Des Éthiopiens empêchés de se marier à Petah Tikva
Des Israéliens Ethiopiens disent que le rabbinat local se méfie de leur conversion ; cela marque la seconde série de plaintes pour discrimination dans la ville
Des Israéliens Ethiopiens de Petah Tikva, dans le centre d’Israël, affirment qu’ils se voient régulièrement dénier l’autorisation de se marier par le rabbinat de la ville, où les rabbins remettent en cause leur judéité.
Sous les auspices du grand rabbin sépharade, Binyamin Atias, des membres de la communauté éthiopienne forte de 10 000 personnes de la ville se voient régulièrement rejeter par l’autorité du rabbinat local quand ils tentent de s’enregistrer pour des mariages, els forçant à aller ailleurs, a annoncé lundi la radio militaire.
Shega, une Israélienne Ethiopienne qui a récemment été refusée par l’officier du rabbinat, a déclaré à la station de radio qu’après avoir soumis les papiers prouvant sa conversion, l’officier lui a demandé de produire des assurances d’un rabbin qu’elle était juive orthodoxe pratiquante, et a enquêté sur l’éducation du couple avant de finalement leur dire d’aller s’enregistrer ailleurs.
Shega a déclaré qu’au moins 30 couples Israéliens Ethiopiens avaient fait face à des expériences similaires.
Alors que les immigrants juifs éthiopiens de la communauté Beta Israël sont reconnus comme pleinement juifs et n’ont pas besoin de se convertir en arrivant en Israël, les immigrants d’Ethiopie appartenant à la communauté Falash Mura, qui s’est convertie du judaïsme au christianisme au 19e siècle, doivent pratiquer une conversion orthodoxe après avoir immigré.
En 2014, les Israéliens Ethiopiens de Petah Tikva ont soulevé des plaintes similaires de discrimination contre le rabbinat de la ville et Attias.
A ce moment, le grand rabbinat du pays avait déclaré que ses régulations stipulaient que les rabbins locaux fournissent des services à tous les citoyens juifs, et qu’il conduirait une « investigation méticuleuse » sur ces plaintes, promettant de prendre des mesures si la discrimination était découverte.
En Israël, le seul moyen légal de se marier pour les juifs est de passer par le rabbinat.
En réponse au reportage de dimanche, Tzohar – une ONG dédiée à combler les fossés entre les juifs en Israël et proposant une alternative orthodoxe plus libérale au rabbinat – a accusé la ville de pratiques discriminatoires.
« Nous sommes choqués. Aucun autre mot ne peut décrire l’affront et la honte envers des dizaines de couples qui veulent simplement s’enregistrer pour un mariage là où ils vivent », a déclaré l’association dans un communiqué notant les accusations de discrimination.
Tzohar a déclaré qu’elle pensait à ouvrir un bureau à Petah Tikva où les Israéliens Ethiopiens auraient la permission de s’enregistrer, contournant l’autorité religieuse locale.
Selon le rabbin Chuck Davidson, un militant indépendant travaillant sur la réforme des conversions en Israël, la discrimination par les autorités rabbiniques financées par l’Etat s’étendent à la plupart des convertis, pas simplement aux Ethiopiens.
« La situation à Petah Tikva n’est pas rare, a-t-il déclaré lundi au Times of Israël. Souvent, les rabbinats locaux ne reconnaissent pas leurs propres conversions. »
Malgré un jugement en 2013 de la haute cour de justice qui interdit aux rabbins municipaux de demander plus de preuves de la judéité d’un converti, Davidson a déclaré que la réalité est que beaucoup de juifs convertis en Israël font régulièrement face à ce qu’il appelle une « inquisition » sur leur engagement au judaïsme orthodoxe.
Il a déclaré que les récentes mesures par Israël, le conseil rabbinique des Etats-Unis et d’autres groupes pour standardiser et centraliser le processus de conversion ont rendu quasiment impossible de suivre une conversion orthodoxe qui soit universellement reconnue.
Finalement, Davidson a déclaré que c’était « les juifs les plus vulnérables qui souffraient de cela, parce que toute leur identité repose entre les mains d’un seul rabbin de conversion. »