Israël en guerre - Jour 368

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Ersilia Soudais, députée LFI, qualifie de « déportation » l’expulsion de Salah Hamouri

Ce sinistre choix de mots par l'élue de Seine-et-Marne a provoqué la colère de certains internautes et opposants, ainsi que de la Licra

Des dizaines de personnes attendent l'avocat franco-palestinien Salah Hamouri, accusé de terrorisme par Israël, à l'aéroport parisien de Roissy, après son expulsion d'Israël, le 18 décembre 2022. (Crédit : Daphné BENOIT / AFP)
Des dizaines de personnes attendent l'avocat franco-palestinien Salah Hamouri, accusé de terrorisme par Israël, à l'aéroport parisien de Roissy, après son expulsion d'Israël, le 18 décembre 2022. (Crédit : Daphné BENOIT / AFP)

Salah Hamouri, terroriste franco-palestinien, a été expulsé dimanche matin d’Israël vers la France. À son arrivée à Roissy, il a été accueilli par ses proches et par des dizaines d’activistes pro-palestiniens ainsi que par des élus de La France Insoumise (LFI), dont les députés Éric Coquerel, Mathilde Panot et Carlos Martens Bilongo.

Alors que le parti français est régulièrement accusé d’antisémitisme, une députée, Ersilia Soudais, elle aussi présente à l’aéroport, élue dans la septième circonscription de Seine-et-Marne, a provoqué une polémique en qualifiant son expulsion de « déportation orchestrée par Israël ».

Ce sinistre choix de mots a provoqué la colère de certains internautes et opposants.

Charles Sitzenstuhl, l’un des porte-parole du groupe Renaissance à l’Assemblée, a ainsi fustigé sur Twitter l’ « obsession maladive, à LFI, du choix de mots ignominieux lorsqu’il s’agit d’Israël ». « Je vous invite à venir visiter l’ancien camp du Struthof, en Alsace, à 40 km de chez moi. Vous verrez ce que c’est, la ‘déportation’. Vous êtes une insulte à la mémoire de la Shoah », a-t-il déploré.

« J’aurais prié pour que les 6 millions de Juifs fussent ‘déportés’ à la manière de votre ‘héros’ », a lui commenté le journaliste Yves Azeroual. « Or, au moment de leur déportation vers les camps de la mort il n’y eut ni comité d’accueil ni liesse populaire mais un assourdissant silence. »

L’avocat Alain Jakubowicz a lui écrit sur Twitter : « C’est bizarre, pour ma famille déportée il n’y avait personne pour l’accueillir à la gare. Ou plutôt si, mais ils n’avaient ni écharpe tricolore ni sourire. ‘Déporté’… Bande de bouffons. »

La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) a elle estimé que « le choix du mot ‘déportation’ est ici aussi conscient que pervers. Comme à son habitude, LFI piétine l’histoire et la mémoire ».

Ersilia Soudais ne s’était encore jamais faite vraiment remarquer par une prise de parole ou de position polémique sur la question, contrairement à certains de ses collègues de LFI, dont Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot ou encore le militant Taha Bouhafs (depuis écarté du parti et du monde politique après des accusations de violences sexuelles), parmi d’autres.

Salah Hamouri, à droite, arrive à l’aéroport français de Roissy après son expulsion d’Israël, le 19 décembre 2022. (Crédit : Daphné BENOIT / AFP)

L’expulsion de Salah Hamouri a été qualifiée de façon similaire par Jean-Claude Samouiller, le président d’Amnesty International France.

« C’est une déportation. Les expulsions forcées et les détentions forcées sans charges, la séparation des familles participent au crime d’apartheid que nous dénonçons. Il y a une volonté d’hégémonie sur Jérusalem-Est. On expulse les gens qui ne font pas allégeance à Israël alors qu’en droit international, une population occupée n’a pas à faire allégeance à une population occupante », a-t-il déclaré au journal Le Monde.

L’expulsion a également été condamnée par l’ONU et par le Quai d’Orsay.

Des dizaines de personnes attendent l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, accusé de terrorisme par Israël, à l’aéroport parisien de Roissy, après son expulsion d’Israël, le 18 décembre 2022. (Crédit : Daphné BENOIT / AFP)

Salah Hamouri était détenu depuis mars en détention administrative dans des prisons israéliennes.

Il avait été emprisonné en Israël entre 2005 et 2011 pour participation à la tentative d’assassinat d’Ovadia Yossef, ancien grand rabbin d’Israël et fondateur du parti ultra-orthodoxe Shas, avant d’être libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de 1 027 prisonniers ayant permis la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit.

Devenu lui-même avocat, il travaillait pour l’ONG Addammeer qui défend les prisonniers palestiniens. Cette ONG a été placée ces derniers mois, comme une poignée d’autres, sur la liste israélienne des organisations terroristes, par le ministre de la Défense, Benny Gantz.

Hamouri est aussi soupçonné d’entretenir des liens avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation classée terroriste par l’État hébreu et l’Union européenne.

Salah Hamouri, avocat franco-palestinien accusé de terrorisme par Israël, à son arrivée à l’aéroport de Roissy, à Paris, le 18 décembre 2022, après son expulsion par Israël. (Crédit : Daphné BENOIT / AFP)

« Le droit international humanitaire interdit l’expulsion de personnes protégées d’un territoire occupé et interdit explicitement de contraindre ces personnes à prêter serment d’allégeance à la puissance occupante », a commenté un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Jeremy Laurence, dans une déclaration envoyée aux médias.

« Expulser une personne protégée d’un territoire occupé est une violation grave de la Quatrième Convention de Genève, constituant un crime de guerre », a-t-il ajouté.

Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU « condamne l’expulsion » par Israël de Hamouri vers la France, « et nous sommes profondément préoccupés par le message terrifiant que cela envoie à ceux qui oeuvrent en faveur des droits humains dans le territoire palestinien occupé », a estimé M. Laurence.

Son expulsion « met en lumière la situation vulnérable des Palestiniens vivant à Jérusalem-Est, la puissance occupante leur ayant accordé un statut de résident révocable en vertu du droit israélien ». C’est également « le signe d’une nouvelle détérioration grave de la situation des défenseurs palestiniens des droits humains », a-t-il jugé.

Le Haut-Commissariat avait appelé Israël à annuler l’ordre d’expulsion.

Salah Hamouri est accueilli à son domicile à Jérusalem après sa libération de la prison israélienne dans le cadre d’un échange de prisonniers avec le Hamas, le 18 décembre 2011. (Crédit : Sliman Khader/FLASH90)

Son expulsion avait été reportée à la suite d’audiences devant la justice militaire, ses avocats remettant en cause son ordre d’expulsion et aussi la révocation de son statut de résident de Jérusalem-Est. Né dans cette partie de la capitale israélienne, il ne dispose pas de la nationalité israélienne mais d’un permis de résidence, que les autorités israéliennes ont révoqué, ce qu’il conteste.

Début décembre, les autorités israéliennes avaient confirmé la révocation de son statut ouvrant ainsi la voie à son expulsion malgré une nouvelle audience prévue le 1er janvier.

« C’est un formidable accomplissement d’avoir pu provoquer, juste avant la fin de mon mandat, son expulsion », a commenté dimanche la ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked.

La ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked lors d’une conférence de presse au ministère des Finances de Jérusalem, le 12 juin 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Nous condamnons aujourd’hui la décision des autorités israéliennes, contraire au droit, d’expulser M. Salah Hamouri vers la France », a indiqué dimanche le ministère français des Affaires étrangères, dans un communiqué.

« Il n’y a pas eu de volonté politique de faire pression avec des moyens sur le gouvernement israélien (…) Ça a été le minimum syndical », a déclaré de son côté sa femme française, Elsa Lefort.

Amnesty international avait conclu, après analyse du téléphone portable de Hamouri, que celui-ci avait été piraté par le logiciel espion Pegasus de la société israélienne NSO.

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