Des manifestations à Tel Aviv et à Jérusalem visent directement des ministres
La Knesset a été encerclée alors que la commission débattait du projet de loi sur les nominations judiciaires ; Yitzchak Goldknopf a été interrompu au musée Eretz Israel
Des manifestations contre la réforme du système judiciaire du gouvernement ont eu lieu à Jérusalem et à Tel-Aviv mercredi, plusieurs d’entre elles visant des ministres du gouvernement, alors que la coalition poursuivait son processus législatif largement controversé.
La police a bloqué les entrées de la Knesset alors qu’un convoi de protestation tournait autour de la zone en klaxonnant en signe d’opposition à la législation proposée, tandis que la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice discutait du projet de loi sur les nominations des juges.
A Tel Aviv, des réservistes militaires se sont rassemblés à un carrefour près du musée Eretz Israel à Tel Aviv, où le ministre du Logement et de la Construction Yitzchak Goldknopf et la ministre des Transports Miri Regev devaient arriver pour une conférence de l’Autorité foncière israélienne (ILA) plus tard dans la matinée.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu devait également assister à la conférence, mais il a annulé sa participation, sans que l’on sache exactement pourquoi.
Menés par l’ancien chef d’état-major adjoint de Tsahal, Dan Harel, les manifestants ont emprunté l’artère Namir pour se rendre au musée. Quelques manifestants ont réussi à pénétrer dans la salle où Goldknopf s’exprimait et l’ont interrompu avant d’être expulsés par les services de sécurité.
Harel, également ancien directeur du ministère de la Défense, a qualifié la récente proposition législative « édulcorée » de « masque qu’ils ont placé sur le principal changement qu’ils voulaient apporter, à savoir le contrôle de la Cour suprême ».
מפגינים שהצליחו להכנס לכנס הפריעו לשר השיכון גולדקנופף להתחיל את נאומו והוא נאלץ לרדת מהבמה
מדווחת @AdiCohen132 pic.twitter.com/AP5PvKFRyN
— Bar Peleg (@bar_peleg) March 22, 2023
« Une fois qu’ils auront pris le contrôle, chaque décision qu’ils prendront sous la forme d’une loi pourra être approuvée par le biais de ce projet ‘édulcoré’, et nous serons au bord d’une dictature », a déclaré Harel à la Douzième chaîne.
En ce qui concerne les réservistes qui refusent de servir, Harel a déclaré que « les gens ont déclaré qu’ils ne se porteraient pas volontaires pour le service de réserve si le pays était transformé en dictature ».
De plus en plus, les réservistes – qui sont un élément clé des activités de routine de l’armée, y compris dans les unités d’élites – ont averti qu’ils ne seraient pas en mesure de servir dans un Israël non démocratique, qu’ils accusent le pays de devenir dans le cadre du plan du gouvernement.
À lire : L’armée met en garde contre les conséquences d’une défection des réservistes
Dans la ville centrale de Kfar Saba, des dizaines de manifestants ont protesté contre l’apparition du ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar, à un événement cinématographique organisé au centre commercial Oshiland.
מקבלים את מיקי זוהר. אושילנד כפר סבא pic.twitter.com/a04ctORX9c
— לירי בורק שביט (@lirishavit) March 22, 2023
Le ministre a été contraint d’annuler sa participation et a été escorté hors du centre commercial par la sécurité.
Les manifestations ont eu lieu alors que la Knesset était sur le point d’approuver un projet de loi qui, s’il est adopté dans sa forme actuelle, donnera au gouvernement le contrôle de la plupart des nominations judiciaires.
La commission chargée d’examiner le projet de loi fait avancer la mesure et les derniers votes de la Knesset pour que le projet ait force de loi devraient avoir lieu la semaine prochaine avant que la Knesset n’entame le 2 avril, son congé d’une durée d’un mois.
Alors que le gouvernement poursuit son blitz législatif, les organisateurs des manifestations ont déclaré qu’ils prévoyaient une nouvelle journée de perturbations en opposition aux propositions, baptisée « Journée nationale de paralysie », jeudi.
Ils prévoient notamment de perturber la circulation autour de l’aéroport Ben Gurion en prévision du voyage du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Londres, et de bloquer l’accès aux transports publics.
Les manifestants ont également annoncé qu’ils protesteraient contre une convention organisée dans le parc d’affaires Airport City, situé à proximité, à laquelle participeraient le ministre de l’Agriculture Avi Dichter et le ministre de l’Économie Nir Barkat.
Des rassemblements sont prévus jeudi matin à Tel Aviv et à Jérusalem lors d’une session de la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset. Le rassemblement principal, prévu à 19h, devait partir du centre commercial Ayalon, dans la banlieue de Tel Aviv, à Ramat Gan, pour se rendre à Bnei Brak.
Des manifestations devant les domiciles des députés de la coalition ont également été annoncées.
Plusieurs établissements universitaires ont annoncé leur intention d’autoriser leurs étudiants à manifester sans conséquences ou ont déclaré qu’il n’y aura pas cours jeudi.
À Kfar Saba, le collège Beit Berl a annoncé que les cours n’auraient pas lieu, l’École des beaux-arts Bezalel de Jérusalem a déclaré que des cercles de discussion seraient organisés à la place des cours, et le Technion de Haïfa a indiqué que l’institution fermerait ses portes pendant trois heures.
L’université de Tel Aviv ne suspendra pas ses cours, mais sa faculté des sciences sociales a déclaré qu’elle autoriserait les conférenciers à faire ce qu’ils veulent. L’université Ben Gurion du Néguev ne fermera pas ses portes, mais a encouragé les enseignants et les étudiants à participer aux manifestations.
L’université Reichman à Herzliya a annoncé que les cours se dérouleraient normalement, mais qu’en raison des perturbations attendues dans les transports, elle ne fera pas l’appel. Le Rupin College et le Seminar Hakibbutzim ont déclaré qu’ils autoriseraient les enseignants à faire grève s’ils le souhaitaient. L’université hébraïque de Jérusalem n’a pas encore annoncé de décision à ce sujet.
Selon le quotidien Haaretz, le ministre de l’Éducation Yoav Kisch a déclaré lors d’une réunion du Conseil de l’enseignement supérieur qu’il était déçu de voir « des institutions insister pour s’impliquer et introduire des opinions politiques dans les universités de manière unilatérale, et ainsi nuire aux institutions qu’elles dirigent et à l’université dans son ensemble ».
Depuis 11 semaines, les manifestants se mobilisent contre le plan du gouvernement qui, dans sa forme actuelle, permettrait à la Knesset d’annuler les décisions des tribunaux à la plus courte majorité, de soustraire les lois à tout contrôle judiciaire et de confier la sélection de tous les juges aux politiciens de la coalition.
Si les partisans de cette réforme judiciaire assurent qu’il s’agit d’une réforme indispensable pour mettre un frein à l’activisme de la Cour, ses opposants affirment que ce projet affaiblira radicalement le caractère démocratique d’Israël, supprimera un élément clé de l’équilibre des pouvoirs et laissera les minorités sans protection, mettant ainsi la démocratie en péril.