« Etre entrepreneur est une maladie, » pour le directeur général de Zemingo
Zvi Frank, dont la start-up crée des logiciels qui rendent les objets "intelligents", est un ancien pilote de l'armée israélienne
Zvi Frank, ancien pilote et instructeur de pilotage de l’armée de l’air israélienne, explique qu’être entrepreneur est une « maladie » qu’il chérit. Il est aujourd’hui directeur général de Zemingo, une start-up basée à Herzliya et dont les logiciels standards permettent aux fabricants de transformer leurs produits en dispositifs intelligents. Père de cinq enfants, amoureux des chiens, il s’efforce de partir naviguer une fois par an sur son bateau baptisé Genesis avec sa famille et sans équipage.
Frank est marié à Zippi Brand Frank, sa seconde épouse, qui a remporté un Emmy Award pour son documentaire « Google Bay », sorti en 2011, et qui s’intéresse à l’industrie des mères porteuses en Inde. Zvi Frank, qui a été impliqué dans le projet après avoir vendu sa première entreprise en 2007 à AT&T pour 121 millions de dollars, a également gagné un Emmy en tant que producteur exécutif. La petite statuette dorée est fièrement placée sur son bureau en désordre, au siège de son entreprise à Herzliya.
Frank va nager tous les matins dans une piscine de Tel Aviv après avoir emmené ses enfants à l’école et avant de partir travailler. Le temps passé en famille est précieux, dit-il, et il regrette de ne pas en avoir assez passé avec sa première fille – âgée de maintenant 23 ans – lorsqu’il était à la tête de sa première entreprise. Il se rattrape maintenant avec ses quatre autres enfants, qui ont entre 7 et 12 ans (les deux derniers sont jumeaux), nés de son second mariage.
Zemingo emploie environ 100 personnes à Herzliya, une société où les parents sont les bienvenus pour jouer à des jeux de réalité virtuelle en compagnie de leurs enfants afin de survivre à l’été qui a été long et caniculaire. Des chiens déambulent dans le siège d’une pièce à l’autre. Frank espère faire entrer Zemingo en bourse d’ici 2021 – même en tant qu’entreprise à faible capitalisation.
Il a obtenu une licence en économie et gestion commerciale à l’université de Bar-Ilan en Israël.
Comment cela se fait-il que vous ne soyez pas devenu pilote après avoir quitté l’armée de l’air ?
« J’ai été dans les forces aériennes jusqu’à mes trente ans, et j’en avais assez de voler. Je savais que je voulais être indépendant, un entrepreneur ».
Frank a été cofondateur, directeur général et président d’Interwise, Inc., une entreprise de cyberconférence qu’il a établie aux côtés d’une équipe de professionnels de la technologie avec lesquels il a étroitement travaillé dans l’armée de l’air. Ce travail l’a obligé à s’installer pendant 12 ans aux Etats-Unis. Après avoir vendu la compagnie en 2007 à AT&T pour environ 121 millions de dollars, il a ensuite continué à officier au sein de la multinationale américaine, dans le New Jersey, pendant deux ans et demi.
Comment s’est passée votre vie à l’étranger ?
« J’ai vécu dans le New Jersey, à Boston et dans la Silicon Valley », dit-il. « J’ai fait le tour…Maintenant je vis à Tel Aviv, c’est la meilleure option. Palo Alto est…ennuyeux. Boston est froid mais intéressant. Je suis revenu à Tel Aviv il y a dix ans ».
Un imposant poster de son chien de race Ridgeback, Pono, blotti contre sa fille, est accroché au mur, derrière le bureau. C’est lui qui a pris la photo. « Je suis moi aussi sur la photo », dit-il. « Regardez les yeux du chien de plus près. On voit mon reflet dans son oeil alors que je suis en train de prendre le cliché ».
Que faites-vous dans votre travail actuel ?
Frank a rejoint Zemingo il y a cinq ans, après avoir rencontré la fondatrice, Tziki Naftaly, qui a fondé l’entreprise il y a environ huit ans. Zemingo crée des logiciels qui transforment les produits en dispositifs connectés à un moment où de plus en plus de systèmes sont dorénavant reliés à internet : ce n’est pas le plus mauvais secteur dans lequel évoluer. Zemingo s’est spécialisée, à l’origine, dans la création et dans le développement d’applications pour les entreprises – en tant que sous-traitant.
« J’ai rencontré Tziki et j’ai réalisé que je ne connaissais rien aux applications. J’avais quinze ans de moins et je croyais que les applications allaient changer nos vies ».
Mais après que Frank a rejoint la compagnie, il a réalisé qu’il fallait recentrer les activités sur la fabrication d’applications pour l’Internet des objets (IdO).
« Nous offrons encore des services aux autres entreprises mais nous avons dorénavant notre propre produit à offrir », explique-t-il.
Selon Statista, en 2025, le nombre de dispositifs connectés à internet devrait atteindre les 75 milliards, contre 15 milliards en 2015. Le marché global de l’internet des objets devait dépasser, selon les prévisions, la somme d’un milliard de dollars annuels en 2017 et au-delà.
Parlez-nous de votre produit.
Le produit développé par Zemingo est un logiciel de type plate-forme logiciel intégrée SaaS (Software as a service) appelé Copilot, qui peut être intégré par les fabricants – fabricants d’aspirateurs ou de voitures intelligentes, de systèmes de sécurité des habitations, de moniteurs portables d’activité physique, en passant par les compteurs et les frigidaires – dans les matériels qu’ils fabriquent afin de rendre leurs produits intelligents.
« Le marché de l’IdO pour les consommateurs est un marché de 60 milliards de dollars et c’est le segment de l’internet des objets qui grandit le plus rapidement. Le marché industriel de l’IdO est évalué à environ 182 milliards de dollars dans le monde – c’est le premier et le plus important segment de ce secteur. Puis il y a aussi le marché des voitures et des structures connectées – en apportant internet au sein de centrales électriques, par exemple. Le segment de l’IdO en direction des consommateurs est le quatrième et il est encore le moins exploité pour le moment : il représente donc la plus grande opportunité. »
Zemingo fournit une solution pour les fabricants de l’Internet des objets », dit-il. « En tant qu’entrepreneur, on n’a pas nécessairement à créer une vague mais il faut en revanche savoir surfer dessus. Un grand nombre de personnes parlent de l’IdO industriel, mais le marché consommateur est immense et il ne cesse de croître. C’est une grosse vague, un segment de la vague de l’internet des objets, qui est encore plus forte – et nous surfons dessus. »
Quand vous achetez un dispositif connecté à internet, les consommateurs sont en mesure d’interagir avec le dispositif, via des applications qu’ils téléchargent sur leur téléphone mobile. C’est une opportunité pour le fabricant de ce produit de continuer son interaction avec le consommateur et d’établir une relation avec lui. Les ventes des produits de consommation se transforment, passant d’une transaction unique dans le temps – les usagers ramènent leurs produits chez eux et n’interagissent plus avec le fabricant à moins qu’ils n’aient besoin d’utiliser la garantie – à un modèle qui dure toute une vie, où les fabricants peuvent continuer à interagir avec leurs clients. Ce qui génère une valeur ajoutée pour les deux parties ».
« Lorsque les consommateurs interagissent avec l’application, les fournisseurs peuvent voir, par exemple, combien de capsules de café ils utilisent chaque mois et ils pourront leur rappeler automatiquement quand s’approvisionner à nouveau ».
Parmi les clients de Zemingo, il y a par exemple FLIR Systems, fabricant américain de caméras de sécurité pour les habitations individuelles et Fitch, qui a développé un drone complètement autonome pour aider les pêcheurs à jeter leurs appâts plus loin et en eaux plus profondes.
La firme a déployé sa plateforme logiciel au début de l’année et a, depuis, dix clients qui l’utilisent. Frank espère qu’ils seront plus de 100 en 2019.
Comment voyez-vous l’entreprise dans cinq ans ?
« Il y a une opportunité immense et nous pouvons bâtir une entreprise, ici, qui vaudra un milliard de dollars. Nous voulons prendre la tête de cet espace de marché de l’IdO consommateur. D’ici 2021, j’espère que nous serons entrés en bourse mais je ne sais pas sur quel marché. Cela sera la première fois que nous lèverons des fonds et nous cherchons à lever 10 à 20 millions de dollars sur un marché boursier, peut-être au Canada ou sur le marché AIM de Londres (pour les faibles capitalisations) ou encore via des financements privés. »
Qu’est-ce qui vous rend heureux ?
« Etre un entrepreneur. Je ne peux pas y résister. Quand je vois une opportunité, j’ai le sentiment que je dois faire quelque chose ! Il y a un changement de paradigme qui a lieu. Etre entrepreneur est une maladie – quand on voit une opportunité se présenter, c’est dur d’y résister. »
« J’adore la poussée d’adrénaline, la compétitivité, la créativité. Nous créons quelque chose qui n’est pas encore disponible, nous entrons en concurrence pour gagner. Je travaille avec des gens hyper intelligents et motivés. L’entrepreneuriat est un appel, et c’est beau. »
Qu’est-ce qui vous met en colère ?
« Je ne suis pas souvent en colère. La vie est trop courte pour ça. On court trop vite, parfois. Je travaille de longues heures, et je navigue moins. Cet été, on n’est pas allés naviguer pour la première fois depuis de nombreuses années. Notre emploi du temps chargé, à mon épouse et moi, rend très difficile le fait de faire des choses en famille. »
Quels défis avez-vous à relever ?
« On doit se développer rapidement. Il faut d’abord frapper aux portes et faire connaître votre produit pour qu’il devienne un choix évident, l’option incontestable pour les usagers. »
A quoi ressemble votre journée ?
« Je me réveille et j’emmène mes enfants à l’école. Je nage tous les matins à la piscine Gordon à Tel Aviv. Je voyage souvent aux Etats-Unis. Mais quand je suis à Herzliya, je m’assure que tout le monde est d’accord avec notre vision. Je travaille de longues heures, mais une fois ou deux par semaine, je rentre chez moi tôt dans l’après-midi pour être avec mes enfants. Quand je dirigeais ma toute première entreprise, je voyais très peu ma fille aînée. Je passe beaucoup plus de temps avec mes enfants plus jeunes. On forme une bande heureuse ».
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