celle-ci professionnellement conçue et imprimée par l’organisation sioniste Poalei Zion en Allemagne, proteste contre le Livre blanc limitant l’immigration juive en Palestine. L’affiche montre des images de navires (représentant probablement l’immigration), de combattants de la Haganah et d’ouvriers construisant sur la Terre d’Israël.
Selon l’archiviste Fruma Mohrer, la collecte par les employés de l’institution YIVO d’objets provenant des camps de réfugiés dans les années d’après-guerre s’inscrit dans la continuation des travaux de l’Institution, fondée en 1925 à Vilna, en Pologne, avant la guerre.
« Avant la guerre, YIVO avait mis en place un vaste réseau de collectionneurs du monde entier pour documenter la vie juive. Même pendant la guerre, les gens envoyaient des choses pour continuer à agrandir la collection. Ainsi, dès que la guerre était finie, la collecte de matériel dans les camps de réfugiés était le prolongement naturel de ce processus », a déclaré Mohrer.

Un appel a été lancé pour la collection dans la 16e publication du « YIVO News », en 1946. L’appel s’adressait aux résidents des camps qui connaissaient YIVO et également aux aumôniers et soldats américains qui travaillent dans les camps de réfugiés », dit-elle.
L’institution a travaillé en étroite collaboration dans les camps de réfugiés avec la Central Historical Commission, qui a été créée par les survivants pour recueillir des documents originaux et des témoignages personnels sur les atrocités de l’Holocauste.
YIVO a continué à acquérir pendant des décennies du matériel provenant de survivants des camps de réfugiés et de leurs descendants. Bien que ce soit la première fois que les pièces de la collection sont disponibles en ligne, les documents originaux sont disponibles depuis longtemps aux membres de l’académie et aux chercheurs à New York, où YIVO s’est déplacé en 1940.
« YIVO a organisé des expositions à New York de leurs nouvelles acquisitions d’après-guerre provenant des camps de réfugiés », a déclaré Mohrer.
Bien qu’YIVO possède la plus grande collection provenant des camps de réfugiés, d’autres collections existent ailleurs.
Par exemple, les archives du camp de réfugiés de Bergen-Belsen confiées à Yad Vashem par Sam Bloch et Lilly Caban, qui étaient membres de la direction du camp. Leur fille, Jean Bloch Rosensaft, a utilisé ce matériel comme base pour « Life Reborn », une exposition itinérante sur la vie dans les camps de réfugiés. La même collection a également été utilisée pour la création d’une exposition permanente au musée du camp de concentration de Bergen-Belsen près de Hanovre, en Allemagne.

Rosensaft a dirigé l’organisation d’une conférence concernant l’exposition « Life Reborn » au Holocaust Memorial Museum aux États-Unis il y a 15 ans, essayant ainsi de mettre l’expérience des camps de réfugiés au premier plan.
« En 2000, le sujet de l’expérience des réfugiés ne faisait pas beaucoup parler de lui, même dans les musées sur l’Holocauste », a expliqué Rosensaft, qui siège au comité des collections et des acquisitions du HMM.
Un appel a été lancé pour obtenir des objets provenant des camps de refugies, dont beaucoup avaient malheureusement été considérés comme éphémères et éliminés par les survivants et leurs enfants. Néanmoins, une importante quantité d’objets a été envoyée aux archives, redéfinissant ainsi le champ de la collection du HMM, en l’étendant jusqu’au milieu des années 1950.
Mohrer et son équipe à YIVO, y compris la chef archiviste Lyudmila Sholokhova et la coordonnatrice des projets spéciaux Ettie Goldwasser, espèrent que la collection en ligne sera accessible non seulement par les chercheurs mais aussi par les éducateurs et le grand public.
« Il n’y a rien de tel qu’un document original pour fournir des preuves irréfutables de l’histoire », a déclaré Mohrer.
« Les survivants sont sortis des camps de la mort, mais ils étaient bien vivants. Les affiches témoignent de leur résilience et de leur volonté de créer de nouveau une vie juive culturelle et communautaire dynamique, active et passionnée ».
« Toutes les communications importantes dans les camps de réfugiés étaient faites sur papier. Ces affiches nous ramènent de nouveau dans cette période. Ils nous fournissent une fenêtre sur leur expérience », a déclaré Rosensaft.
Dans le même temps, ces affiches sont encore d’actualité à l’époque contemporaine de la communication électronique.
« Ces affiches ont un impact aujourd’hui parce que nous vivons tous dans des contextes de traumatisme – le terrorisme, par exemple. Nous pouvons regarder ces affiches et voir dans chacune d’elles une manifestation de la résilience, un dépassement du mal et un embrassement de la vie », a déclaré Rosensaft.
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