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Analyse

En plaçant « Israël avant tout », Gantz renonce à toute garantie

Le chef de Kakhol lavan n'a plus d'alliance centriste où retourner en cas d'échec des pourparlers avec Netanyahu et la majorité de ses soutiens, à la Knesset, l'ont abandonné

Jacob Magid

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le chef de Kakhol lavan Benny Gantz lors d'une déclaration à la presse, le 1er janvier 2020 (Crédit :  Flash90)
Le chef de Kakhol lavan Benny Gantz lors d'une déclaration à la presse, le 1er janvier 2020 (Crédit : Flash90)

Lors d’un accrochage qui avait été largement rapporté dans les médias et qui était survenu au sein d’une faction de Kakhol lavan, avant le scrutin du mois de septembre – le deuxième cycle électoral de l’année 2019 en Israël – les députés de l’alliance centriste avaient vivement recommandé au président du parti, Benny Gantz, de durcir d’un cran sa rhétorique contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l’occasion du dernier mois de la campagne.

Considérant qu’il en avait suffisamment entendu, Gantz avait frappé du poing sur la table et rejeté ces appels.

« Pour moi », avait-il dit, « le sens politique est une religion. Ceux à qui cela ne plaît pas peuvent partir tout de suite. Cela ne va pas changer maintenant et cela ne changera pas non plus à l’avenir », avait-il clamé d’un ton brutal.

Ce terme de « sens politique » intervient régulièrement dans le discours politique israélien. Il est utilisé par certains législateurs pour mettre en exergue l’importance du respect des institutions de l’Etat, tandis que d’autres l’emploient pour décrire la nécessité de faire passer l’intérêt général au-delà des intérêts politiques.

Ou, comme Kakhol lavan a pu le dire, « Israël avant tout le reste ».

Le parti a utilisé ce slogan à chaque occasion au cours des trois dernières campagnes électorales mais la phrase était apparue avant que Gantz n’accepte de s’associer à Yair Lapid de Yesh Atid, à Moshe Yaalon de Telem et à l’ancien chef d’Etat-major de l’armée israélienne Gabi Ashkenazi pour former l’alliance centriste, au mois de février 2019.

Gantz était monté à la tribune pour son tout premier discours en tant qu’homme politique seulement un mois auparavant, avec une chanson écrite pour l’occasion, dont les paroles étaient « La droite et la gauche n’existent plus, simplement Israël avant tout le reste ».

De gauche à droite : Les dirigeants du parti Kakhol lavan Moshe Yaalon, Benny Gantz, Yair Lapid et Gabi Ashkenazi posent pour une photo après avoir annoncé leur nouvelle alliance électorale à Tel Aviv, le 21 février 2019. (Jack Guez/AFP)

Ce court jingle avait résonné pendant des heures cette nuit-là alors que des centaines de partisans et de journalistes attendaient Gantz au parc des expositions de Tel Aviv – et il devait se répéter jusqu’au départ de la dernière personne du centre des conventions.

Et c’est cette même phrase que Gantz a tweetée, jeudi soir, avant son élection au poste de la Knesset dans une initiative visant à ouvrir la voie à un gouvernement dirigé par Netanyahu : « Israël avant tout le reste », a-t-il écrit.

Alors qu’il est trop tôt pour savoir si cette initiative entraînera ce qu’il y aura de mieux pour le pays, ce qui apparaît déjà clairement est que Gantz a accepté un statut politique qui sera dorénavant en retrait.

En tenant compte de l’ultimatum lancé par le Likud – qui avait fait savoir que l’élection au poste de président de la Knesset de Meir Cohen, député de Kakhol lavan, signerait la fin des négociations portant sur un gouvernement d’unité – Gantz a révélé toutes ses cartes à Netanyahu sans aucune assurance en retour.

L’appui qui lui était apporté par les 61 députés pour contrer Netanyahu, s’il avait décidé d’adopter un positionnement ferme, n’est dorénavant plus d’actualité.

Il n’y a plus d’alliance Kakhol lavan vers laquelle retourner, alors que Yesh Atid et Telem ont immédiatement déposé des requêtes pour se dégager de la liste de Gantz lors de son élection en tant que président.

Ce qui ne laisse que 15 députés de Hossen LeYisrael qui lui ont emboîté le pas vers un gouvernement de Netanyahu – soit moins de la moitié des 33 parlementaires qui avaient été élus au début du mois lors d’un scrutin qui, semble-t-il, s’est déroulé il y a déjà des années.

Le président Reuven Rivlin, (au centre), le Premier ministre Benjamin Netanyahu, (à gauche), et le leader de Kakhol lavan, Benny Gantz, lors d’une cérémonie de commémoration de feu le président Shimon Peres au mont Herzl de Jérusalem, le 19 septembre 2019. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Les 18 législateurs restants – les mêmes qui lui avaient donné la majorité qu’il avait utilisée pour être le premier à tenter de former un gouvernement – ne veulent, eux non plus, plus rien avoir à faire avec lui.

Depuis Yisrael Beytenu à droite jusqu’à la Liste arabe unie et le Meretz à gauche, aucun d’entre eux n’a pas pris la défense de Gantz, l’accusant au contraire d’avoir marchandé la promesse de servir au poste de Premier ministre dans dix mois dans le cadre de l’accord naissant avec Netanyahu – dont le procès pour corruption doit débuter au mois de mai.

A LIRE : Etat d’Israël vs. Netanyahu : détails de l’acte d’accusation du Premier ministre

« Je veux féliciter celui qui a été désigné au poste de président de la Knesset, Benny Gantz », a écrit la députée de l’alliance Travailliste-Meretz Merav Michaeli, jeudi, avec dégoût, peu avant que le président de Hossen LeYisrael ne s’exprime.

« Félicitations, vous et votre ami Gabi Ashkenazi deviendrez membres du gouvernement placé sous l’autorité de l’accusé Benjamin Netanyahu. Félicitations, vous avez rejoint la longue, longue liste de ceux qui ont cru Netanyahu et qui se trouvent là où ils se trouvent aujourd’hui », a-t-elle ajouté, faisant la liste des députés de tout le spectre politique qui ont pu désirer, dans le passé, intégrer des gouvernements de Netanyahu avant de voir le Likud leur tourner le dos.

L’ancien numéro 2 de Gantz, Lapid l’a accusé d’avoir volé les votes du parti et de les avoir « offerts en cadeau à Netanyahu ».

Lapid et Michaeli ont fait partie d’un bloc qui, à deux reprises, aura aidé le président de Kakhol lavan à se hisser à portée du poste de Premier ministre. Cette drôle de bande que formaient les soutiens de Ganza étaient parvenus à combler leurs différences idéologiques par leur désir partagé de faire quitter ses fonctions à Netanyahu.

Jusqu’à présent, Gantz avait partagé cet objectif, et il avait espéré qu’il pourrait mettre en oeuvre conjointement sa détermination de « placer Israël avant tout le reste ».

Il semble néanmoins qu’il ait tiré la conclusion que ce serait soit l’un, soit l’autre.

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