Des affiches anti-déclaration Balfour interdites dans le métro de Londres
Ces affiches, montrant des images qui établissent des comparaisons entre la vie des Palestiniens avant et après 1948, ne respectent pas les directives qui interdisent les clichés liés aux questions trop sensibles au sein de la société
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Le métro londonien a interdit une affiche de campagne marquant le centenaire de la signature de la déclaration Balfour en 1917, dans laquelle le gouvernement britannique déclarait son soutien à l’établissement d’un état juif.
L’entreprise des transports de Londres, TfL, a indiqué que ces affiches – qui devaient être diffusées dans les principales stations de métro et sur les bus avant le centenaire – ne respectent pas les directives qui « interdisent les images ou les messages relatifs aux sujets soumis à des controverses ou sensibles aux yeux de l’opinion publique », a rapporté le journal britannique Guardian mardi.
Cette campagne d’affichage intitulée « Arrangez les choses » a été organisée par le représentant de l’Autorité palestinienne au Royaume-Uni.
Les affiches créent un contraste entre des images de la vie de la Palestine sous mandat britannique en 1948 avec d’autres qui ont été photographiées depuis l’établissement la même année de l’Etat juif, et présente en légende une citation de la déclaration Balfour : « Rien ne devra être fait qui pourrait porter préjudice aux civils et aux droits des communautés non-juives existantes en Palestine ».
TfL bans ads displaying Palestinian objections to Balfour declaration https://t.co/sRCb2C90gU
— The Guardian (@guardian) October 17, 2017
Signée le 2 novembre 1917 par le secrétaire d’état aux Affaires étrangères de l’époque, Arthur James Balfour, la déclaration annonçait l’intention de son gouvernement d’établir « un foyer national pour les Juifs » sur la terre d’Israël.
Elle a été considérée comme une reconnaissance officielle du mouvement sioniste et comme un soutien de la part d’une puissance majeure à la veille de la conquête par les Britanniques du territoire de la Palestine, qui était alors sous domination ottomane.
L’ambassadeur de l’Autorité palestinienne au Royaume-Uni Manuel Hassassian a qualifié cette interdiction de censure.
« L’histoire palestinienne est une histoire censurée », a-t-il dit. « Il y a eu une dissimulation qui a duré 100 ans de la promesse rompue par le gouvernement britannique, dans la déclaration Balfour, de sauvegarder les droits des Palestiniens lorsqu’ils ont abandonné leur pays à un autre peuple », a-t-il dit, ajoutant que « ici, il peut y avoir la liberté de parole, au Royaume Uni, sur tous les sujets mais pas sur celui de la Palestine ».
Selon l’article du Guardian, une affiche identique avait eu l’autorisation d’être diffusée dans une station de métro de Westminster l’année dernière comme promotion de la campagne 2017.
Ces affiches pourront toutefois être posées sur les taxis pour lesquels les règles sont moins strictes en termes de publicité. Les organisateurs feront en sorte que les taxis fassent le tour des événements qui fêtent le centenaire, a fait savoir le Guardian.
Au mois de février, la campagne BAC (Balfour Apology Campaign), initiée par le groupe des droits de l’Homme du centre pour le retour des Palestiniens, avait lancé une pétition sur le site du parlement britannique appelant le pays à « présenter ouvertement ses excuses au peuple palestinien pour l’émission de la déclaration Balfour. La politique coloniale du Royaume-Uni entre 1917 et 1948 a mené à un déplacement massif de la nation palestinienne ».
Au mois d’avril, le Foreign office britannique avait posté une réponse à la pétition disant : « La déclaration Balfour est une déclaration historique pour laquelle le gouvernement de sa majesté n’a pas l’intention de s’excuser… Nous sommes fiers de notre rôle dans la création de l’état d’Israël. La tâche, maintenant, est d’encourager les initiatives de paix ».
Le premier d’une série d’événements fêtant ce 100e anniversaire avait été organisé aux chambres du parlement britannique au mois de novembre 2016 en présence d’un certain nombre de législateurs britanniques de l’ambassadeur israélien au Royaume-Uni Mark Regev et de l’ancien directeur-général du ministère des Affaires étrangères Dore Gold.
Le Premier ministre britannique Theresa May, lors d’une cérémonie organisée en amont du Nouvel an juif, avait, au mois de septembre 2016, salué la déclaration Balfour en estimant qu’elle était l’expression du « soutien apporté par le Royaume-Uni à l’établissement d’un foyer national pour les Juifs ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu devrait se joindre à May à l’occasion d’un dîner de fête à Londres à la fin de l’année pour marquer ce centenaire.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.