Israël en guerre - Jour 348

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Des groupes juifs demandent à Columbia d’en faire plus pour combattre l’antisémitisme

Le fondateur d'un groupe de défense juridique attribue les troubles sur le campus à "l'incapacité de l’université à lutter contre l'antisémitisme après le 7 octobre"

La police devant l'Université de Columbia, à New York, le 30 avril 2024. (Crédit : Luke Tress via JTA)
La police devant l'Université de Columbia, à New York, le 30 avril 2024. (Crédit : Luke Tress via JTA)

New York Jewish Week via JTA – Mardi soir, alors que la police américaine évacuait les manifestants d’un bâtiment de l’Université de Columbia et arrêtait plus de 100 personnes, Me Gerard Filitti a déclaré que la faute incombait aux étudiants qui avaient érigé un campement anti-Israël non autorisé dans l’enceinte de l’école.

Mais ils ne sont pas les seuls à être blâmés. Bien que l’administration de Columbia ait fait appel à la police de New York (NYPD), Filitti a déclaré que les affrontements de mardi étaient le résultat de l’inaction des dirigeants de Columbia, non seulement pendant les deux semaines qu’a duré le campement, mais aussi plus de six mois après l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre, qui a déclenché la guerre à Gaza.

« L’université n’a pas réussi à maintenir l’ordre sur le campus pour assurer la sécurité de ses étudiants et protéger les droits civils des étudiants juifs », a déclaré Filitti, conseiller principal du Lawfare Project, qui aide les étudiants pro-Israël et juifs, au New York Jewish Week. Il a qualifié la détérioration des conditions de vie des étudiants juifs de « résultat direct de l’incapacité de l’école à lutter contre l’antisémitisme après le 7 octobre ».

Filitti, ainsi que d’autres opposants aux campements, a demandé à plusieurs reprises à Columbia de sévir contre les activistes pro-palestiniens et anti-Israël. Mais maintenant que c’est chose faite, ils ne se réjouissent pas. Au contraire, les groupes pro-Israël veulent que l’école s’attaque davantage aux causes profondes de l’antisémitisme sur les campus. Ils demandent à Columbia d’appliquer ses règles, de pénaliser les membres du corps enseignant et de changer la culture du campus. Certains estiment que sa présidente, Minouche Shafik, doit démissionner.

« Ce n’est pas parce qu’ils ont fait disparaître le campement qu’ils ont réglé les problèmes sous-jacents », a déclaré Kenneth L. Marcus, fondateur du Brandeis Center, un groupe de défense juridique qui a déposé un certain nombre de plaintes fédérales pour violation des droits civils contre des universités pour cause d’antisémitisme.

Marcus a déclaré que l’antisémitisme était un problème à Columbia depuis des dizaines d’années. Il a cité un documentaire de 2004 sur l’antisémitisme sur le campus, intitulé « Columbia Unbecoming », qui mettait en scène des étudiants pro-Israël, dont le jeune Bari Weiss.

Des manifestants devant l’Université de Columbia, à New York, le 30 avril 2024. (Crédit : Luke Tress via JTA)

« L’université ne peut pas se contenter de prétendre qu’il s’agit de quelques étudiants qui enfreignent les règles. Le problème est profondément ancré dans la culture de Columbia », a-t-il déclaré, exhortant également l’université à remplacer les membres du corps enseignant qui ont contribué à créer une atmosphère hostile aux Juifs.

L’université a pris des mesures pour assurer la sécurité des Juifs, notamment en créant un groupe de travail sur l’antisémitisme composé de membres du corps enseignant. Le rapport inaugural de ce groupe de travail, publié en mars, a formulé des recommandations politiques et a été applaudi par les groupes juifs. En novembre, Columbia a suspendu ses sections universitaires de Students for Justice in Palestine (SJP) et de l’organisation anti-sioniste Jewish Voice for Peace (JVP) pour avoir enfreint les politiques de protestation, mais ces mêmes groupes ont poursuivi leurs activités sous les auspices d’un consortium de clubs d’étudiants appelé Columbia University Apartheid Divest (CUAD). Columbia a déclaré avoir suspendu plusieurs étudiants pour avoir organisé sur le campus, fin mars, un événement non autorisé intitulé « Résistance 101 », au cours duquel des orateurs ont fait l’éloge du Hamas.

« Nous nous engageons à prendre des mesures durables et concrètes pour faire de Columbia une communauté où les étudiants juifs et tous les autres se sentent en sécurité, valorisés et capables de s’épanouir », a déclaré mercredi un porte-parole de Columbia au New York Jewish Week. « La répression est parfois nécessaire, mais elle n’est pas suffisante. C’est pourquoi notre groupe de travail sur l’antisémitisme est habilité à identifier des moyens pratiques d’améliorer le soutien apporté à nos étudiants juifs. »

Le porte-parole a ajouté : « Columbia a approuvé la première série de recommandations du groupe de travail, dont les travaux se poursuivent. Nous attendons avec impatience leurs recommandations dans une série de domaines tels que les offres académiques et extra-scolaires et les programmes de formation des étudiants, du corps enseignant et du personnel. »

Le nouveau directeur-général du Conseil des relations de la communauté juive de New York, Mark Treyger, s’est fait l’écho de Filitti en déclarant que ces bouleversements étaient « le résultat d’une université qui n’avait aucun plan au cours des six mois et demi qui ont suivi le 7 octobre pour faire face à la montée de la haine, en particulier de l’antisémitisme ».

Marcus a déclaré qu’une des voies possibles pour une action ultérieure est celle que son groupe a poursuivie dans plusieurs écoles : une action en justice extérieure. Columbia fait déjà l’objet d’une enquête du Congrès, d’une enquête du ministère de l’Éducation et de poursuites civiles. Les protections sont devenues « une question nationale », a-t-il déclaré. Il a également fait l’éloge de la loi sur la sensibilisation à l’antisémitisme (Antisemitism Awareness Act), qui a été adoptée mercredi par la Chambre des représentants et qui obligerait les agences fédérales de défense des droits civils à utiliser la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) de l’antisémitisme lorsqu’elles statuent sur des plaintes.

« Il y a un besoin criant de protections juridiques plus fortes » à Columbia et dans d’autres campus, a déclaré Marcus, qui a également prédit qu’il y aurait davantage de poursuites civiles contre l’université.

Les groupes juifs ont également demandé à l’université d’appliquer les règles existantes, telles que les restrictions d’entrée. Alors que les personnes extérieures ont souvent été interdites d’accès au campus depuis le 7 octobre, le maire de New York, Eric Adams, a déclaré mercredi que des « agitateurs extérieurs » avaient attisé la protestation, bien qu’il n’ait fourni que peu de preuves concrètes.

Un manifestant accrochant une banderole à une fenêtre du Hamilton Hall, sur le campus de l’Université de Columbia, à New York, le 30 avril 2024. (Crédit : Mary Altaffer/AP)

Ari Shrage, membre du conseil d’administration de l’Association des anciens élèves juifs de Columbia, a également demandé à l’université d’appliquer ses règles contre les manifestations non autorisées, qui durent depuis des mois. Lors de son audition au Congrès en avril, Shafik a déclaré que quinze étudiants avaient été suspendus pour avoir enfreint les règles de l’université. Certains étudiants ont été suspendus le mois dernier, mais le nombre exact n’est pas clair et Shafik n’a pas mentionné les suspensions dans sa déclaration de mercredi.

Shrage a déclaré que l’université avait fait preuve de laxisme en ce qui concerne la responsabilisation des étudiants.

« L’université n’a pas appliqué les règles et les étudiants se sont dit ‘OK, nous allons essayer autre chose et voir si nous pouvons nous en sortir' », a-t-il déclaré. « Il n’y a pas eu de conséquences et c’est ce qu’on obtient. »

L’UJA-Federation of New York a qualifié l’action de la police « d’étape importante dans le rétablissement d’un environnement sûr », tout en appelant à d’autres mesures pour lutter contre l’antisémitisme.

« Nous demandons instamment à Columbia – et aux universités de tout le pays – d’appliquer les règles existantes de manière rapide et transparente », a déclaré la fédération dans un communiqué.

Fillitti a également demandé à l’université de remplacer Shafik. Une présidente qui « fait volte-face sur ce qu’il convient de faire avec les campements n’est pas quelqu’un qui devrait conserver son poste », a-t-il affirmé.

« L’un des signaux clairs que Columbia pourrait envoyer est le remplacement de ses dirigeants », a-t-il déclaré. « Dans un monde idéal, l’école reconnaîtrait publiquement qu’elle a commis des erreurs. »

Il a également critiqué l’administration pour avoir organisé des négociations avec les dirigeants de la manifestation non autorisée afin « d’apaiser le groupe le plus bruyant et le plus agressif du campus ».

Des policiers de la ville de New York arrêtant des personnes, après qu’un bâtiment occupé par des manifestants plus tôt dans la journée a été libéré, ainsi qu’un campement de tentes près du campus de l’Université Columbia, à New York, le 30 avril 2024. (Crédit : Craig Ruttle/AP)

Shrage a déclaré que l’université devait adopter une approche à long-terme pour s’attaquer au problème.

« Nous espérons que les dirigeants prendront cela au sérieux et n’essaieront pas simplement de mettre un pansement en pensant que le fait d’appeler la police cette fois-ci résoudra le problème », a-t-il souligné.

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