Des milliers d’activistes de droite entendent bien revenir à Gaza après la guerre
Selon un dirigeant, « La ville de Gaza sera juive » et des groupes de résidents sont en cours de constitution. Des députés du bloc de Netanyahu soutiennent ce mouvement en plein essor
Pour certaines personnes de droite, la conquête de la bande de Gaza et le rétablissement des implantations israéliennes ne sont plus de l’ordre du rêve : ils sont nombreux, ministres du gouvernement, éminents membres de la Knesset, personnalités publiques et militants par milliers, à en préparer activement le projet depuis le début de la guerre contre le Hamas, le 7 octobre dernier, et à redoubler d’efforts ces toute dernières semaines.
Ces militants en sont au point de se répartir les tâches et d’établir des groupes de peuplement en fonction de la carte des implantations qu’ils prévoient pour la bande de Gaza.
Ce dimanche, ils tiendront une grande conférence sur « l’implantation juive à Gaza » au Centre international des congrès de Jérusalem, devant un parterre de plus de 3 000 personnes.
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Deux ministres du Likud – celui de la Culture et des Sports, Miki Zohar, et celui du Tourisme, Haim Katz – s’y exprimeront. Zohar a demandé à tous ses soutiens de venir, et Katz a affirmé : « Nous représentons la majorité du peuple ».
D’autres ministres du Likud devraient eux aussi assister à l’événement et y prendre la parole. Tous les ministres du parti d’extrême droite Otzma Yehudit seront présents (le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, celui du Développement de la Périphérie, du Neguev et de la Galilée, Yitzhak Wasserlauf et enfin celui du Patrimoine, Amichai Eliyahu). Il est également probable que les ministres du parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit – celui des Finances Bezalel Smotrich, celle des Missions nationales et des Implantations, Orit Strock, et enfin celui de l’Immigration et de l’Intégration Ofir Sofer – ne manqueront pas l’occasion de se présenter devant 3 000 électeurs potentiels.
Des membres de la Knesset doivent également prendre la parole lors de l’événement, dont sept membres du Likud, le parti au pouvoir du Premier ministre Benjamin Netanyahu : Hanoch Milwidsky, Nissim Vaturi, Amit Halevi, Tally Gotliv, Etty Hava Atia, Moshe Passal et Ariel Kallner. Ils seront rejoints par les députés d’extrême droite d’Otzma Yehudit, Limor Son Har Melech, Yitzhak Kroizer, Almog Cohen et Zvika Fogel, et trois membres du sionisme religieux – Moshe Solomon, Zvi Souccot et Michal Waldiger.
L’événement est organisé par le chef du Conseil régional de Samarie, Yossi Dagan, et la présidente du mouvement Nachala, Daniella Weiss, très active dans l’installation d’avant-postes illégaux en Cisjordanie.
Israël s’est retiré de la bande de Gaza en 2005, en démantelant ses implantations, retirant ses forces armées et laissant le territoire aux mains de l’Autorité palestinienne. Le Hamas a pris le contrôle de Gaza lors d’un sanglant coup d’État en 2007, et aucune élection n’a eu lieu depuis cette date.
La guerre a éclaté le 7 octobre par une attaque transfrontalière dûe à l’organisation terroriste palestinienne du Hamas, venue de la bande de Gaza pour tuer avec une extrême brutalité près de 1 200 personnes – essentiellement des civils – dans le sud d’Israël. Les terroristes ont également enlevé 253 personnes, dont plus de la moitié sont toujours otages à Gaza.
Israël a riposté à cette attaque par une campagne militaire destinée à éradiquer le Hamas, le chasser du pouvoir à Gaza et libérer les otages.
Les autorités israéliennes ont à plusieurs reprises rejeté l’idée de rétablir des implantations à Gaza, en raison notamment de l’opposition catégorique de la communauté internationale, à commencer par le principal allié d’Israël, les États-Unis. Pour autant, cette campagne militaire pour renverser le Hamas, dans la bande de Gaza, suscite des espoirs parmi certains piliers du mouvement des implantations.
« Il faut reprendre cette zone et établir une implantation à Gaza », dit Dagan, « Il faut commencer par le nord de la bande de Gaza. La zone où se trouvaient Elei Sinai, Nisanit et Dugit… C’est près de Sderot, et c’est là que les premières implantations seront construites. »
Sderot est la plus grande ville israélienne près de la frontière de Gaza.
Weiss, le leader de Nachala, a déclaré mardi à la version en hébreu du Times of Israël, Zman Israel, que les implantations avaient déjà été baptisées et qu’il avait une stratégie claire.
« L’engouement est incroyable – vous le verrez à la conférence », assure Weiss. « Nous avons jusqu’à présent 400 familles réparties dans sept grands groupes d’implantations dans toute la bande de Gaza. Nous avons des groupes centraux à la frontière nord – là où se trouvaient les implantations d’Elei Sinai, Nisanit et Dugit -, et dans la ville de Gaza elle-même. Et dans l’ensemble de l’enceinte de l’ancien bloc du Gush Katif. »
« La ville de Gaza sera juive. Il n’y a aucun problème juridique dans le nord de la bande de Gaza : nous nous sommes renseignés et avons constaté que le territoire n’avait jamais été sous souveraineté égyptienne », dit-elle.
C’est lors de la guerre des Six Jours, en 1967, qu’Israël a pris Gaza à l’Égypte, qui l’a occupé en 1948 pendant la guerre au moment de la création de l’État d’Israël.
« Nous avons formé des équipes sérieuses, collecté des dons », poursuit Weiss. « Nous suivrons peu ou prou la même stratégie que celle que nous avons utilisée en Judée-Samarie : d’abord, nous [les résidents d’implantations] allons établir une présence dans les camps militaires. Pas à pas », explique-t-elle, en parlant de la Cisjordanie en utilisant son nom biblique.
« Les implantations nouvellement établies ne porteront pas le même nom que celles d’avant le désengagement », souligne-t-elle, en faisant allusion au retrait israélien de Gaza en 2005 et à l’évacuation des implantations qui avait suivi. « Chaque implantation portera le nom d’un soldat mort au combat, ou les initiales de plusieurs soldats tombés à Gaza. L’une des implantations s’appellera Yishai. Dimanche, nous donnerons les noms. »
« J’adore ce moment, la phase d’organisation », confie Weiss. « Nous avons tout : un noyau religieux-laïc, un noyau ultra-orthodoxe, des équipes qui travaillent de manière indépendante depuis un certain temps. Dans la ville de Khan Younès, une ville juive sera construite et nous l’appellerons Hanut Yona. »
La plupart des ministres et membres de la Knesset qui soutiennent activement les implantations à Gaza soutiennent également l’émigration volontaire des résidents de Gaza pendant et après la guerre, idée qui n’a pas manqué de susciter de vives réactions internationales, à commencer par l’opposition farouche des États-Unis. Mais même si les Palestiniens restent, les activistes sont bien déterminés à établir des implantations en un territoire qu’ils espèrent sous contrôle israélienne permanent.
L’occupation de Gaza et l’établissement d’implantations ne reflètent pas la politique du gouvernement israélien pour la bande de Gaza dans l’après-guerre. Netanyahu a en effet déclaré qu’Israël ne resterait pas à Gaza après la guerre, mais qu’il conserverait le contrôle global de sa sécurité.
Pour autant, près d’un tiers des membres du gouvernement et de la Knesset soutiennent la reprise des implantations dans la bande de Gaza – non seulement les députés du Likud, de HaTzionout HaDatit et d’Otzma Yehudit, mais aussi les deux partis ultra-orthodoxes -. Netanyahu fait donc face à une très forte pression de son propre camp, de la part des membres de tous les partis de sa coalition d’avant-guerre.
Gotliv, députée du Likud qui devrait assister à la conférence, a déclaré à Zman Israël : « Seules des implantations dans le nord de la bande de Gaza apporteront sécurité et défaite de l’ennemi. Malheureusement, les dirigeants du Likud ont peur de parler des implantations et de contrôle dans le nord de la bande de Gaza. »
La campagne pour des implantations à Gaza a commencé par des affiches apposées près de la Knesset pendant la première semaine de la guerre et de petits rassemblements dans l’implantation d’Ariel, en Cisjordanie.
C’est la méthode classique du mouvement des implantations en Cisjordanie depuis des années : s’établir sur le territoire ou sur les sites de l’armée en petits groupes, sans que le gouvernement ou l’armée ne réagissent, faire jouer les relations et les pressions politiques à la Knesset et dans les couloirs du pouvoir et enfin organiser des événements de grande ampleur, des manifestations et des conférences qui font avancer l’idée de nouvelles implantations.
« Nous attendons une décision du gouvernement sur l’établissement d’une petite implantation, le maintien d’un avant-poste militaire ou quelque chose dans le nord de la bande de Gaza », explique Dagan, l’un des militants les plus en vue du Likud.
« Sans le gouvernement, rien ne se fera. Nous ne défions pas Netanyahu, mais notre position est sans équivoque, et je sais que cela peut fonctionner.»
Il y a seize ans, nous nous sommes battus pour revenir à Homesh après le désengagement », dit-il, en parlant de l’avant-poste illégal de Cisjordanie évacué en 2005 et du retrait de Gaza. L’avant-poste allait être rétabli par des militants du mouvement des implantations des années plus tard, une fois abrogées par la Knesset les lois ayant entraîné la suppression de certaines implantations du nord de la Cisjordanie.
« En fin de compte, cela s’est fait, et la loi sur le désengagement a été abrogée », rappelle Dagan. « Nous sommes retournés à Homesh et dans le nord de la Samarie, et nous retournerons également dans le Gush Katif. »
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article, publié à l’origine mercredi dernier dans Zman Israël.
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