Des experts argentins confirment que Nisman a été assassiné
Le procureur, qui enquêtait sur l’attentat contre l’AMIA, a été drogué et frappé par 2 personnes qui ont maquillé la scène de crime pour faire croire à un suicide

BUENOS AIRES, Argentine – Alberto Nisman, le procureur spécial chargé d’enquêter sur l’attentat perpétré contre le centre juif AMIA, a été assassiné par deux personnes, qui l’ont drogué et frappé avant de maquiller la scène du crime pour faire croire à un suicide, selon un rapport officiel.
Le rapport a été soumis vendredi par le juge fédéral Julian Ercolini et le procureur Eduardo Taiano, qui enquêtent sur la mort du procureur argentin. L’enquête sur le décès de Nisman privilégie la piste du meurtre et le principal suspect serait Diego Lagomarsino, spécialiste informatique.
En janvier 2015, Lagomarsino a dit être allé à l’appartement de Nisman pour lui donner un « très vieux » pistolet de calibre 22 pour qu’il puisse se défendre si besoin. Quelques heures après, Nisman a été retrouvé mort d’une balle tirée à bout portant avec cette arme, au-dessus de son oreille droite. Jusqu’à présent, Lagomarsino n’a été accusé que d’avoir remis le pistolet à Nisman.
Le rapport a été écrit par les enquêteurs de la police scientifique appartenant à la police des frontières du pays. Les nouvelles analyses toxicologiques réalisées sur le corps de Nisman ont permis de retrouver des traces de kétamine, un anesthésiant principalement utilisé pour les animaux et comme drogue récréative. L’analyse a également montré qu’il avait été frappé et qu’une autre personne avait tenté de le neutraliser et de le contrôler.

Taiano chercherait à savoir si le décès de Nisman est survenu le 18 janvier 2015, la nuit où son corps a été retrouvé, ou la veille. Dans ce cas, Lagomarsino serait encore plus suspecté, étant donné qu’il s’est rendu à deux reprises chez Nisman ce jour-là. Selon le journal La Nacion, Lagomarsino est surveillé, de crainte qu’il ne fuit la justice.
Le corps de Nisman a été retrouvé quelques heures avant qu’il ne présente aux élus argentins des preuves établissant que la présidente Cristina Fernandez de Kirchner avait couvert le rôle de l’Iran dans l’attentat de 1994 contre l’AMIA, dans le centre de Buenos Aires, qui avait fait 85 morts et des centaines de blessés.
Plus d’un an après le décès de Nisman, le dossier a été transféré à une cour fédérale, ce qui indique que l’enquête se concentre désormais sur un meurtre politique plutôt que sur un suicide.
Depuis, le procureur Eduardo Taiano a dirigé l’enquête et reçu des menaces de mort. Il a ordonné à une commission interdisciplinaire d’enquêter sur la scène du crime et de produire un rapport.

L’Argentine avait déjà accusé le Hezbollah, groupe terroriste chiite libanais, d’avoir mené l’attentat contre l’AMIA sur ordre de l’Iran. Nisman avait établi comment et quand l’Iran avait ordonné l’attentat, et que le Hezbollah avait recruté et déployé un terroriste kamikaze, Ibrahim Berro, qui était au volant de la Renault Trafic remplie d’explosifs ce 18 juillet 1994.
Nisman avait aussi démontré que l’Iran était également responsable de l’attentat de mars 1992 contre l’ambassade israélienne de Buenos Aires, qui a fait 29 morts et blessé des centaines de personnes.