Des synagogues canadiennes soutiennent des réfugiés syriens
A Peterborough dans l’Ontario, une congrégation juive aide une mosquée locale frappée par un incendie criminel
Le Temple Salomon de Vancouver en Colombie Britannique et la synagogue Beth Israël de Peterborough dans l’Ontario ne pourraient pas être plus différents.
L’une représente la plus grand congrégation juive dans l’une des plus grandes villes du Canada, alors que l’autre n’a que 35 familles, n’emploie aucun religieux spécifique et attire au maximum 100 fidèles pour les services de Fêtes Saintes.
Et pourtant, ces deux synagogues distinctes aux deux bouts opposés du pays sont représentatives des efforts mis en place par des congrégations juives à travers le Canada pour aider des Arabes affectés par la guerre bien loin au Moyen-Orient et des musulmans visés par des crimes de haine à proximité.
Contrairement aux Etats-Unis, qui ont drastiquement restreint l’entrée de réfugiés de la guerre civile syrienne (seulement 1 854 ont été acceptés depuis 2012), le Canada a déjà relogé 23 000 réfugiés irakiens et a annoncé un plan pour accepter 25 000 réfugiés syriens pour la fin de l’année, après en avoir déjà accueillis plusieurs milliers.
Les congréations juives et les organisations communautaires, seules ou avec d’autres groupes canadiens, soutiennent des familles de réfugiés syriens.
Dan Moskovitz, le rabbin en chef du Temple Salomon, est à l’avant-garde de cet effort, à la fois dans sa propre congrégation et en tant que président d’une association nationale de rabbins réformés.
Début septembre, Moskovitz a proposé au conseil du Temple l’idée d’une aide, qui a été acceptée à l’unanimité. Peu après les Fêtes Saintes, le rabbin a fait un sermon plein d’enthousiasme faisant référence à tout, de l’histoire de l’Holocauste en passant par la liturgie de Rosh Hashana jusqu’à Abraham Lincoln. Un seul email envoyé aux fidèles a permis de réunir, en seulement quelques jours, les 40 000 dollars nécessaires pour soutenir une famille de réfugiés.
Alors que le soutien pour une aide était très positif parmi les 720 foyers du Temple Salomon, Moskovitz a déclaré au Times of Israel qu’environ 5 % de la concrégation a exprimé sa préoccupation ou son opposition au projet.
« J’ai rencontré tous ces membres soit individuellement soit en groupes. Il s’agissait principalement de personnes de l’ancienne Union Soviétique qui étaient préoccupées à l’idée de faire venir des réfugiés qui détestent les Juifs ou pourraient agir violemment contre des Juifs », a déclaré Moskovitz.
Le rabbin a expliqué qu’à la suite de conversations, soit ces personnes étaient tombées d’accord avec le plan d’aide, soit elles avaient décidé de ne pas intervenir pour le bloquer.
D’autres congrégations juives à Vancouver se demandaient aussi ce qu’elles pouvaient faire pour aider à calmer la crise des réfugiés syriens.
Moskovitz a perçu cela comme une opportunité unique pour les congrégations réformés, conservatrices, orthodoxes et du renouveau de la ville de travailler ensemble.
Le sujet a été discuté parmi les membres de l’Association rabbinique de Vancouver, et en conséquence d’autres synagogues ont rejoint le Temple Salomon pour soutenir des familles de réfugiés.
Afin d’accélérer le processus, les congrégations sont en partenariat avec des Fédérations Juives de Grand Vancouver et le Diocèse anglican de Colombie Britannique, qui a été pré-approuvé par les autorités canadiennes en tant que Titulaire d’un Accord d’Aide (TAA).
Selon Moskovitz, presque toutes les 20 congrégations réformées de taille moyenne ou grande au Canada soutiennent une famille de réfugiés syriens ou plus.
Le groupe travaille pour former un partenariat avec des congrégations réformées aux Etats-Unis qui ne peuvent pas mener des initiatives similaires du fait de la politique américaine actuelle. Moskovitz attend que l’implication de congrégations américains sera de préparer et d’envoyer des vivres nécessaires et d’autres paquets d’aide pour les familles relogées au Canada.
Même si elle est petite et pas officiellement affiliée au mouvement réformé, la synagogue Beth Israël à Peterborough lève des fonds pour soutenir une famille de réfugiés. La congrégation travaille avec d’autres groupes interreligieux Juifs, Chrétiens et Musulmans appelés le Festival Abraham sur le projet.
« Notre synagogue agit comme un agent fiscal et émet des reçus de taxes aux donateurs », a déclaré Larry Gillamn le président de Beth Israël.
« Nous avons tous identifié une famille que nous voulons aider à travers le gouvernement canadien, et nous travaillons ensemble pour les faire venir ici ».
En même temps que la congrégation de Gillman gardait un œil sur ce qui se passe loin en Syrie, elle a aussi contacté ses voisins locaux Musulmans pour les aider. Beth Israël a offert son bâtiment comme espace de prière et de rencontre temporaire pour les 1000 fidèles de la mosque Masjid al-Salaam de Peterborough, qui a été la cible d’un incendie criminel le 14 novembre, le jour après les attaques terroristes coordonnées à Paris menées par des militants de l’Etat islamique. Le chef de la police de peterborough Murray Rodd a qualifié l’incendie criminel de un crime de haine.
« Dans mon esprit, il est clair qu’il s’agit d’un crime de haine, il ne fait aucun doute là-dessus », a déclaré Gillman au Times of Israël.
Des membres de la mosquée tiendront une prière dans l’église de Petersborough aujourd’hui et commenceront à utiliser l’espace de la synagogue la semaine prochaine. La congrégation juive est prête à accueillir les fidèles musulmans aussi longtemps qu’il faudra pour que leur mosquée endommagée par les flammes soit réparée. Les dommages ont été estimés à 80 000 dollars.
Dans le même temps, une communauté de financement populaire a levé 30 000 dollars de plus que le montant nécessaire pour les réparations.
Gillman a déclaré que les Juifs de Peterborough ont toujours été préoccupés par la sécurité, mais qu’ils continuent à voir les Canadiens comme un peuple aimant la paix et avoir la foi que leur communauté se compose de bonnes personnes gentilles.
« L’attaque contre la mosquée n’était pas une surprise totale. On ne peut pas être surpris par quelque chose comme cela dans le monde où nous vivons. Quelques fous commettent un crime de haine à Peterborough, et il aurait pu être dirigé contre notre synagogue. Voilà pourquoi nous devons nous tenir ensemble avec des gens de toutes les confessions dans notre communauté », a déclaré Gillman.
Selon Moskovitz, la communauté juive de Vancouver est aussi en alerte et a des systèmes de sécurité en place.
« Nous nous sentons très sûrs ici au Canada, mais nous sommes aussi vigilants », a-t-il déclaré.
En se concentrant sur les côtés positifs, les membres de Temple Salomon se préparent à aider la famille qu’ils soutiennent à s’installer à leur arrivée.
« Ce ne sera pas un petit projet. Nous serons responsables non seulement de trouver assez d’argent pour montrer au gouvernement canadien que nous pouvons soutenir une famille pendant un an, nous serons aussi responsables de tout, de la rencontre à l’aéroport, de leur trouver un endroit où vivre, de leur aider à apprendre l’anglais, à trouver un travail et des écoles », a averti Moskovitz à ses fidèles dans son sermon des Fête Saintes.
Pas découragés, les fidèles avec des compétences et des liens dans l’éducation, le travail social, la médecine et l’immobilier ont volontairement proposé d’aider.
Le rabbin attend de développer une relation qui n’existe pas encore entre les synagogues de Vancouver, les mosquées locales et les organisations musulmanes avec l’aide juive aux réfugiés.
C’est peut-être un élément supplémentaire positif du processus d’aide, mais Moskovitz a déclaré qu’au final, la religion ne constitue pas un facteur dans l’effort d’aider les réfugiés syriens.
« Nous ne regardons pas la religion de ces familles. Nous les regardons comme des êtres humains », a-t-il déclaré.
Il y a un grand sentiment de fierté parmi les membres du Temple de Salomon sur cette aider, et il y a un sens encore plus grand de clarté depuis la semaine dernière que c’est la chose juste à faire.
« C’est une réponse juive après ce qui s’est passé à Paris. Nous devons voir le monde avec des lunettes d’empathie. Nous ne devrions pas rendre la crise de réfugiés responsable du terrorisme, alors que nous devrions critiquer le terrorisme pour la crise de réfugiés », a déclaré Moskovitz.
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