Eurovision : Le concurrent néerlandais refuse d’être placé à côté d’Eden Golan
Des ministres français et allemand ont jugé "inacceptables" les protestations contre la participation d'Israël à l'Eurovision
À l’issue de la demi-finale du concours de chanson de l’Eurovision jeudi soir à Malmö, en Suède, Joost Klein, le représentant des Pays-Bas, a marqué son désaccord d’être placé à côté de la représentante israélienne Eden Golan, recouvrant notamment son visage du drapeau néerlandais à plusieurs reprises.
Vendredi, il n’a pas répété sa chanson « Europapa » lors de la générale à la veille de la finale, l’organisation évoquant un « incident ». Cet « incident » serait une confrontation entre Joost Klein et un photographe.
Joost Klein in Europapa:
"I don't care who you are, I don't care where you're from"Also Joost Klein:
"Why not" after the Polish journalist blamed Eden Golan for all the threats she gets by radical Islamists, all the while he covers his head with the Dutch flag.So… pic.twitter.com/aCbOvDiB82
— Ella Travels (Ella Kenan) (@EllaTravelsLove) May 10, 2024
Dans le même temps, le parti d’extrême gauche Sumar, représenté au gouvernement espagnol, a lancé vendredi une pétition pour demander l’exclusion d’Israël de l’Eurovision alors que le pays est déjà qualifié pour la finale de samedi.
Intitulée « Exclusion d’Israël du festival de l’Eurovision », la pétition, signée vendredi après-midi par un peu moins de 7 000 personnes, réclame « qu’Israël ne participe pas à la finale ce samedi ».
Sumar, dirigé par Yolanda Diaz, numéro trois du gouvernement espagnol, estime que l’Union européenne de radio-télévision (UER), qui chapeaute le concours, a perdu « une grande partie du public habituel » du concours en acceptant « la participation d’Israël, au moment où ses troupes exterminent le peuple palestinien et détruisent toute la région ».
La formation de gauche radicale a également regretté que le chanteur suédois Eric Saade, dont le père est d’origine palestinienne, ait été critiqué par l’UER pour avoir porté un keffieh autour du bras lors de sa prestation en demi-finale mardi.
« Sumar vient gonfler les rangs des protestations qui ont eu lieu dans toute l’Europe pour mettre fin à cette honte internationale, depuis les étudiants des universités jusqu’à Eric Saade », conclut le parti dans son appel à signer la pétition.
Représenté par la chanteuse Eden Golan et sa chanson « Hurricane », Israël fait partie des 26 pays qui s’affronteront samedi pour succéder à la Suède comme lauréate de cette compétition suivie en 2023 par 162 millions de téléspectateurs.
Les organisateurs de l’Eurovision n’avaient pas validé sa première chanson « Pluie d’octobre », largement perçue comme une référence trop politique à l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Le règlement de l’Eurovision prévoit que la compétition reste apolitique : « Tous les radiodiffuseurs participants (…) doivent veiller à ce que le concours de chanson de l’Eurovision ne soit en aucun cas politisé et/ou instrumentalisé et/ou discrédité de quelque manière que ce soit. »
Israël participe depuis 1973 à l’Eurovision, qu’il a remporté pour la quatrième fois en 2018.
Près de 12 000 personnes, dont la militante pour le climat Greta Thunberg, ont manifesté jeudi à Malmö contre la participation d’Israël avant la qualification d’Eden Golan.
La Suède, qui compte une importante communauté palestinienne, a fait venir des policiers de tout le pays, mais aussi du Danemark et de la Norvège pour sécuriser le concours.
Vendredi, le ministre français chargé de l’Europe, Jean-Noël Barrot, a estimé que « la politique n’a pas sa place à l’Eurovision ». Il a jugé « inacceptables » les « pressions sur les artistes », en référence à celles subies par Eden Golan.
« À l’heure où la liberté de création est menacée dans le monde, l’Europe doit continuer à défendre, haut et fort, ce principe essentiel à la démocratie », a-t-il souligné auprès du journal Libération. « Dans le cas particulier de l’Eurovision, ces pressions sont contraires à l’esprit du concours, dont la devise est ‘Unis par la musique’ et qui a vocation à rapprocher les peuples d’Europe, et au-delà, autour de la création artistique, du chant. C’est cela qui doit rester au cœur de la compétition », a-t-il insisté.
M. Barrot a estimé que le « concours joue un rôle important dans le renforcement perpétuel du sentiment d’appartenir à une culture commune. Il permet de rassembler les Européens à travers la musique, au-delà des barrières de la langue (…) et de (leur faire) découvrir ce que la culture européenne a de meilleur (…) C’est un acquis précieux qu’il faut préserver », a-t-il conclu.
Vendredi également, la ministre allemande de la Culture a qualifié « d’inacceptables » les protestations et appels au boycott à l’encontre d’Israël à l’Eurovision. « Les appels au boycott contre la participation d’artistes israéliens » à Malmö « comme partout en Europe et en Allemagne sont totalement inacceptables », a écrit Claudia Roth sur X. Elle a qualifié de « terrifiant » le renforcement annoncé des mesures de sécurité en Suède pour protéger les ressortissants israéliens et les Juifs en général. « L’antisémitisme, la haine et la violence n’ont rien à faire dans un événement musical aussi important », a-t-elle ajouté.