Des réservistes réfractaires à la réforme protestent devant le domicile de Karhi
Des membres du Likud ont critiqué le ministre des Communications pour ses remarques ; un député de Yesh Atid estime qu'il devrait être licencié

Un groupe de réservistes de l’armée qui s’opposent aux changements drastiques prévus par le gouvernement dans le système judiciaire a manifesté mardi au domicile du ministre de la Communication Shlomo Karhi pour protester contre les remarques qu’il avait formulées la veille au sujet des réservistes qui menacent de ne pas se présenter à leur service militaire.
Dans un message publié lundi soir sur les réseaux sociaux, Karhi a déclaré que ceux qui refusent de se présenter au service de réserve de Tsahal pour protester contre le plan judiciaire « iront en enfer ».
Les membres du groupe « Frères d’armes » ont posé un ruban d’avertissement rouge et blanc autour de la maison de Karhi dans le Moshav Zimrat situé près de la frontière de Gaza, et ont mis en place un panneau avertissant d’une « munition explosive ».
Lorsque le ministre est sorti pour parler aux manifestants, l’un d’entre eux a dit à Karhi que « les dégâts que vous faites sont des dégâts qui ne peuvent pas être réparés par la suite, des dégâts qui laissent des cicatrices », a rapporté la Douzième chaîne.
Karhi a expliqué aux manifestants que ses remarques ne s’adressaient pas aux réservistes qui s’opposent au changement judiciaire, mais plutôt à ceux qui menacent de ne pas se présenter au travail.
« Vous êtes mes frères d’armes », a déclaré Karhi au groupe.

Un autre groupe de réservistes opposés au plan judiciaire, composé de membres des forces spéciales, a déclaré dans un communiqué : « Nous sommes allés aux quatre coins du monde pour le bien du pays – l’enfer est une destination de trop. Nous n’irons nulle part. Nous nous battrons pour la démocratie – c’est notre service de réserve », a rapporté la Douzième chaîne.
D’autres ministres du Likud ont également condamné les remarques de Karhi, notamment le ministre des Sciences et de la Technologie, Ofir Akunis, et le ministre de la Culture, Miki Zohar.
Akunis a déclaré à la radio militaire que les remarques de Karhi étaient « une déclaration inutile qui ne fait pas baisser les flammes [du conflit civil], peut-être même le contraire ». Zohar a tweeté que nous « sommes tous frères », que ceux qui ne sont pas d’accord avec la réforme « ne sont pas nos ennemis » et que nous devons « éteindre les flammes ».
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a également semblé réprimander Karhi, tweetant que « nous ne devrions pas être entraînés par quelque partie que ce soit dans un discours désobligeant à l’égard de chers combattants qui consacrent leur vie au peuple et au pays ».
L’ancien ministre des Communications Yoaz Hendel, membre du parti d’opposition Tikva Hadasha, a tweeté qu’il était « embarrassé par [son] successeur ».
Vladimir Beliak, député de Yesh Atid, a déclaré que Karhi devrait être limogé, tandis que Gilad Kariv, député travailliste, a tweeté : « Merci pour la suggestion, mais nous n’avons vraiment pas l’intention d’aller en enfer. Nous n’allons pas non plus être votre bouc émissaire ».
Le député Mickey Levy, également de Yesh Atid, a suggéré que Karhi était ivre à cause des célébrations de la fête de Pourim lorsqu’il a posté ces remarques et a tweeté « si vous buvez, ne tweetez pas ».
Le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a déclaré que le silence du Premier ministre Benjamin Netanyahu sur les remarques de Karhi et d’autres commentaires similaires qualifiant les manifestants anti-gouvernementaux de « terroristes » n’est « rien de moins qu’une attaque à grande échelle. Il s’agit d’une atteinte grave à la sécurité d’Israël, à la résilience nationale et au pouvoir de dissuasion de l’armée israélienne.
Liberman a écrit que Netanyahu menait Israël à la « destruction » et a appelé le Premier ministre à démissionner.

Karhi s’est rendu sur Twitter lundi soir, alors que les célébrations de Pourim commencaient dans tout Israël, pour fustiger le nombre croissant d’éminents réservistes de Tsahal qui ont menacé de ne pas se mobiliser si la coalition dirigée par Netanyahu allait de l’avant avec une législation qui restreindrait radicalement le pouvoir de la Haute Cour de justice et affirmerait le contrôle politique sur les nominations de magistrats.
« Le peuple d’Israël se débrouillera sans vous et vous pouvez aller en enfer », a écrit Karhi aux réservistes qui ont exprimé leur opposition farouche aux projets de la coalition au cours d’intenses manifestations publiques qui ont rassemblé des centaines de milliers de personnes.

Plus tôt dans la journée de lundi, Netanyahu a déclaré que le phénomène grandissant des soldats de réserve menaçant de refuser de se présenter au travail à cause du remaniement judiciaire de son gouvernement constituait une menace pour le pays, intensifiant ainsi fortement la rhétorique du gouvernement à l’encontre des réservistes.
« Le refus de servir menace les fondements de notre existence et ne doit donc pas avoir sa place dans nos rangs », a déclaré Netanyahu lors d’une conférence de presse donnée depuis une base de la police des frontières dans l’implantation de Beit Horon, en Cisjordanie, aux côtés du ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, et du président de la Knesset, Amir Ohana, également membre du Likud.
Les remarques de Karhi étaient parmi les plus acerbes à l’encontre des réservistes, qui sont devenus plus virulents ces derniers jours, alors que la coalition fait avancer sa législation judiciaire.