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En Israël, Tony Blair décrit Corbyn comme un antisémite qui s’ignore

Dans un débat à l’Université Bar Ilan, l’ancien Premier ministre et chef du parti travailliste a dit que l’antisémitisme qui ronge le parti est "honteux"

La Première ministre britannique Theresa May, à droite, l'ancien Premier ministre Tony Blair, au centre droit, le chef du parti Travailliste Jeremy Corbyn, au centre, l'ancien Premier ministre Gordon Brown, tout à gauche, participent à la cérémonie du Dimanche de la mémoire au Cénotaphe à Londres, le dimanche 11 novembre 2018. (AP Photo/Alastair Grant)
La Première ministre britannique Theresa May, à droite, l'ancien Premier ministre Tony Blair, au centre droit, le chef du parti Travailliste Jeremy Corbyn, au centre, l'ancien Premier ministre Gordon Brown, tout à gauche, participent à la cérémonie du Dimanche de la mémoire au Cénotaphe à Londres, le dimanche 11 novembre 2018. (AP Photo/Alastair Grant)

Le chef du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn est un antisémite qui s’ignore, a déclaré lundi Tony Blair lors d’une visite en Israël, s’exprimant sur le scandale « honteux » d’antisémitisme dans lequel le parti d’opposition est embourbé.

Blair, un ancien Premier ministre et pendant longtemps chef du parti travailliste, a dit qu’il ne reconnaissait plus le parti qu’il a dirigé de 1994 jusqu’en 2007.

« Pour être franc, ce problème d’antisémitisme est honteux », a déclaré Blair, qui a été interrogé lors d’un débat organisé à l’Université Bar Ilan, qui se situe en proche banlieue de Tel Aviv.

« Si vous m’aviez dit, non seulement en mai 1997, mais à n’importe quel moment des 10 années suivantes, que le parti que j’ai dirigé pendant 13 ans aurait un problème avec l’antisémitisme, je n’y aurais pas cru, et pourtant, c’est bien le cas aujourd’hui », a déclaré Blair.

Des groupes juifs ont accusé Corbyn, un politicien d’extrême gauche, de ne pas avoir réagi à une forte montée de l’antisémitisme dans les rangs du parti qui était autrefois considéré comme le foyer naturel des Juifs britanniques. Des milliers de cas de propos haineux tenus à l’encontre les Juifs ont été recensés au sein du parti travailliste depuis 2015, quand Corbyn a été élu à la tête du parti.

Jeremy Corbyn, chef du parti d’opposition britannique travailliste, quitte son domicile dans le nord de Londres le 4 avril 2019. (Photo par Tolga AKMEN / AFP)

La commission d’Egalité et des droits de l’Homme du Royaume-Uni (EHRC), un organisme de veille contre le racisme, a annoncé la semaine dernière qu’elle avait lancé une enquête officielle sur les accusations d’antisémitisme au sein du Labour.

« Quand j’ai créé [l’EHRC], je n’aurais jamais pu penser qu’il mènerait une enquête sur le parti travailliste », a déclaré Blair.

Interrogé pour savoir s’il pensait que Corbyn lui-même était antisémite, Blair a dit que oui.

« Certaines des remarques ne seraient pas explicables autrement, j’en ai bien peur, et c’est triste, a déclaré Blair. Pense-t-il être antisémite ? Non, il ne le pense pas du tout ».

Le Board of Deputies of British Jews a accusé Corbyn d’encourager la rhétorique antisémitisme et parfois de l’avoir lui-même pratiquée, même s’il conteste ces affirmations.

Corbyn a promis de sanctionner tout membre du parti qui tiendrait des propos racistes, mais il a défendu un certain nombre de membres du parti qui ont fait des déclarations antisémites, et n’a expulsé quasiment aucun membre malgré plus de 850 plaintes officielles. Le mois dernier, il a avoué dans un enregistrement secret que des preuves de l’antisémitisme au sein de son parti ont peut-être « égarées, ignorées ou inutilisées ».

Corbyn lui-même a été la cible de critiques pour ses actions. L’année dernière, il a exprimé des regrets pour avoir défendu une peinture murale antisémite de 2012 dans le quartier East End de Londres. La fresque, intitulée Liberté de l’humanité, a été peinte sur une propriété privée à proximité de Brick Lane par l’artiste spécialisé dans les graffiti Kalen Ockerman, qui est basé à Los Angeles. Le dessin représentait un groupe d’hommes – qui ressemblaient à des banquiers et des hommes d’affaires juifs – comptant leur argent sur un plateau de Monopoly qui se repose sur les dos des travailleurs nus.

Kalen Ockerman's mural 'The Enemy of Humanity' (photo credit: YouTube screen shot)
La fresque de Kalen Ockerman : « L’Ennemi de l’Humanité » (Crédit : Capture d’écran YouTube)

En avril, on a découvert que Corbyn avait élogieusement préfacé un livre qui affirme que les Juifs contrôlent les systèmes financiers mondiaux et les décrit comme des « hommes d’une race singulière et particulière ».

En outre, le groupe terroriste du Hamas a remercié Corbyn pour sa solidarité dans la reconnaissance du deuil palestinien lors de l’anniversaire de la formation de l’Etat d’Israël.

Dans le passé, le chef du parti travailliste a été critiqué pour avoir qualifié les groupes terroristes du Hamas et du Hezbollah « d’amis » alors qu’il avait invité des membres pour une réunion parlementaire en 2009. Il a ensuite minimisé le commentaire et a dit regretter l’usage du mot.

L’année dernière, il est apparu qu’en 2014 Corbyn était présent à une cérémonie qui rendait hommage aux terroristes derrière le massacre olympique de Munich en 1972. Il a ensuite déclaré : « j’étais présent quand [une gerbe] a été déposée, mais je ne pense pas que j’ai réellement participé à la cérémonie ».

Jeremy Corbyn (deuxième à partir de la gauche) tenant une couronne lors d’une visite aux martyrs de Palestine, en Tunisie, en octobre 2014. (Crédit : page Facebook de l’ambassade palestinienne en Tunisie)

Blair a dit que le parti ne parviendrait pas à survivre s’il ne traitait pas convenablement le problème de l’antisémitisme dans ses rangs.

« Pour le parti travailliste britannique, c’est un énorme défi. Il doit se mettre à la hauteur de ce défi et vaincre cet antisémitisme, s’il ne le fait pas, cela mettra en péril le parti Travailliste », a-t-il déclaré.

Blair a refusé de dire s’il voterait pour le parti travailliste aux prochaines élections sous la direction de Corbyn.

Mais il a ajouté que le problème de l’antisémitisme n’était pas propre au parti travailliste.

« La question est de savoir quoi faire sur ce sujet maintenant », a poursuivi Blair, soulignant qu’il était urgent de prendre des mesures pour lutter contre l’antisémitisme, non seulement au Royaume-Uni, mais aussi en Europe et aux Etats-Unis.

« Il faut lutter contre l’antisémitisme dès qu’on le voit, a-t-il dit, en soulignant que la résurgence actuelle vient aussi bien de la gauche que de la droite.

Blair a également dit que s’il était légitime de critiquer Israël, il y avait tellement d’exemples où la critique était « tellement biaisée et disproportionnée que la seule conclusion possible était que cela provenait de l’antisémitisme ».

Blair a également servi comme envoyé spécial du Quartet pour le Moyen-Orient entre 2007 et 2015.

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