Des proches d’otages demandent à Netanyahu de retirer son pin’s en ruban jaune
Pour le Forum des familles des otages, le symbole prouve un "engagement moral sans compromis" envers les otages, que le Premier ministre n'aurait pas manifesté
Le Forum des familles des otages et disparus a appelé mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu à retirer son pin’s « ruban jaune » utilisé en signe de solidarité avec les otages et leurs familles, accusant le Premier ministre de feindre son soutien à leur cause tout en se dérobant à son engagement d’obtenir la libération de leurs proches.
« Le pin’s du ruban jaune est porté par toute personne qui souhaite exprimer son soutien sans réserve au retour des otages et sa sympathie pour les familles des otages dont les proches ont été abandonnés au [groupe terroriste palestinien du] Hamas à Gaza depuis 334 jours », a déclaré le forum dans un communiqué.
« Le forum rappelle au Premier ministre que les dirigeants, les personnalités publiques et les citoyens du monde entier portent ce pin’s avec le grand espoir qu’il sera retiré dès que possible, dans l’attente du retour des 101 otages qui ont été abandonnés sous sa garde – les vivants pour leur réhabilitation et les assassinés et les morts pour leur enterrement – et que son port témoigne d’un engagement moral intransigeant pour leur retour et pour ne pas les abandonner. »
« Par conséquent, le forum exige que le Premier ministre le retire du revers de son costume et cesse d’utiliser le pin’s comme une illusion de soutien alors qu’en pratique il ne fait pas assez pour leur retour. »
Le Forum des familles a intensifié ses critiques à l’égard de Netanyahu ces derniers jours, affirmant qu’il a prouvé « qu’il n’avait pas l’intention de ramener les otages » suite à l’exécution de six captifs aux mains du groupe terroriste palestinien du Hamas dans un tunnel de Rafah, au sud de la bande de Gaza, à la fin de la semaine dernière, et à son insistance sur le fait qu’il n’acceptera aucun accord de « trêve contre libération d’otages » incluant le retrait des troupes israéliennes du couloir stratégique dit de « Philadelphi », qui sépare l’Égypte de la bande de Gaza.
À cet égard, l’ancienne otage Liat Atzili, dont le mari Aviv Atzili a été assassiné au cours du pogrom du 7 octobre et dont le corps a été emporté à Gaza, a accusé mercredi Netanyahu de « violer de manière répétée » la confiance que le peuple a placée en lui, lors d’une allocution prononcée à l’occasion de la cérémonie commémorative marquant les huit ans de la mort de l’ancien Premier ministre et président Shimon Peres.
Dénonciation de Netanyahu
Sa prise de parole lors de la cérémonie, en présence du président Isaac Herzog, a été exceptionnellement approuvée avec la bénédiction de la fille de Peres, Tsvia Walden.
« Toute ma vie, j’ai été élevée dans la croyance du caractère sacré de la vie humaine », a expliqué Liat, une professeure d’histoire du kibboutz Nir Oz. « Toute ma vie, j’ai appris et enseigné qu’il n’y a rien de plus important que ça. »
« Le gouvernement israélien actuel nous a clairement fait comprendre que, pour certains, la vie humaine n’est plus sacrée. Elle n’est pas non plus une responsabilité. »
« M. Peres, je me souviens encore très bien de votre visite en tant que président au kibboutz en 2008, et de votre rencontre avec mon fils Neta, au cours de laquelle vous vous êtes engagé à nous protéger, nous, les habitants du Néguev », a-t-elle poursuivi.
« Parallèlement à votre engagement en faveur de la sécurité, vous avez travaillé sans relâche pour promouvoir la paix dans la région », a-t-elle ajouté faisant référence à Peres, qui avait reçu le prix Nobel de la paix en 1994 pour son travail sur les Accords Oslo.
« Vous avez apporté à votre présidence et tout au long de votre carrière politique deux choses qui nous font tant défaut aujourd’hui : la vision et la responsabilité. »
Elle a ajouté qu’au cours des années qui ont suivi la mort de Peres, Netanyahu avait « réussi à effacer le rêve de paix, à enfouir l’espoir, à diviser le peuple et à unir nos ennemis contre nous ».
« Je n’ose imaginer ce que vous diriez si vous aviez été ici avec nous le matin du 7 octobre, lorsque des terroristes ont investi des dizaines de villages et de kibboutzim que vous connaissiez si bien. Ils ont assassiné, violé, pillé et brûlé, et ont perpétré un pogrom – ici, dans l’État d’Israël, l’État qui a été créé pour être un havre de paix pour le peuple juif. »
« Seuls l’abandon total et l’anarchie ont pu permettre à un tel désastre de se produire », a ajouté Liat, faisant référence aux mois de discorde civile qui avaient précédé le 7 octobre, causés par le projet largement controversé de refonte du système judiciaire avancé par le gouvernement dès janvier 2023.
« L’abus de confiance imprègne le comportement de Benjamin Netanyahu », a déclaré Liat, faisant référence aux accusations de corruption, de fraude et d’abus de confiance pour lesquelles le Premier ministre est jugé depuis 2020.
« Le 7 octobre, le contrat le plus fondamental entre un citoyen et son État a été rompu, lorsque l’État d’Israël n’a pas protégé les communautés frontalières. Depuis lors, la confiance a été violée à maintes reprises », a-t-elle déclaré.
« Lui qui a échoué contre le Hamas et le [groupe terroriste chiite libanais du] Hezbollah, se tient contre nous, citoyens de l’État d’Israël qui soutenons l’accord pour le retour des otages, et nous qualifie de menace – c’est le poison lui assurant sa survie politique. »
Herzog : sauver nos frères et sœurs
Lors de son discours, Herzog a évité de critiquer directement Netanyahu, mais a cité un Psaume pour appeler Israël à « agir plus vigoureusement, instamment, avec une urgence critique pour sauver nos frères et sœurs qui sont piégés dans la ‘Vallée de l’ombre de la mort’ ».
Alors que Netanyahu continue d’insister sur le fait que se retirer du corridor Philadelphi reviendrait à permettre au Hamas de se réarmer avec des armes introduites illégalement depuis l’Égypte, de hauts responsables de l’establishment de la défense auraient exprimé leur opposition à sa position, affirmant qu’ils seraient en mesure de se retirer pour la durée de l’accord et de reprendre la zone à une date ultérieure si le besoin s’en faisait sentir.
Lors d’une visite dans le centre de la bande de Gaza mardi, le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, a laissé entendre qu’il soutenait l’accord de libération d’otages en cours de négociation avec le groupe terroriste palestinien, conformément à des propos communiqués par Tsahal.
« Nous ne devons renoncer à aucun des objectifs de la guerre. Tsahal continue de vaincre l’aile armée du Hamas et fait tout son possible pour ramener les otages vivants. Chaque otage que nous ramenons vivant aura encore de nombreuses années à vivre, et chaque terroriste sera finalement éliminé », a-t-il déclaré.
On estime que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 33 otages dont le décès a été confirmé par Tsahal.
Le Hamas avait relâché 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre. Quatre captives avaient été remises en liberté précédemment. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 37 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par l’armée.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats tués en 2014.