Des témoignages bouleversants de survivants de Nova et de leurs proches
Lors d'une séance à la Knesset, des victimes et ceux qui soutiennent leurs proches depuis le massacre du 7 octobre déplorent le manque d'aide de l'État en matière de santé mentale et d'aide financière

La mère d’un homme de 30 ans qui a survécu au massacre du groupe terroriste Hamas lors du festival de musique Supernova le 7 octobre a fait un témoignage bouleversant sur l’état de santé de son fils lors d’une séance spéciale d’une commission à la Knesset.
« Mon fils n’est pas opérationnel, il ne quitte pas la maison. Mon fils a fui le pays deux semaines après son épreuve à Nova », a déclaré Roni Katz en pleurant, lors d’une séance émouvante devant la commission de contrôle de l’État de la Knesset, à laquelle participaient des survivants du massacre de Nova et des membres de leur famille.
Katz a déclaré à la commission qu’elle avait reçu un appel de l’ambassade d’Israël à Bangkok, qui lui annonçait que son fils était « en train de faire une crise psychotique ».
« Je suis allée en Thaïlande pour le sauver moi-même, parce que je n’ai pas pu aller à Nova pour le sauver », a-t-elle déclaré. « Il m’a fallu 12 jours pour qu’il prenne un vol El Al pour rentrer chez lui. Quand nous sommes arrivés à la maison, il est resté assis sur le balcon jour et nuit, avec un couteau. ‘Maman, pour qu’ils ne te tuent pas, pour qu’ils ne te tuent pas' ».
« Il a 30 ans. Je le nourris à la cuillère… Je suis seule, juste lui et moi. Je ne peux pas le laisser seul car j’ai peur qu’il lui arrive quelque chose », a-t-elle ajouté. « J’ai une peur bleue, je ne dors pas la nuit, j’ai mis un babyphone sous son matelas. J’ai peur de quitter la maison. »
Le massacre à la rave près du kibboutz Reïm a eu lieu alors que des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont déferlé sur le sud d’Israël le 7 octobre, massacré 1 200 personnes et enlevé 251 otages, tout en commettant d’horribles actes de brutalité, notamment des viols, des tortures et des mutilations. Le massacre sur le lieu du festival a fait 360 morts et plus de 40 personnes ont été prises en otage.

Katz a déploré le fait qu’elle doive payer la facture d’un traitement contre l’anxiété pour sa fille, qui s’est occupée de son fils pendant cette épreuve, car la famille proche des survivants n’est pas reconnue comme victime par l’Institut national d’assurance (bituah leumi).
Les survivants de Nova qui ont confié leur histoire au cours de l’audience à la Knesset ont également mis en avant les difficultés d’accès aux ressources nécessaires pour se rétablir, plus de neuf mois après l’attentat terroriste le plus meurtrier de l’histoire d’Israël.
Ron Segev a déclaré à la commission avoir été informé qu’il pouvait bénéficier de 36 séances de traitement psychologique, à l’issue desquelles il obtiendrait le statut de handicapé.
« Ce que l’État fait actuellement, c’est nous classer comme invalides, et c’est le contraire de ce que nous voulons réaliser en tant que communauté et en tant que société – classer les gens en invalidité au lieu de les ramener à la vie normale et au travail », a-t-il déclaré.
« Nous ne parlons pas d’un attentat terroriste normal, mais d’un attentat terroriste extrême. Le régime de traitement [de la santé mentale] doit donc lui aussi être extrême », a ajouté Segev, notant que de nombreux survivants ont passé des heures dans des conditions de stress extrême le 7 octobre.

Un autre survivant de Nova, Raz Perry, a déclaré à la commission qu’il avait été hospitalisé pendant six mois après le massacre.
« Ma mère m’a nourri à la cuillère pendant six mois, en me disant : ‘Raz, tu vas vivre' », a-t-il déclaré. Atteint d’un cancer, il a raconté qu’il s’était rendu à la rave en plein air pour danser et se défouler.
« J’étais censé faire de la chimiothérapie. Au lieu de cela, je me suis retrouvé à faire des garrots, à essayer de sauver d’autres personnes – et j’ai échoué », a-t-il confié à la commission. « Personne ne m’a soutenu, à l’exception de ma famille proche. »
Michal Ohana, infirmière vétérinaire, a déclaré à la commission qu’elle avait besoin d’au moins deux séances de thérapie par semaine après avoir été blessée par balle à Nova et s’être cachée des terroristes sous un char d’assaut pendant neuf heures.
« Personne ne devrait être surpris d’apprendre qu’après neuf mois, nous n’allons pas bien », a-t-elle déclaré, ajoutant avoir dû consulter plusieurs psychologues pour recevoir un traitement.

« Je suis infirmière vétérinaire de profession et je ne peux pas reprendre mon travail pour l’instant car je ne supporte pas la vue du sang… nous avons tous vécu un massacre inhumain et ce que nous demandons, c’est de pouvoir reprendre le travail », a-t-elle déclaré.
En réponse, un porte-parole du ministère de la Santé a déclaré à la commission qu’un « centre de résilience national » avait été créé pour traiter les survivants de Nova une semaine après le 7 octobre.
« Nous essayons de localiser les personnes qui ont commencé un traitement et l’ont interrompu en cours de route, afin de les orienter vers un traitement plus poussé », a déclaré à la commission le Dr Bella Ben Gershon, représentante du ministère de la Santé, ajoutant que les services spécialisés des hôpitaux psychiatriques avaient été adaptés aux survivants du massacre du 7 octobre et que les traitements étaient également pris en charge par les caisses de santé.
Une étude récente a montré que 31 % des personnes qui ont été directement exposées à l’attaque du 7 octobre, en particulier celles qui étaient présentes au festival de musique près du kibboutz Reïm et dans les communautés autour de la bande de Gaza et des villes environnantes, développeront un syndrome de stress post-traumatique (TSPT).
« Même avant la guerre, le pays ne disposait pas d’un nombre suffisant de psychologues et de spécialistes de la santé mentale, y compris ceux formés pour traiter les traumatismes et le syndrome de stress post-traumatique », a déclaré l’auteur principal, Dana Katsoty, en mars dernier.
« Tout le monde ne pourra pas bénéficier d’une thérapie individuelle. Nous devons également envisager des interventions à grande échelle, notamment des thérapies de groupe, des programmes communautaires et d’autres interventions systémiques de grande envergure permettant d’atteindre un plus grand nombre de personnes dans le besoin. Cela est nécessaire non seulement pour le TSPT, mais aussi pour d’autres troubles mentaux tels que l’anxiété et la dépression qui résultent des traumatismes et de la guerre », a-t-elle déclaré.