Des élus de la coalition appellent à de sévères mesures contre les Palestiniens
Suite à l'attentat, une députée Otzma Yehudit a déclaré que Huwara doit être "anéantie" et Ben Gvir presse l'adoption du projet de loi sur la peine de mort pour les terroristes
Des politiciens de droite ont appelé dimanche à des mesures énergiques contre les Palestiniens en réponse à un attentat terroriste dans la ville de Huwara, dans le nord de la Cisjordanie, le deuxième attentat par balles dans cette ville palestinienne en trois semaines. Le porte-parole d’une députée d’extrême-droite de la coalition a exhorté le gouvernement à « anéantir » toute la ville en guise de représailles.
David Stern, originaire de l’implantation d’Itamar, un ancien soldat des Marines des États-Unis qui travaille comme instructeur d’armes, a été grièvement blessé par balle lors de la fusillade survenue sur la Route 60. Il a été transporté à l’hôpital Beilinson de Petah Tikvah, où il a été mis sous sédatif et placée sous respirateur artificiel. Il souffre de blessures par balle à la tête et à l’épaule, mais son pronostic vital n’est pas engagé.
Son épouse qui se trouvait également dans le véhicule, mais qui n’a pas été touchée par les tirs, a été transportée à l’hôpital pour y être soignée suite au choc.
Tsahal a déclaré que le terroriste palestinien qui avait été touché par des tirs de la victime et des soldats immédiatement après l’attaque, avait réussi à s’enfuir à pied. Après une brève poursuite, les troupes l’ont localisé et arrêté. L’armée a ajouté que la mitraillette de fortune « Carlo » utilisée lors de l’attaque terroriste a été saisie.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’il priait pour le « héros blessé » qui a réussi à neutraliser le terroriste.
« Quiconque tente de nuire à des citoyens israéliens en portera la responsabilité », a ajouté Netanyahu.
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a lui aussi adressé des vœux de rétablissement à Stern, le félicitant d’avoir « sauvé sa propre vie, celle de sa femme et celle d’autres Juifs qui auraient pu être touchés par les tirs de l’assassin ».
Il a exhorté le gouvernement à adopter rapidement une loi permettant aux tribunaux d’imposer la peine de mort aux personnes reconnues coupables d’attaques terroristes meurtrières contre des citoyens israéliens. Ce projet de loi a été adopté en première lecture, mais la procureure générale Gali Baharav-Miara s’y est opposée et il est donc fort probable qu’elle soit assouplie.
Faisant écho à ce sentiment, Shlomo Neeman, directeur du Conseil de Yesha, groupe de coordination des implantations, et chef du Conseil régional du Gush Etzion, a déclaré « qu’un terroriste capturé mérite la mort et non un emprisonnement – avec de bonnes conditions et une allocation ». Il a également demandé au gouvernement « d’employer la manière forte contre les terroristes, de rétablir les points de contrôle [militaires] et d’éliminer les cachettes d’armes [utilisées par les Palestiniens] ».
Cette attaque a eu lieu exactement trois semaines après que deux jeunes frères israéliens ont été tués lors d’un attentat terroriste alors qu’ils traversaient la ville de Huwara. À la suite de cet attentat, des extrémistes ultra-nationalistes avaient organisé une émeute dans la ville, incendiant des maisons et des voitures et agressant des Palestiniens, faisant de nombreux blessés et tuant un Palestinien dans des circonstances encore incertaines.
Huwara a longtemps été un point névralgique en Cisjordanie, car c’est la seule ville palestinienne que les Israéliens traversent régulièrement pour se rendre dans les implantations du nord de la Cisjordanie.
Reprenant une remarque très critiquée du ministre des Finances Bezalel Smotrich à la suite de la précédente attaque de Huwara, qui avait exhorté Israël à « anéantir » la ville, un porte-parole d’une membre d’extrême-droite de la coalition s’est exprimé sur Twitter. « Huwara doit être anéantie. Immédiatement ! Sans s’excuser et sans bégayer. »
« Tant que nous n’intérioriserons pas cela, nous continuerons à être assassinés dans les rues », a ajouté Elisha Yered, le conseiller média de la députée du parti de Ben Gvir, Otzma Yehudit, Limor Son Har-Melech. « [Juifs], comprenez bien que personne n’a l’intention de s’occuper de votre sécurité. Le système ne se réveillera que lorsque vous tenterez de vous défendre par vous-même. »
Son Har-Melech a publié une déclaration ferme attaquant la coalition dont elle fait elle-même partie, en particulier le ministre de la Défense Yoav Gallant qu’elle accuse de « tolérance et de retenue » dans sa politique anti-terroriste.
« Ce sont peut-être des mots durs, mais il n’y a pas d’autre choix que de les dire : la vie des habitants de Judée et de Samarie, en particulier ceux qui vivent près de Huwara, continue d’être spoliée, même sous notre gouvernement actuel », a-t-elle déclaré, en utilisant le nom biblique de la Cisjordanie.
« Il est temps de mener une opération complète et approfondie qui comprendra la neutralisation des foyers du terrorisme dans les villes et les villages et la collecte de toutes les armes, l’expulsion des familles de terroristes et la prise de mesures énergiques contre l’environnement qui les soutient », a-t-elle ajouté. « Si la politique ne change pas de toute urgence, le prochain attentat terroriste n’est qu’une question de temps. »
La ministre des Implantations et des Missions nationales, la députée Orit Strouk (HaTzionout HaDatit), a déclaré que si « Huwara ne devait pas être brûlée », d’autres mesures étaient nécessaires, notamment « l’érection de points de contrôle avant les attentats et pas seulement après, la réduction du trafic arabe sur cette route, l’arrêt du commerce le long de la route où la densité donne refuge aux terroristes, la recherche d’armes dans chaque maison et, bien sûr, le rétablissement immédiat de l’implantation d’Evyatar » – un avant-poste illégal que certains membres du gouvernement veulent légaliser.
Certains membres du bras politique des « Jeunes des Collines » [résidents d’implantations radicaux] ont envoyé des messages appelant les Juifs à « se réveiller » et à « se rendre aux carrefours parce que nous ne pouvons pas continuer comme ça ».
Le groupe de défense de gauche anti-implantations Yesh Din a mis en garde contre les projets des résidents d’implantations d’organiser des manifestations près de Huwara, exhortant Tsahal à renforcer leurs forces et à empêcher que ne se répète le saccage du mois dernier de cette ville.
Hazem Qassem, porte-parole du groupe terroriste palestinien du Hamas, a salué la fusillade, déclarant qu’il s’agissait d’une « réaction naturelle aux crimes de l’occupation contre notre peuple en Cisjordanie et à Jérusalem ».
Le groupe terroriste n’a pas revendiqué l’attentat.
Des Palestiniens auraient, comme d’habitude, distribué des friandises pour célébrer l’attentat dans la ville voisine de Beita.
Les tensions entre Israël et les Palestiniens ont été intenses ces douze derniers mois, l’armée israélienne menant des opérations antiterroristes quasi-quotidiennes en Cisjordanie suite à plusieurs attentats terroristes palestiniens particulièrement meurtriers. Ces tensions se sont encore intensifiées ces dernières semaines, sur fond de raids israéliens et de représailles palestiniennes, ainsi que d’une recrudescence des violences des résidents d’implantations.
Une série d’attaques à Jérusalem et en Cisjordanie, ces derniers mois, a fait 14 morts et plusieurs blessés graves du côté israélien.
Au moins 85 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’année, la majorité d’entre eux alors qu’ils commettaient des attaques ou pendant des affrontements avant les services de sécurité. Certains étaient toutefois des civils non-impliqués et d’autres ont perdu la vie dans des circonstances qui font actuellement l’objet d’une enquête.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.