Des activistes d’extrême-droite menacent de violence la Gay Pride de Jérusalem
Des messages de membres du groupe extrémiste Lehava - dont le dirigeant est un allié de Ben Gvir - préconisent de s'en prendre aux participants à la marche pour les droits LGBTQ

Un groupe d’extrême-droite se prépare à des violences potentielles lors de la Gay Pride de Jérusalem de jeudi, affichant de nombreux messages menaçants dans un groupe de discussion interne souhaitant la mort des marcheurs pro-LGBTQ, selon un article publié lundi.
Un membre du groupe a affiché une banderole pour une contre-manifestation contre le défilé, en ajoutant : « Jeudi meurtrier à Jérusalem », a rapporté la Douzième chaîne, citant des informations de l’organisme de surveillance des réseaux sociaux FakeReporter.
D’autres messages disaient : « Que tous les marcheurs meurent sous les tirs des mitrailleuses », « Je ne comprends pas pourquoi on ne brûle pas tous les gentils qui viennent souiller la terre » et « Peut-être que la bombe iranienne rétablira l’ordre ici ».
La menace a été publiée dans un groupe Telegram appelé « Les Juifs ne restent pas silencieux », appartenant à l’organisation extrémiste Lehava, qui est dirigée par un activiste d’extrême-droite, Bentzi Gopstein, et un très proche allié politique du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir. Gopstein a déjà été candidat sur la liste électorale du parti Otzma Yehudit que Ben Gvir dirige.
Ben Gvir, qui a été à l’origine des manifestations d’extrémistes contre le défilé avant de devenir responsable des forces de police et des mesures de sécurité du défilé cette année, a rejeté les appels des organisateurs du défilé annuel demandant au Premier ministre Benjamin Netanyahu de l’écarter de l’organisation de l’événement, ont rapporté les médias israéliens dimanche.
Le ministre d’extrême-droite aurait déclaré qu’il procéderait à des évaluations de la situation avant le défilé et qu’il serait présent au centre de commandement de la police lors de l’événement.

« Même si je ne suis pas enthousiaste quant à l’existence du défilé, je ne veux pas qu’un seul cheveu de la tête des marcheurs soit touché, et je ferai tout pour garantir une totale sécurité », aurait assuré Ben Gvir à des associés, selon les Douzième et Treizième chaînes.
La Gay Pride doit commencer à 15h jeudi, et le défilé partira à 17h. La contre-manifestation aura lieu à 15h30. De nombreuses routes principales de Jérusalem seront fermées à la circulation aux véhicules et aux piétons, a déclaré la police, qui s’est engagée à empêcher toute forme de violence, de troubles publics ou d’infractions contre le défilé.
Quelque 2 000 policiers – dont certains en civil – devraient être déployés le long de l’itinéraire du défilé et autour de celui-ci, a indiqué la police dans un communiqué lundi.
Selon les médias israéliens, Gopstein a assisté lundi à la réunion de la faction du parti de coalition Otzma Yehudit de Ben Gvir.
עכשיו בכנסת, האורח הקבוע בנצי גופשטיין נכנס לחדר הסיעה של עוצמה יהודית
מעניין אם הוא בא לבחון את הפריסה של משטרת ישראל לקראת מצעד הגאווה בירושלים pic.twitter.com/TLEbYWs3MH
— Noa Shpigel (@NoaShpigel) May 29, 2023
Lehava a reçu l’autorisation de la police d’organiser la contre-manifestation jeudi après-midi à Bloomfield Garden, près de l’endroit où se tiendra la Gay Pride au même moment. Les affiches en faveur de la contre-manifestation font référence à la Gay Pride comme étant la « Parade de l’abomination ».
Contacté par la Douzième chaîne, Gopstein a cherché à prendre ses distances avec les messages de haine. « J’organise une manifestation légale, ce qui est l’essence même de la démocratie. Je suis contre tout acte illégal et j’appelle tout le monde à venir manifester légalement. Si quelqu’un veut faire quelque chose d’illégal, il doit contacter la police et être arrêté, cela n’a rien à voir avec Lehava. »
Mais FakeReporter, une initiative qui se décrit elle-même comme dédiée à la « lutte contre la désinformation, les discours de haine et autres activités malveillantes en ligne », n’a pas été convaincue.
« En surveillant le discours en ligne, nous concluons que la violence de ces dernières 24 heures a été attisée par les activités de Lehava », a déclaré l’organisation. « L’expérience nous enseigne que la violence sur les réseaux sociaux finit dans la rue. Nous demandons instamment à la police israélienne d’arrêter les incitateurs et de mettre fin à l’incitation en amont, avant que des innocents ne soient blessés. »

Dans leur appel à interdire à Ben Gvir de s’occuper du défilé, les responsables de l’Open House for Pride and Tolerance de Jérusalem avaient déclaré qu’ils craignaient que le ministre d’extrême-droite n’interfère de manière « inappropriée » dans le défilé, citant sa participation à des contre-rassemblements au cours des années passées, selon leur lettre adressée au Premier ministre.
« Le ministre a participé aux ‘Beast Parades’ [homophobes], a demandé plusieurs fois aux tribunaux d’annuler le défilé, s’est fermement prononcé contre celui-ci et a représenté le membre de la famille du meurtrier Yishaï Schlissel », peut-on lire dans la lettre adressée à Netanyahu.

Schlissel, un extrémiste ultra-orthodoxe, a assassiné une adolescente de 16 ans, Shira Banki, lors de la Gay Pride de 2015. Ben Gvir avait représenté son frère, Michael, après que ce dernier a été arrêté parce qu’il était soupçonné d’avoir planifié un attentat en 2016.
« Il n’est pas la personne appropriée pour superviser le défilé et n’inspire certainement pas la confiance des marcheurs », ont écrit les organisateurs. Ils ont demandé au Premier ministre d’empêcher Ben Gvir de se rendre au centre de commandement de la police et de superviser personnellement l’événement.
Le ministre d’extrême-droite a fait des apparitions au centre de commandement de la police de Tel Aviv au plus fort des manifestations contre la réforme du système judiciaire au début de l’année. Les critiques ont allégué que sa présence avait conduit à des tactiques de maintien de l’ordre plus sévères.
Jusqu’en 2019, Ben Gvir a participé à des contre-manifestations contre la Gay Pride de Jérusalem.
Contrairement à son homologue de Tel Aviv, la Gay Pride de Jérusalem fait l’objet de mesures de sécurité et de restrictions importantes, en particulier après le meurtre de Banki, en raison de l’animosité de nombreux habitants de la ville à l’égard des marcheurs.

Schlissel a perpétré l’attentat à l’arme blanche de 2015 quelques semaines seulement après avoir été libéré de la prison où il avait purgé une peine de dix ans pour avoir poignardé et blessé des marcheurs lors de la Gay Pride de 2005. Il purge actuellement une peine de prison à perpétuité.
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a déclaré lundi qu’il assisterait au défilé de cette année.
« Il s’agit du défilé le plus important jamais organisé, car il vise à protéger les droits que nous pensions avoir et que personne ne pouvait nous retirer », a déclaré Lapid. « Ce gouvernement complote pour les prendre et cela fait partie de la réforme judiciaire et nous serons là pour dire que cela n’arrivera pas. »
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.