Druzes syriens en Israël : une femme légèrement blessée par des tirs de célébration
L'incident a été condamné par les dirigeants druzes : "Celui qui tire n'est pas l'un des nôtres" ; selon des locaux, la police est restée passive et n'a pas réagi
Une femme a été légèrement blessée par des coups de feu tirés en l’air vendredi soir alors que des dizaines de religieux druzes syriens visitaient un sanctuaire vénéré dans le nord d’Israël, a rapporté la chaîne publique Kann.
Alors que la délégation se rendait en Israël pour le premier pèlerinage de sa communauté sur la tombe de Nabi Shuaib près de Tibériade en Galilée depuis la création d’Israël en 1948, un certain nombre de communautés voisines ont signalé des tirs en l’air.
Des habitants des communautés du nord d’Israël ont déclaré à la chaîne que leurs biens avaient été endommagés par les tirs et ont accusé la police d’être restée passive et de ne pas avoir agi. La police n’a fait aucun commentaire sur l’incident.
« Nous comprenons les émotions des participants, mais il y a aussi de l’inquiétude car, pour la première fois, des dizaines de personnes de Syrie sont amenées ici, et nous ne savons rien d’elles », a déclaré un habitant sous couvert d’anonymat au micro de Kann.
Alors que la délégation s’apprêtait à se rendre samedi dans la ville druze de Pekiin, le chef spirituel de la communauté druze d’Israël, le cheikh Muafak Tarif, a mis en garde contre tout nouveau coup de feu et condamné l’incident de vendredi soir, selon Kann.
La chaîne de télévision a indiqué qu’un avertissement avait été lancé par les dirigeants druzes avant la visite, dans lequel on pouvait lire : « Quiconque ose tirer à Pekiin nous tire en réalité dessus. Quiconque tire n’est pas des nôtres. »
תיעוד מהירי הכבד אמש בקבר נבי שועיב.
כך 'כיבדו' את המבקרים מסוריה.
אישה נפצעה קל ותושבים בישובים הסמוכים נאלצו להסתגר שעות ארוכות בבתיהם.
(אל תשאלו איפה היתה המשטרה) pic.twitter.com/vyRe43Yi0l— Rubi Hammerschlag | רובי המרשלג (@rubih67) March 15, 2025
Vendredi, trois bus transportant les religieux syriens ont traversé la ligne d’armistice à Majdal Shams, sur le plateau du Golan, et se sont dirigés vers le nord d’Israël, escortés par des véhicules militaires.
Les adeptes de cette religion monothéiste ésotérique sont principalement répartis entre la Syrie, le Liban et Israël.
Une source proche de la délégation a déclaré que la visite faisait suite à une invitation de la communauté druze d’Israël, mais qu’elle s’était heurtée à une « forte opposition » de la part d’autres Druzes en Syrie.
Les Druzes représentent environ 3 % de la population syrienne et sont fortement concentrés dans la province méridionale de Soueïda.

En Israël, on compte environ 150 000 Druzes, dont la plupart vivent en Israël, ont la nationalité israélienne et servent dans l’armée.
Cependant, sur les quelque 23 000 Druzes vivant sur le plateau du Golan, la plupart n’ont pas la nationalité israélienne et se considèrent toujours comme des ressortissants syriens.
Israël avait repris à la Syrie une grande partie du plateau stratégique du Golan lors de la Guerre des Six Jours en 1967, puis l’avait annexé en 1981, une décision reconnue par les États-Unis mais pas par la plupart des pays du monde.
Ce pèlerinage intervient alors qu’Israël a exprimé son soutien aux Druzes de Syrie et sa méfiance envers les nouveaux dirigeants islamistes du pays.

Après l’éviction du dictateur syrien de longue date Bashar el-Assad en décembre, Israël a mené des centaines de frappes aériennes sur la Syrie et envoyé des troupes dans la zone tampon démilitarisée du Golan, dans le sud-ouest de la Syrie.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que le sud de la Syrie devait être complètement démilitarisé, avertissant que son gouvernement n’accepterait pas la présence des forces du nouveau gouvernement dirigé par les islamistes près de son territoire.
Lors d’une visite mardi dans des avant-postes militaires situés dans la zone tampon entre Israël et la Syrie, sous contrôle de l’ONU, le ministre de la Défense, Israel Katz, a déclaré qu’Israël resterait dans la région et assurerait la protection des Druzes.
Début mars, à la suite d’affrontements meurtriers entre les forces gouvernementales islamistes et les combattants druzes dans la banlieue de Damas, Katz a déclaré que son pays ne permettrait pas aux nouveaux dirigeants syriens « de nuire aux Druzes ».
Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l’unité de la Syrie.